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Démocratie : Le Sénégal fait encore la différence

Publié le mercredi 17 janvier 2007 à 08h06min

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Plutôt qu’un camouflet pour le président sénégalais Abdoulaye Wade, c’est le témoignage de la vivacité de la démocratie sénégalaise. La présidentielle et les législatives prochaines ne seront pas couplées, contrairement au vœu du chef d’Etat sénégalais. Ainsi en a décidé le Conseil d’Etat du Sénégal qui semble avoir travaillé hors de toutes pressions, en toute indépendance.

Alors que le décret présidentiel se rapportant au couplage des deux scrutins était vivement critiqué, attaqué par une certaine opinion, notamment ses adversaires politiques, le président sénégalais s’en est finalement remis à la décision du Conseil d’Etat qui a rendu son jugement.

Ainsi, la présidentielle de 2007 précédera les élections législatives générales. Selon donc toute vraisemblance, l’Exécutif s’est gardé d’empiéter sur les attributions du pouvoir judiciaire, et le chef de l’Etat a fait du respect de la séparation des pouvoirs une exigence démocratique. Ce devrait être ainsi pour tout Etat africain qui se réclame d’un idéal démocratique.

La justice comme dernier rempart contre toutes formes de dérapages et de dérives, voilà qui devrait être une source inépuisable à laquelle devraient s’abreuver nos frêles démocraties. Car, quand au niveau judiciaire, il y a trop à redire, c’est assurément la porte ouverte à bien des abus.

Les pouvoirs africains ont cette fâcheuse tendance à dicter leur volonté à ce dernier rempart, à cracher au visage de la démocratie quand leurs intérêts vacillent sur leurs assises. Les cas du Congo-Brazza et de la Guinée l’attestent suffisamment. En Afrique, qui fixe, en réalité, les calendriers électoraux ? Difficile de ne pas y voir, en sous-main, l’inspiration des princes du jour.

Pour revenir "au pays de la Téranga", la proposition du président Wade de coupler les deux consultations électorales était liée à une fâcheuse conjoncture. Officiellement, il s’agissait de faire des économies en faveur des sinistrés d’inondations et d’éviter la multiplication des campagnes électorales. Mais l’opposition ne l’a pas entendu de cette oreille, elle qui voyait là une manœuvre politicienne, une astuce du pouvoir sénégalais pour se prémunir contre une éventuelle cohabitation.

Ainsi donc, Wade, celui-là même qui avait toujours fait valoir que si le Sénégal veut conforter sa démocratie, la présidentielle et les législatives doivent être séparées, s’est plié au verdict du Conseil d’Etat. En aurait-il été ainsi ailleurs en Afrique ? Hormis quelques rares Etats africains dont la maturité démocratique n’est pas surfaite, ce n’est pas si sûr. Et c’est en cela que le Sénégal, comme ces Etats, fait assurément la différence. Certes, le Sénégal, comme bien d’autres pays africains, connaît ses mauvais jours en termes de vie démocratique. Certes, la classe politique sénégalaise et quelques secteurs de l’opinion nationale peignent parfois le pays de Senghor sous les traits d’un Etat sous la férule d’un chef d’Etat boulimique du pouvoir, très imprévisible, insaisissable, etc., bref bourré de défauts à même de constituer une menace pour le Sénégal.

Mais sachons raison garder. Là-bas au moins, le débat politique est d’une maturité et d’une fécondité avérées. On est loin du cas guinéen où la Justice s’est carrément pliée aux ordres, s’est mise au garde-à-vous face au bidasse Conté ?

Sans aucun doute, les institutions sénégalaises sont solides et les "gardiens" de la démocratie constamment en veille. Même s’il a parfois soufflé sur elles quelques bourrasques, ces vents auront été ralentis par les paravents des actions citoyennes de ces sentinelles.

Car, si jusque-là, cette démocratie s’est montrée crédible et vivace, c’est pour une grande part grâce à une opposition sénégalaise forte, digne et constructive d’une part. Et d’autre part, par une société civile très active et jalouse de son indépendance, mais aussi à une presse qui n’a jamais cessé de jouer son rôle de veille et d’éveil. C’est tout cela qui fait la beauté du jeu démocratique sénégalais.

"Le Pays"

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