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Bush en Irak : Du plaisir à s’enfoncer dans les sables mouvants

Publié le vendredi 12 janvier 2007 à 07h33min

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Bush. Il est ainsi fait : téméraire et incorrigible. Après avoir fait pendre haut et court Saddam Hussein et envoyé dans l’antichambre de la mort deux autres anciens dignitaires irakiens, le Président américain enfonce davantage son pays dans les sables mouvants irakiens.

En effet, mercredi 10 janvier dernier, debout face à la caméra, costume sombre et arborant un air solennel, Georges Bush a présenté ce qui devrait être son "ultime stratégie" pour l’Irak.

Ce "bâton magique" pour ramener ce pays dans le giron de la paix n’est autre, pour Bush, que d’y envoyer un renfort de 21 000 soldats. Chose qui prend le contre-pied du rapport Baker qui proposait un retrait graduel des troupes américaines de ce bourbier ainsi que de la majorité de l’opinion publique au pays de l’Oncle Sam.

En effet, selon un sondage USA Today/Gallup, 61% des personnes interrogées étaient opposées à l’envoi de renforts et seulement 26% approuvaient la manière dont le Président menait la guerre en Irak.

Mais pour Bush, si les USA décidaient de rapatrier leurs soldats, cela "provoquerait l’effondrement du gouvernement irakien, déchirerait le pays et déclencherait un massacre d’une dimension inimaginable".

Ainsi donc, ce sont environ 21 000 GI’S supplémentaires qui vont prendre le chemin de l’Irak. S’ajoutant aux 132 000 militaires américains déjà présents en Irak.

Pour la petite comparaison, disons que 132 000 personnes, c’est plus ou du moins autant que la population de chacune de nos différentes grandes villes du Burkina (hormis Ouaga et Bobo).

Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette guerre est financièrement et humainement coûteuse, même pour un pays de la dimension des USA.

En effet, l’entretien des 132 000 soldats stationnés en Irak coûte, selon Rob Portman, le directeur du Budget de la Maison Blanche, quelque deux milliards de dollars par semaine, soit 110 milliards de dollars par an. Un calcul rapide nous montre que cela fait environ 55 000 milliards FCFA.

Une somme qui pourrait servir à envoyer la quasi-totalité des petits Africains à l’école, à lutter efficacement contre la désertification qui nous assaille, à combattre sinon à enrayer totalement le chômage et la pauvreté ambiante en Afrique.

Et c’est toute cette manne financière que les Américains jettent par la fenêtre dans les sables mouvants irakiens !

En proposant d’augmenter les effectifs militaires, le Président Bush s’est éloigné des orientations adoptées auparavant par l’ancien secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, lequel misait plus sur les nouvelles technologies que sur les hommes.

Qui pis est, au plan strictement humain, depuis le 20 mars 2003, date du déclenchement des opérations en Irak, les USA y ont perdu près de 3 000 hommes.

Et une estimation récente évalue à 150 000 le nombre d’Irakiens tués dans ce conflit qui ressemble à s’y méprendre à une guerre civile, avec les actions des milices chiites et sunnites qui échappent à tout contrôle et qui rendent impossible le transfert de la gestion de la sécurité du pays aux Irakiens. Et ce, sans grand résultat à ce jour !

Et malgré l’optimisme béat qu’affiche Bush, le moins que l’on puisse dire aussi, c’est qu’il n’est aucunement aidé dans sa lourde tâche de "pacifier l’Irak".

Selon le Washington Post, les chefs militaires américains ainsi que les élus du Congrès se déclarent inquiets au sujet du moral des troupes qui sont au bord du "point de rupture".

En effet, hormis les extrémistes irakiens qui tirent sur les GI’S comme des lapins, le taux de suicide des militaires américains déployés en Irak a enregistré une augmentation de 50% en 2005 par rapport à l’année 2004.

Ainsi dit, en Amérique, la guerre en Irak ainsi que les missions en Afghanistan ont rendu le recrutement dans l’armée très problématique.

Et il n’est un secret pour personne que les jeunes Américains aptes au service militaire traînent de plus en plus les pieds pour se faire incorporer, obligeant de ce fait le commandement à abaisser les exigences en matière d’aptitudes physiques et intellectuelles des futures recrues.

Mais hormis la bataille militaire et économique que Bush a engagée dans les sables mouvants au pays de Saddam Hussein, il lui reste une bataille, politique celle-là.

Et ce sera de loin la moins facile à gagner. On se souvient encore que les Démocrates, qui viennent de prendre le contrôle du Congrès américain, ont solennellement averti Bush qu’ils ne lui feront aucun cadeau dans sa politique de va-t-en guerre.

Ainsi, Harry Reid, le chef de la majorité démocrate au Sénat et Nancy Pelosi, la toute nouvelle présidente de la Chambre des représentants, ne font pas mystère de leur opposition à la nouvelle stratégie guerrière de Bush.

Prônant le rapatriement progressif des forces américaines, Harry Reid estime que "Plutôt que d’envoyer des troupes additionnelles en Irak, nous espérons que le Président Bush fera comprendre aux dirigeants irakiens que le temps est venu pour eux d’assumer la responsabilité de leur avenir".

Mais les démocrates, qui ont la haute main sur les grandes décisions politiques aux USA, iront-ils jusqu’à bloquer le financement de l’envoi de troupes supplémentaires en Irak ?

Rien n’est sûr, mais les spécialistes de la politique américaine estiment qu’ils n’oseront pas voter contre les nouveaux crédits pour ne pas être accusés d’être contre l’armée.

Mieux, il est de notoriété publique que même drapés de leurs nouveaux pouvoirs au Congrès, les démocrates n’ont pas le pouvoir de définir dans les détails la manière dont l’Exécutif utilise les ressources allouées à l’armée.

Mais quoi qu’il soit, il aurait été mieux pour l’Amérique d’opérer un retrait progressif plutôt que d’opter de s’enfoncer encore et toujours dans les sables mouvants de la Mésopotamie surtout que l’Iran et la Syrie ne sont pas là pour lui faciliter la tâche.

C’est dire qu’à travers sa nouvelle stratégie, Bush joue gros. C’est vrai qu’empêtrée jusqu’à la taille dans les sables mouvants irakiens, l’Amérique ne peut tourner les talons en se lavant tout de suite les mains du désastre qu’elle a enclenché.

Ainsi, Bush s’enlise, mais ne désarme pas. Tel un joueur de poker en perdition. Et la puritaine Amérique aussi va continuer de supporter par centaines la mort de ses fils !

Boureima Diallo

Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 12 janvier 2007 à 08:54 En réponse à : > Bush en Irak : Du plaisir à s’enfoncer dans les sables mouvants

    je n’étais pas pour l’intervention américaine en Irak.Mais contrairement à l’auteur de cet article, je pense que les USA ne peuvent pas se permettre de quitter presentement l’Irak qui est déjà au bord du gouffre. Les forces irakiennes n’ont pas encore l’autorité suffisante pour donner un semblant de stabilité à ce pays.IL faut éviter une seconde somalie et pour cela je suis pour le maintien des troupes américaines et encore plus pour un renfort. C’est la solution du réalisme.les americains ne peuvent pas venir mettre un pays à genoux et s’enfuir pour laisser les pauvres populations à leur sort quand la situation dégénère.

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