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Réactions de Tiémoko Keita et de Malick Sidibé

Publié le jeudi 18 janvier 2007 à 08h09min

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Tiémoko Keïta, est présentement Conseiller municipal au secteur n°10 de Ouagadougou. Il se présente comme secrétaire de François Compaoré et ce depuis 17 ans. Selon Moise Ouédraogo, dans l’interview de l’Evénément, il aurait remis une cassette à François Compaoré. Une cassette contenant leurs propos enregistrés par Moussa Kaboré.

Malick Sidibé lui aussi conseiller municipal au secteur n°10 fut le directeur général de Faso Parc ; d’après Moïse Ouédraogo dans la même interview, ce monsieur lui « payait le loyer au nom de François. Il payait 18 000 F ».
Après lecture-traduction de l’interview par notre confrère Savane FM le mercredi 10 janvier, Tiémoko Kéïta et Malick Sidibé ont réussi une sorte de droit de réponse ou en tout une réplique à la radio dès le vendredi 12 janvier.

C’est sur les ondes de Savane FM, que nous avons écouté et tenté de retranscrire les propos de Kéita Tiémoko et Malick Sidibé. Evidemment, dans l’opération de traduction, un problème de vocabulaire peut se poser.
C’est pourquoi, le texte parait plus ou moins sous un aspect littéral. L’un dans l’autre, l’on s’est efforcé pour garder l’essentiel des propos des deux intervenants. Les deux hommes cités nient ce qu’on leur attribue comme rôle à un moment donné et se gardent même de prononcer le nom de François Compaoré. Mieux, ils parlent de manigances en plaçant entre deux mots des piques sur Moïse.

Entre ces mêmes mots, on ne peut qu’être positivement étonné qu’il ait encore au Faso des gens généreux qui acceptent de prendre en charge, à des coûts relativement élevés, des gens avec lesquels ils n’ont pas de liens de famille ou de liens sentimentaux. Keïta et Sidibé seraient-ils seulement des bons samaritains qui sont en retour payés en monnaie de singe ? Le bon sens le laisserait difficilement croire. Lisez plutôt.

Sidnaaba : Je voudrais que vous parliez de votre rencontre avec Moïse depuis le début jusqu’à maintenant.

Keïta : Je vous remercie. Vous avez dit que c’est la 1re fois qu’on se rencontre. Si ce n’est pas aujourd’hui nous ne nous sommes jamais rencontrés pour discuter de politique. Concernant M. Moïse, un jour j’étais chez moi et j’ai vu arrivé deux jeunes hommes qui ont demandé à me voir. Je les ai reçus. Mais ils m’ont demandé à ce qu’on se retire dans la maison parce que ce qu’ils ont à me dire est confidentiel.

Ils se sont présentés et c’est en ce moment que je les ai connus. Sinon, je ne savais pas que Moïse Ouédraogo et l’autre était des parents à David, que la terre lui soit légère. Ils ont dit qu’ils sont venus me demander de les aider parce qu’ils ont des problèmes. Je leur ai demandé leur préoccupation. C’est Moïse qui a pris la parole. Il m’a dit, concernant l’affaire David Ouédraogo, que leur famille ne partage pas le point de vue de leur frère Arthur ; parce qu’en 1er lieu, quand le problème s’est posé (NDLR : la mort de David), la famille les a chargés d’aller à Pilimpikou pour interroger l’esprit de David.
Je ne sais pas où se trouve Pilimpikou ; l’esprit de David a dit de laisser tomber l’affaire parce que c’est lui qui a pris l’argent et de dire à Arthur de laisser tomber l’affaire avant de les montrer des offrandes à faire.
C’est ce qu’il m’a dit.

Ces paroles m’avaient tellement bouleversé que je n’ai pas pu réagir sur le champ. Il a dit que ce qui leur a fait mal, c’est qu’après le jugement de l’affaire, Arthur leur a dit, que Me Sankara a dit avoir distribué une somme de 5000F à ceux qui sont venus le soutenir lors du procès et c’est ce qui a fait que eux n’ont pas eu leur part de l’argent qui a été versé en compensation des préjudices subis par la famille. Je lui ai demandé comment je pouvais les aider. Il a dit qu’il voudrait de l’argent non seulement pour ouvrir un kiosque pour sa femme mais aussi pour survivre.

