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Rodolphe Adana, ministre des Affaires étrangères du Congo-Brazzaville : "Les disparus du Beach ? Mais la justice a été dite"

Publié le mardi 23 janvier 2007 à 07h50min

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Rodolphe Adada est le ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères du Congo-Brazzaville. Il était présent à Ouagadougou dans le cadre du 31e sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la CEDEAO, pour représenter le président en exercice de l’Union africaine (UA), le Congolais Denis Sassou N’Guesso.

Il en a profité pour nous accorder un bref entretien dans lequel il évoque la situation politique du Congo et l’affaire des disparus du Beach, (1) que la justice française tente de rouvrir, après le jugement à Brazza en août 2005.

Excellence Rodolphe Adada, en août 2005, quinze accusés ont été jugés dans l’affaire dite des "disparus du Beach". Un procès juridico-politique qui s’est achevé après un mois de jugement par l’acquittement de tous les accusés. Pourtant il y a quelques mois de cela, la justice française semble vouloir rouvrir le dossier. Une affaire qui semble coller à la peau du président Sassou N’Guesso...

• Au Congo nous n’avons plus ce problème. Il y a eu un procès qui a été totalement transparent ; tout s’est déroulé devant la population congolaise et la communauté internationale, puisque le procès était diffusé de façon intégrale et en continu durant tout son déroulement. C’est donc une affaire jugée et terminée.

La justice française est pourtant revenue récemment sur cette affaire ?

• Il ne nous appartient pas de juger la justice française. Je crois qu’elle a d’autres motivations que nous ne connaissons pas. Au Congo, l’affaire des disparus du Beach est terminée.

Il y a à peine deux mois, un congrès du Parti congolais du travail (PCT), le parti au pouvoir, a eu lieu et au cours duquel deux camps se sont affrontés : les rénovateurs conduits par le SG, Ambroise Noumazalaye et les conservateurs dirigés par l’ex-ministre de la Défense, Justin Lekoundzou. Et apparemment les rénovateurs ont remporté une petite victoire. Votre appréciation ?

• D’abord il est normal et sain qu’au sein d’un parti politique dans un régime démocratique, il y ait le débat. C’est une bonne chose. Ce débat a eu lieu, il a été long, ouvert ; et par la suite, avec l’intervention de plusieurs médiateurs et avec les conseils du président Denis Sassou N’Guesso lui-même, ce congrès qualifié d’unitaire a réglé les différentes questions pendantes. Nous sommes sortis de ce congrès avec une direction unitaire, en ordre de bataille, pour les législatives de 2007 et d’autres échéances.

Fin décembre 2005, l’opposant Bernard Kolélas est rentré à Brazzaville pour les obsèques de son épouse. A l’occasion, il s’est réconcilié avec Sassou N’Guesso, a demandé pardon au peuple congolais. Il reste maintenant Pascal Lissouba et surtout le pasteur Ntoumi dont les Ninjas écument toujours la région du Pool. Peut-on alors parler de réconciliation nationale au Congo ?

• Vous savez en démocratie, on ne demande pas que tout le monde soit d’accord. Ce n’est pas le parti unique. Il y a des alliances qui peuvent se tisser. Ce qui est important est qu’un débat s’instaure entre les différents groupes politiques qui se font et défont au gré des intérêts politiques. C’est ainsi que fonctionne le multipartisme démocratique.

Sassou III est il alors un démocrate ?

• Oh ! Je crois que ce n’est pas une affaire de numéro. Le président Denis Sassou N’Guesso a démontré depuis longtemps sa volonté de construire la démocratie, son engagement démocratique. N’oubliez pas que c’est Sassou I, puisque vous parlez par numéro, qui a autorisé une conférence nationale, laquelle a été extrêmement dure et négative pour lui. Une conférence qui s’est déroulée dans la paix et qui a abouti à un changement de régime et à des élections que le président Sassou N’Guesso a perdues. Il s’est retiré dans la paix.

On oublie cela : il a perdu les élections en 1992 et s’est éclipsé. C’est peut-être à l’approche des scrutins de 1997 que ceux qui détenaient le pouvoir à l’époque ont peut-être eu peur et ont lancé les hostilités. Des événements qui ont entraîné le Congo-Brazza dans une guerre atroce.

Après cet épisode difficile, il y a eu un régime de transition et tout le monde a été invité à y prendre part. Vous êtes journaliste et vous avez vu certains opposants de l’époque à Ouaga (NDLR : il s’agit de Pascal Lissouba et certains de ses ministres). Beaucoup sont rentrés pour la plupart, sinon tous. Ce pouvoir transitoire a privilégié le dialogue ; il y a eu de nouvelles élections et de nouvelles institutions démocratiques. Il n’y a pas besoin d’attendre Sassou I, II ou IV pour parler de Sassou démocrate. Il a montré son engagement démocratique depuis longtemps.

Interview réalisée par Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana

L’Observateur
Note :

(1) En mai 1999, 6 convois d’un millier de personnes, principalement des réfugiés de Congo-Brazza qui étaient en RD-Congo, retraversaient le fleuve pour rejoindre Brazzaville. Beaucoup d’entre eux disparaîtront sans laisser de traces.

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Vos commentaires

  • Le 23 janvier 2007 à 13:44, par Je suis M.Destin Backoulas, un jeune etudiant et citoyen congolais en exil aux Etats-Unis. En réponse à : > Rodolphe Adana, ministre des Affaires étrangères du Congo-Brazzaville : "Les disparus du Beach ? Mais la justice a été dite"

    Le discours de M.Rodolphe Adada donne de la nausee de par ses mensonges et ses faussetes.
    D’abord, M.Sassou Nguesso n’a jamais ete un democrate et il ne peut jamais gagner une petite election au Congo-Brazza, meme au niveau de sa region natale.
    Comme tous les psychopathes, Sassou Nguesso ne dirige que par la force et la corruption.
    En dehors de Jacques Chirac et la filiale Elf ( Total-Fina) qui etaient intervenus a travers l’armee angolaise, le soutien de Bongo et la legion des mercenaires tchadiens, rwandais et marocains, Sassou Nguesso n’auraient pas reussi son coup d’etat.

    Ensuite, pour le dossier des "Disparus du Beach de Brazza", tout le monde sait que le proces de cette affaire a ete inspire par Chirac pour justifier l’argument niais de l’autorite de la chose jugee.
    Mais de quoi Sassou Nguesso a-t-il peur ? Comment explique-t-il la mort brutale du juge Nzouala en charge de l’instruction de cette affaire ?
    Enfin, que pensez-vous que Rodolphe, un complice crapuleux de Sassou Nguesso puisse dire sur l’ensemble des questions de l’interview ?
    L’histoire dira son dernier mot. Destin Backoulas

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