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Guinée-Conakry : La grogne prend d’autres proportions

Publié le mercredi 17 janvier 2007 à 08h06min

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Des Guinéens n’acceptent pas que le président Lansana Conté libère l’ancien président du patronat Mamadou Sylla et un ex-ministre, Fodé Soumah, tous emprisonnés pour détournement de deniers publics. Les syndicats ont lancé une grève illimitée pour contester la mesure.

Quatorze partis politiques soutiennent l’action et revendiquent un gouvernement de large ouverture. A Paris, les Guinéens de France préparent une manifestation devant leur ambassade.

Lundi dernier, la police guinéenne a procédé à l’arrestation d’une soixantaine de personnes suite à une manifestation liée à la grève générale. Cette grève a été lancée par la Confédération nationale des travailleurs de Guinée (CNTG) et l’Union syndicale des travailleurs de Guinée (USTG). Pour cause, l’ancien président du patronat guinéen, Mamadou Sylla et un ex-ministre, Fodé Soumah, inculpés de « détournement de deniers publics » et incarcérés en décembre à Conakry, ont été libérés, le 16 décembre, sur ordre du président Lansana Conté.

Cette grève des syndicats, la troisième depuis le début de l’année 2006, vise à dénoncer « l’ingérence » du chef de l’Etat dans les affaires judiciaires. Pour les syndicats, les deux hommes poursuivis doivent être condamnés ou libérés par la loi et non par le président. Le général Lansana Conté a demandé aux responsables syndicaux qu’il a rencontrés la semaine dernière, de lui faire une proposition écrite en vue de trouver des solutions durables à la grève générale.

L’entretien entre les responsables syndicaux et le chef d’Etat-major général des armées, ainsi que le président de l’Assemblée nationale quant à lui, n’a abouti à aucune solution. Pour les syndicats, il n’existe pas d’autres solutions que le retour de Mamadou Sylla et Fodé Soumah en prison. Les grévistes exigent également le retrait de l’équipe gouvernementale de Alpha Ibrahima, beau-frère de Conté. Ce dernier, ministre des Transports, a été limogé récemment, avant de retrouver son fauteuil 72 heures plus tard.

Par ailleurs, les grévistes réclament la baisse du prix de l’essence à la pompe dont le litre coûte 5 500 F guinéens (1 dollar US). Cette grève illimitée fait aussi l’affaire d’une certaine classe politique. Quatorze partis d’opposition soutiennent l’action des syndicats. Ils ont appelé « à la désobéissance civile jusqu’au rétablissement total de l’ordre républicain ». Sur la liste des doléances est inclue la formation d’un gouvernement de large ouverture.

Ce qui donne une connotation politique à une action qui se veut être au départ, syndicale. La réaction du parti au pouvoir est donc conséquente. Elle verra dorénavant dans la grève, une tentative de récupération politique. Ainsi, cette grève, comme dans bon nombre de pays africains, va perdre ses lettres de noblesse. Tout simplement parce que l’opposition ne prend jamais les devants. Elle ne s’affirme pas en dénonçant. Mais attend toujours l’action des syndicats pour s’affirmer. Alors que, tant que l’action syndicale est assimilée à celle de l’opposition, les revendications auront du mal à passer.

Toutefois, l’arbre ne doit pas cacher la forêt. Les autorités guinéennes doivent faire la part des choses entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Sinon les institutions républicaines perdent leur raison d’être. Force est à la loi et il serait plus sage de remettre les deux inculpés à la justice. Histoire de faire comprendre que la justice est la même pour tous. La grève du samedi prochain prévu devant l’ambassade de Guinée à Paris afin d’exiger le respect de l’Etat de droit, doit permettre aux autorités guinéennes de prendre la mesure de la préoccupation des Guinéens tant de l’extérieur que de l’intérieur.

Hamadou TOURE

Sidwaya

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