Je leur ai dit si c’est la raison qui les a conduits chez moi, je ne peux pas dire que je peux leur donner de l’argent. Je leur ai dis de rédiger une demande pour que je remette à qui de droit. S’il peut les aider, il le fera. On s’est connu ce jour. Sinon, je ne les connaissais pas. Moïse est revenu une semaine après demander la réponse de sa demande. Je lui ai dit de se calmer parce qu’il y a une multitude de demandes et quand son tour viendra, je lui ferai signe. Quand il est parti, Moussa Kaboré m’a appelé pour me dire qu’il voudrait me voir de la part de Moïse parce que je pouvais les aider.

Sidnaaba : Ils sont venus vous voir parce que vous êtes le secrétaire de François Compaoré. Dans son entretien, il parle d’enveloppes qu’on leur donnait. Combien de fois avez-vous remis des enveloppes aux jeunes ?

Keïta : Il faut le leur demander. Depuis qu’ils ont envoyé leur demande, ils n’ont pas encore eu de réponse. Je pense que c’est ce problème qui fait que j’ai mon nom cité. Sinon, je ne leur ai donné aucune enveloppe. Ce que je leur ai donné vient de moi. Il est venu une fois pour me demander quelque chose pour fêter la Noël. Je lui ai donné un sac de riz et une somme d’environ 20 000 F.

Sidnaaba : Ils ont parlé de Moussa Kaboré. Il semble qu’ils ont donné une cassette à Monsieur Kaboré et vous l’avez remise à François pour qu’il l’écoute. Est-ce vrai ou faux ?

Keïta : Je vous ai dit que quand on t’accuse, si tu ne réponds pas vite, on peut te donner tort. Je vous ai dit que quand je les ai vus pour la deuxième fois, c’est Moussa qui m’a appelé pour me dire que les enfants sont venus avec une affaire et elle est inquiétante. Je ne sais pas quel genre d’affaire. Moussa a dit que si je peux aider les enfants, de le faire. C’est ainsi que cela s’est passé. Entre Moussa et moi, c’est vrai qu’il a été mon collaborateur mais on se connaissait depuis dans le quartier.

Sidnaaba : Il a dit dans le journal que vous avez dit de se méfiez de Moussa parce que....

Keïta : Attendez, je vous ai dit que Moussa et moi nous nous connaissons depuis longtemps.
Moussa fait la politique et moi aussi. Vous avez dit tout de suite que je suis conseiller, Malick aussi est conseiller. Il faut savoir que Moussa a été conseiller et c’est nous qui l’avons succédé. Vous devez savoir que quand les jeunes sont allés voir Moussa, ils se disaient qu’en s’approchant de lui, je pouvais régler rapidement leur problème. Eux-mêmes ont dit que Moussa a reconnu qu’il ne s’entend pas avec son patron et s’ils adoptent cette démarche, ils auront de l’aide. Moussa est encore là.

Sidnaaba : Si nous comprenons bien, cette affaire est purement politique ?

Keïta : ça dépasse même la politique. Parce que je veux que vous sachiez que cette affaire, a un fondement politique. Ce sont des intrigues politiques.

Sidnaaba : On va donner la parole à Sidibé pour qu’il puisse dire comment il a connu les deux hommes et quand.

Sidibé : Je vous remercie. Je ne me rappelle pas exactement de la date à laquelle je les ai connus. Je peux dire que cela vaut 10 ans et même plus. En ce moment, ils étaient au secteur 9 de Gounghin. Dans la cour où ils étaient, la cour voisine était mon lieu de causerie tous les matins. Ils venaient dans cette cour et c’est ainsi que nous nous sommes connus. Sinon, il n’y avait rien entre nous auparavant.

J’ai été à la direction de Faso Parc. Des gens que je connais il y a longtemps ou pas du tout venaient me voir pour que je les aide. Je pense que c’est pour cela qu’ils ont pensé que s’ils venaient me voir je pouvais les aider. Ils sont effectivement venus me voir. Ils ont parlé de leur problème. Ce sera long d’évoquer ces problèmes ici. Leur préoccupation majeure, c’était le logement. Je leur ai dit que je verrai ce que je pourrai faire.

Sidnaaba : Ils voulaient que vous les aidiez à se loger ou à trouver une maison ?

