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Changements climatiques : Le Sahel vivra-t-il l’apocalypse ?

Publié le mercredi 24 janvier 2007 à 07h20min

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Ce n’est pas encore l’apocalypse prédite par les écritures saintes. Mais attention, on n’est pas bien loin. Les projections sur notre climat ne présagent rien de bien, si l’on n’y prend garde. La zone sahélienne pourrait faire face à davantage de catastrophes naturelles (sécheresse, inondations, famine, instabilités politiques) si le climat continue de se dégrader.

Les récentes tempêtes (Katrina, Rita, Tsunami), les inondations et les séchéresses confirment les prédictions des scientifiques sur le pourquoi des changements climatiques. Elles annoncent que d’ici à l’an 2100, les températures du globe terrestre pourraient s’accroître de 1,4°c à 5,8°c si la tendance actuelle de hausse moyenne de 0,6°c se poursuivait. Si rien n’est fait, l’avenir de la vie sur terre semble compromis. Il est temps que l’homme adopte de nouveaux comportements face à la nature.

Le danger climatique est de plus en plus réel et pressant. Les scientifiques concluent que le niveau de la mer a augmenté de 10 à 20 centimètres au cours du siècle passé. Une augmentation supplémentaire est prévue de 9 à 88 cm d’ici à l’an 2100. Le rechauffement climatique pourrait engendrer la fonte des glaciers et des calottes glaciaires augmentant le volume des océans. C’est cela qui va pousser la mer à déborder engloutissant au passage des zones fortement peuplées comme le Bangladesh.

Les scientifiques expliquent ces changements climatiques par des causes naturelles. Mais, ils pensent que le siècle et démi d’industrialisation, la coupe des forêts, certaines méthodes agricoles et les émissions de gaz à effet de serre sont les principaux facteurs qui détériorent le climat. Le climat change du fait que des activités humaines de développement rejettent dans l’atmosphère des gaz à effet de serre, empêchant le rayonnement terrestre, souligne le directeur de la météo, Alhassane Diallo.

Ce sur quoi les scientifiques s’accordent est que la température augmente. Pour M. Diallo, la hausse des températures est plus importante au Nord de notre pays (atteignant plus 1,35°c) qu’au Sud du Burkina Faso (0,2°c à Gaoua). Cette variation va provoquer davantage de phénomènes météorologiques comme les inondations, les séchéresses à des intervalles réguliers, a-t-il conclu. De plus, les changements climatiques ont provoqué un glissement des isohyètes 600 et 900 mm de 100 à 150 km vers le Sud.

Les experts estiment qu’un tel flux migratoire, non maîtrisé, posera des problèmes de cohabitations entre des peuples qui n’ont pas les mêmes relations avec les ressources naturelles. « Nous devons refléchir dès maintenant sur ces questions pour y apporter des réponses au plus vite, prévient M. Diallo. D’où les inquiétudes exprimées ça et là par les scientifiques pensant que si rien n’est fait pour barrer la route à la péjoration climatique, la zone sahélienne vivra des crises alimentaires aiguës, des instabilités politiques et sera confrontée à de nouvelles maladies hydriques. Face à la menace climatique, il y a lieu d’agir ... vite ; mais comment ?

Peut-on éviter la catastrophe ?

Les experts pensent que la seule issue possible pour l’homme est de changer de comportement face à la nature. Il faut révolutionner les manières. Il est par exemple plus facile de mettre un enclos autour d’un troupeau de boeufs que d’en faire autant pour protéger les arbres dans la nature. Cela suppose que l’on doit revoir les bases de notre élevage fondées sur la transhumance.

Afin de barrer la route à cette image savamment rendue par un observateur avisé à savoir que le « ministère » de l’environnement reboise et le « ministère » des ressources animales déboise. En somme, on plante des arbres pour que les animaux viennent les brouter. Pour faire face aux changements climatiques, M. Diallo propose de trouver l’eau et de la mobiliser (eau souterraine, pluviale et de ruissellement). Malheureusement, il regrette l’absence d’un fleuve international pouvant faciliter la mobilisation de la ressource eau. La réserve nationale d’eau étant estimée à 41 milliards de M3.

On pourrait aussi développer des techniques pour favoriser une bonne utilisation de cette eau. Pour sa part, le ministre burkinabè de l’Environnement et du Cadre de vie, Laurent Sedogo pense qu’il faut mettre l’accent sur les changements de comportements. Il n’est pas rare de voir à Ouagadougou, des citoyens qui s’adonnent à la récupération des gravats.

Ce qui contribue à boucher les barrages par le fait du sable qu’emportent les eaux de pluies. « Nos écosystèmes se fragilisent, la démographie galope, qu’allons-nous faire ? », s’interroge-t-il. Bien que l’écocitoyenneté fait son petit bonhomme de chemin, la question reste entière. Tôt ou tard, il va falloir apporter une réponse au risque que le Sahel ne disparaisse... à jamais ?

S. Nadoun COULIBALY


Le CILSS face aux changements climatiques

Le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS) réunit ce mercredi 24 janvier des scientifiques et des experts autour d’une conférence sur les implications du changement climatique global sur la vulnérabilité de systèmes naturels, économiques et sociaux en Afrique. Cette conférence intervient à un moment où la température de la surface de la terre a grimpé de 0,3 à 0,6°c environ depuis la fin du 19e siècle ; tandis que la décennie 1990 compte sept des dix années les plus chaudes du siècle dernier.

En fait, l’Afrique de l’Ouest est marquée par une faible productivité des terres arables associée à ces déficits alimentaires répétés, à une amplification des phénomènes migratoires et des dégâts environnementaux ou agro-sylvo-pastoraux. La conférence de Ouagadougou entend donc sensibiliser les décideurs, les planificateurs, à commencer à intégrer ces aspects liés aux changements climatiques. Il s’agit en définitive d’établir les liens entre les politiques de développement et les incertitudes du climat.

Un plan d’actions sous-régional de réduction de vulnérabilité des populations et des systèmes de production et d’adaptation aux changements climatiques sera dégagé à l’issue de la rencontre. De sorte que les Etats agissent ensemble par anticipation à travers de meilleures stratégies de parade aux impacts futurs que ces changements climatiques.

S.N.C.

Sidwaya

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