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"Disparus du beach" : De quoi a peur Denis Sassou Nguesso ?

Publié le lundi 15 janvier 2007 à 07h23min

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L’on comprend difficilement les atermoiements du régime congolais de Brazzaville depuis que la justice française, sollicitée, a décidé de rouvrir le sempiternel dossier des "disparus du beach". L’argumentaire basé sur la thèse de la souveraineté nationale ne convainc nullement. L’on est même porté à se demander de quoi a réellement peur le Président Dénis Sassou Nguesso du Congo.

Parce que le Congo pourrait tout de même sortir gagnant de l’opération. En effet, il est fort possible qu’on exhume la vérité de la brume épaisse de la forêt équatoriale. En raison même du climat de transparence qui prévaudra, de l’impartialité et de la détermination des magistrats français engagés dans le processus. Il faut donc espérer que le droit sera effectivement dit. Il le sera alors au bénéfice de citoyens congolais. L’Etat congolais ne saurait donc sortir perdant d’un procès qui aura permis à la vérité d’émerger ! Les véritables perdants seront les coupables désignés par le verdict des juges. A moins de se sentir morveux, les uns et les autres ont donc intérêt à se tenir tranquilles !

A vouloir se singulariser, les gouvernants congolais donnent le sentiment qu’ils ont des choses à se reprocher. Dans tous les cas, ils n’aident pas à la manifestation de la vérité. Sinon, pourquoi cet empressement alors que le procès n’a même pas encore eu lieu, qu’aucun verdict n’a encore été prononcé ? Pourquoi récuser ainsi le droit élémentaire des victimes insatisfaites et de leurs proches de chercher coûte que coûte la justice sous d’autres cieux ? Une fois de plus, on tente de poignarder les "disparus du beach" dans le dos.

Cela n’est point honorable pour le président congolais qui préside aujourd’hui aux destinées de l’Union africaine et dont les actes sont régulièrement suivis du monde entier. Son entourage devrait plutôt s’assurer de donner l’exemple de la transparence et de la bonne gouvernance. Car ce dossier du beach de Brazzaville n’honore pas le continent. Il indexe sérieusement la justice, compromet les magistrats. Il tache l’uniforme des valeureux soldats congolais et illustre de façon insidieuse la démission des cadres. Enfin, il confirme encore une fois le peu d’intérêt que les Congolais accordent aux affaires de la République et surtout à la vie de leurs concitoyens. Dans une Afrique tiraillée entre querelles ethniques et questions éthiques, l’on est en droit de se demander comment auraient agi les autorités congolaises si les "disparus du beach" avaient tous été du bord politique ou du milieu d’origine du chef de l’Etat ?

Personne dans ce monde n’ose croire un seul instant que près de quatre cents personnes ont pu disparaître d’une plage comme par enchantement ou d’un coup de baguette magique. Trop longtemps, la vérité est restée enfouie dans les profondeurs du sable de la plage. Exhumée et replongée dans les profondeurs du fleuve Congo, elle a encore trop longtemps immergée avant d’être charriée par les eaux tumultueuses de l’un des plus grands cours d’eau au monde. Il est donc heureux que les vagues de l’océan Atlantique l’aient portée aux bords de la Seine, laissant ainsi un peu d’espoir aux familles éplorées qui pourraient, au terme d’un procès véritable, faire réellement le deuil des disparus, si tant est qu’ils ne sont plus vraiment de ce monde !

Parce que la vérité libère et que la justice soulage, quel paradoxe que le cérémonial consacré à nos morts puisse encore relever de fonctionnaires de l’ancienne métropole ! Mais aussi, quelle honte pour la justice d’Afrique et les gouvernants africains qu’après justement 46 années bien sonnées de souveraineté nationale et internationale, le contribuable africain soit encore obligé de se tourner vers l’ancien colonisateur pour espérer panser des blessures occasionnées par ses propres frères ! A croire que chaque jour que Dieu fait, les ancêtres assènent des coups qui sont autant de malédictions à ces pouvoirs africains dont l’incurie et l’irresponsabilité de certains n’ont d’égal que le ridicule.