Sidibé : Ce n’est pas pour les aider à trouver une maison, je pense qu’ils pouvaient le faire. Ce qu’ils voulaient, c’est que je les aide afin qu’ils puissent payer leur loyer. Ils m’avaient dit en ce moment qu’ils ne s’entendaient pas avec leur famille. Je ne rentrerai pas dans leur histoire. J’ai réussi à trouver une maison. Je peux dire qu’en ce temps j’avais les moyens de le faire.

Sidnaaba : Si je comprends bien c’est vous Sidibé Malick qui avez payé la location pour eux, ce n’est donc pas comme il est écrit dans L’Evènement que c’est François Compaoré qui le faisait ?

Sidibé : Non !

Sidnaaba : Combien vous payez par mois pour la maison ?

Sidibé : Au début c’était 17 000 F. Il fut un moment où le propriétaire a augmenté le loyer de 1000 donc 18 000 F. Après ce problème, Moïse est venu me voir deux ou trois fois à propos de sa femme. Il voulait que je l’embauche parce qu’il avait encore beaucoup des problèmes. Il m’a poursuivi trois ou quatre fois à ce sujet. A chaque fois, je lui disais que nous n’avons plus de place pour embaucher quelqu’un et c’est ce que je pouvais faire que j’ai fait.

Sidnaaba : Pendant combien de mois vous avez payé le loyer ?

Sidibé : Je peux dire que cela a duré quatre ans. Ça doit être vers 1999 que j’ai commencé à l’aider. En 2003, je n’étais plus à la tête de Faso Parc et j’ai fait savoir au propriétaire de la maison que je ne pouvais plus continuer à payer les frais de location. Maintenant ça ne concernait que eux et le propriétaire.

Sidnaaba : Si on vous comprend bien, ce que vous récusez c’est d’avoir pris de l’argent chez François Compaoré pour payer le loyer ?

Sidibé : C’est ce que je récuse. Ce n’est pas ainsi. Je pense qu’ils font des amalgames.

Sidnaaba : Pourquoi selon vous, on a dit que vous prenez l’argent chez François Compaoré pour la location de la maison ?

Sidibé : Je ne peux pas le savoir, ils doivent eux-mêmes savoir que depuis que ce problème est survenu, nous n’avions jamais parlé de la personne qu’il évoque.

Sidnaaba : Vous vous voyez et n’en parlez pas ou vous ne vous voyez pas du tout ?

Sidibé : Avec Moïse ?

Sidnaaba : Compaoré François

Sidibé : Je parle de Moïse.

Sidnaaba : Vous ne vous voyez pas ?

Sidibé : Ce n’est pas comme cela. Quand j’aidais Moïse à payer les frais de location de sa maison, nous n’avons jamais évoqué que cette personne me donne de l’argent pour payer la maison ; je ne sais pas pourquoi c’est devenu ainsi. Peut-être qu’il y a des raisons cachées qui ont conduit à cela.

Sidnaaba : Quand vous avez arrêté de payer les frais de location est-il venu vous voir pour parler d’autres choses ?

Sidibé : Jamais, jamais !

Sidnaaba : Vous vous êtes connus à Gounghin, est-ce qu’en ce moment vous saviez qu’ils sont parentés à David ?

Sidibé : Je savais cela puisqu’ils étaient chez lui.

Sidnaaba : Avant de revenir à vous nous allons nous tourner vers le Conseiller Keïta. Vous avez parlé d’intrigues politiques. Le problème semble prendre une tournure politique et vous le dites. Cherche t-on à nuire à Keïta ou est-ce que c’est quelqu’un qu’on vise et comme on ne peut pas l’atteindre on cherche un bouc-émissaire en votre personne ? Si c’est cela qui est-ce qu’on vise et à défaut, on s’en prend à Keïta ?

Keita : Quand je dis que ce sont des intrigues politiques, je voudrais que vous compreniez quelque chose. L’épine du dattier du désert a laissé le dattier pour se retrouver sous le baobab.

Sidnaaba : Cela veut dire que l’épine ne se trouve pas là où on croit la trouver. Au lieu d’être sous le dattier, elle se retrouve sous le baobab en train de vous piquer.

Kéïta : Voilà ! C’est vrai que dans notre pays il y a
l’opposition, le parti au pouvoir, la mouvance quand je parle de mauvaise politique elle n’est pas loin de nous.

Sidnaaba : Voulez vous dire que ceux qui allument le feux ce sont des personnes qui vous sont proches ?