Le différend des "disparus du beach" de Brazzaville n’a que trop duré. Le transfert de ce dossier en France, tout comme celui d’autres affaires dans différents pays occidentaux, confirment s’il en était encore besoin, la nécessité pour l’Afrique de disposer d’une cour interafricaine de justice digne de ce nom. C’est-à-dire qui respecte la séparation des pouvoirs et qui dise le droit après un procès transparent et à la satisfaction du justiciable. Il appartient non seulement aux magistrats africains de prendre leurs responsabilités et de défendre leur profession, mais aussi à la société civile africaine, aux religieux et enfin aux partenaires techniques et financiers, de s’assumer.

Il ne faudra pas s’étonner de voir de plus en plus d’Africains confier leur sort à la justice occidentale. Sous cet angle, pour l’honneur de l’Afrique et pour la stabilité des régimes, il et urgent que les gouvernants africains commencent à faire de la prévention. Cela leur éviterait à terme, les pétitions, les marches de protestations, les grèves et les mutineries.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 15 janvier 2007 à 19:57, par makambo yacongo En réponse à : > "Disparus du beach" : De quoi a peur Denis Sassou Nguesso ?

    De quoi a peur Denis sassou nguesso ?
    Belle et bonne question pour de telles situations qui font que notre continent en général et le congo ,mon pays en particulier ,soient un carrefour du banditisme et de l’impunité politique.Comme tout le monde le sait, l’on se souviendra qu’au congo Brazzaville ceux qui ont tué le président de la république, Marien Ngouabi en 1977,sont ceux qui sont revenu au pouvoir.Si la démocratie,les a mis hors jeu par que la vindicte populaire douce en 1992:la sentence du peuple l’a voulu ainsi vox dei ’Vox Populi .Blessés dans leur amour propre,ces criminels n’ont pas hésité de revenir au pouvoir de la même façon c’est à dire par un coup d’État sanglant en 1997.Aidé par des nombreux mercenaires récrutés au Tchad,au gabon,au maroc,au Rwanda(les génocidaires) y compris au zaïre,sassou a fini par detruire le pays en poussant ses compatriotes sur la route d’exil.Le Burkina ,cette terre d’acueil a reçu même le président déchu,le professeur Pascal Lissouba et certains officiers superieurs et ministres de l’ancien régime.....
    Tout compte fait,lorqu’à la faveur d’un accord tripartite décidé et executé par le congo ,le hcr et la rép.démocratique du congo en 1999 pour un retour des congolais de Brazzaville dans le pays,en empruntant un corridor de sécurité à la fois des autorités de la république démocratique du congo,du HCR et des autorités du congo Brazzaville,ces congolais en nombres de 353 n’ont su que se lever du pied droit ou du pied gauche de leurs lits pour se rendre au lieu d’embarquement afin de faire le voyage de quelques minutes par voie fluvial ,entre les deux villes capitales les plus rapprochées au monde:Kinshsa et brazzaville.Arrivés au beach,finalement,les 353 ont été canalysés ,embarqués dans des camions militaires sataniques pour aller les tuer.Voilà l’histoire.Lorsque les parents eurent l’écho fatal de l’arrivée de leurs enfants,se rendant compte qu’aucun d’entre eux n’est pu entrer à la maison,la peur et l’inquiétude ,y compris le doute prirent soudain place dans leurs esprits.Il a fallu que des voix s’élèvèrent pourqu’enfin cette affaire ait eu une attention particulière,en france et au congo ,tant les assassins pavanaient alègrement sans être inquiétés, qu’un jour l’un des boureaux,un général de sont état fut arêté et libéré nuitamment en france(affaire d’État en a obligé ?).Par la suite,le procès bidon organisé à cet effet en 2005 fut un véritable théâtre digne des bons comédiens en accusant et condamnant l’État congolais responsable et non les généraux commaniditaires.Ainsi,la peur du gouvernement congolais,s’expliquant par le fait de revoir ce procès relancé, par un tribunal impartial ,en même temps ces généraux du pouvoir sanguinaire et leur président tempêtent sur toutes les planètes pour tenter de se justifier et pensent que les questions de souverainété sont mises à dure épreuve.Mais trop tard.la boucherie a bel et bien eu lieu en 1999,et les coupables sont bien connus. Mais dans nos pays,là où force domine,raison n’a point de lieu.

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