Keïta : Je voudrais que les gens sachent que si Moïse a pu me dévoiler des propos de sa famille, se plaindre de ce que certains ont fait de l’argent du procès de David en ne lui donnant rien... si il a abandonné sa famille à cause de l’argent, les propos d’une telle personne peuvent-ils encore être crédibles ? Revenons sur le plan politique. Je parle parce que j’ai eu le nom cité. Là où je suis, je ne dois pas parler. Vous savez que compte tenu de mes fonctions et du fait que mes supérieurs ne parlent pas, il n’est pas normal que nous autres, on en dise trop. Mais quand le problème dépasse une certaine limite, nous nous devons de réagir pour que l’opinion sache que quel que soit ce à quoi aboutira cette affaire, on retient que le mensonge a beau courir pendant 100 ans, la vérité le rattrape en un jour. On dit que seuls les plus forts savent pardonner. Si vous voyez qu’on critique certaines personnes et elles se taisent, c’est parce qu’elles savent pardonner. Je suis avec lui depuis 17 ans.

Sidnaaba : Avec ton patron ?

Keïta : Oui ! Et cela est quand même suffisant pour que je le connaisse. Je sais tout ce qui se passe chez lui : ceux qui viennent et ce qu’ils disent. Donc, j’ai raison quand je dis que cette affaire est politisée. Je vais parler et m’en aller mais sachez que ce qui sera dit après va être comme des éclairs parce qu’ils ne vont pas me laisser, mon patron aussi. Vous m’avez demandé si j’ai le pouvoir, je n’ai pas le pouvoir. Ce qu’ils cherchent avec l’homme (ndlr :François Compaoré), s’ils ne l’ont pas eu, ceux qui sont à côté n’échapperont pas. Nous savons que notre force est limitée sur le plan de la politique que nous faisons au quartier.

Mais nous devons notre force à certaines personnes. Ce sont ces dernières qu’on vise. Ce n’est pas pour rien que nos noms ont été cités. Ils ont une politique qui tend à nous déstabiliser parce qu’ils savent que nous avons un poids politique considérable dans le quartier et ils pensent que s’ils n’agissent pas ainsi, nous pourrions nuire à leurs intérêts. Or, ce n’est pas notre objectif. Nous ne voulons pas faire de la politique comme eux. Ils se sont mis à l’esprit que si nous sommes là où nous sommes (il hésite). Sidnaaba, je ne parlerai pas beaucoup.

Sidnaaba : Mais comment vous pensez faire pour que l’épine puisse être enlevée sous le baobab ?

Keïta : Le vent a tout emporté. Au début, les gens ne comprenaient pas grandes choses ; maintenant qu’ils ont compris, ils ne les suivent plus.

Sidnaaba : Nous allons demander un éclaircissement parce que ce n’est pas tous ceux qui ont les noms cités qui sont ici. Il y a un dont sa fonction ne lui permet pas de venir s’exprimer. Cette personne, vous avez vécu une dizaine d’année avec son patron. Mais les dates mentionnées, était-elle là où elle est venue après ?

Keita : Nous sommes des anciens et je pense que je suis le deuxième après David à l’avoir approché pour travailler. C’est quelqu’un et vous pouvez le vérifier, qui a été recruté il n’y a pas longtemps, alors je ne sais pas pourquoi on cite son nom.

Sidnaaba : Si je comprends bien, quand ils parlaient, il n’était pas aux côtés du patron ?

Keita : Non ! Il y a des choses que je ne peux pas dire. Si ce n’est pas à cause de cette affaire, le patron peut se déplacer seul. Maintenant, il lui faut la sécurité. Le nommé Sanou est un collaborateur du chef. Il fait partie de sa sécurité. Je sais que cette personne, les gens ne l’aiment pas parce qu’il ne laisse pas approcher le chef.

Sidnaaba : Il fait son travail !

Keita : Effectivement !

Retranscription de B.J et N.M

Bendré

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Vos commentaires

  • Le 19 janvier 2007 à 07:32 En réponse à : > Réactions de Tiémoko Keita et de Malick Sidibé

    Bravo à Kéïta qui a apporté un démenti cinglant à toutes ces "intrigues politiques". Comme quoi, il y a des gens qui ne méritent pas qu’on les aide même si ils sont dans la merde. Evitons le sentimentalisme béat qui peut être mal interprété. Moïse et ses accolytes nous ont fait la vraie démonstration. Ange, France.

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