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Conflit somalien : Les Etats-Unis entrent dans la danse

Publié le jeudi 11 janvier 2007 à 07h30min

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Les forces éthiopiennes annoncent leur probable retrait de la Somalie. Faute d’argent, la force de l’Union africaine, n’est pas encore prête de prendre la relève. L’Union européenne n’en a pas non plus pour aider cette force. Les USA eux ont répondu présents mais pour traquer « leurs terroristes ».

L’avion AG-130 de l’armée américaine a méné lundi dernier une attaque aérienne dans le Sud de la Somalie contre les islamistes. L’opération visait notamment le chef d’Al Qaïda en Afrique de l’Est. Ce dernier est, selon les Etats-Unis, impliqué dans les attentats contre les ambassades américaines en Tanzanie et au Kenya.

Plus de 250 personnes y ont perdu la vie en 1998. Pour les Américains, la corne de l’Afrique est un front essentiel dans la « guerre contre le terrorisme ». C’est pourquoi, leurs forces armées se sont postées aux larges des côtes somaliennes et kenyanes pour empêcher la fuite des militants islamistes. Les USA ont également transmis aux soldats éthiopiens des informations collectées grâce aux satellites espions sur l’état de la zone frontalière entre la Somalie et le Kenya. Ce soutien vise à faciliter l’arrestation des islamistes en déroute. Le 28 décembre dernier, ils ont fui Mogadiscio.

Le Premier ministre somalien, Ali Mohamed Gedi a affirmé avoir repris le contrôle de toutes les régions aux mains des islamistes. Cela a été possible grâce à l’armée éthiopienne. Elle compte rester encore deux semaines selon le Premier ministre éthiopien, Meles Zenawi. Il a appelé le gouvernement somalien à tout mettre en œuvre pour éviter un retour des chefs de guerre.

Ces derniers régentaient Mogadiscio depuis le début de la guerre civile en somalie en 1991. Le probable retrait de l’armée éthiopienne s’explique en partie par le sentiment anti-éthiopien de la part de certains somaliens. Ces derniers organisent constamment des manifestations musclées contre la présence de soldats éthiopiens en terre somalienne.

Comment éviter le chaos ?

Pourtant un quelconque retrait des Ethiopiens va replonger la Somalie dans le chaos. Le Conseil de paix et de sécurité est en train d’envisager la constitution d’une force africaine de maintien de paix en Somalie. Après la Côte d’Ivoire et le Soudan, on se demande bien avec quel fonds conséquent cette force ira en Somalie. En tous les cas, le président du gouvernement de transition Abdullahi Yusuf Ahmed a demandé que cette force se mette en place « rapidement » sur les bases de la résolution 1725 du Conseil de sécurité de l’ONU adoptée le 6 décembre 2006.

Cette résolution vise la mise en place d’une force africaine pour soutenir la force en place. Le groupe international de contact sur la Somalie a appelé quant à lui au « financement urgent » d’une force de paix internationale pour créer les conditions d’un retrait des forces éthiopiennes. Les USA ont immédiatement déclaré ajouter 24 millions de dollars aux 16 millions d’aide humanitaire. 14 millions sont destinées au déploiement de la force de paix.

Pas d’annonce concrète en revanche à Bruxelles où le Comité politique et de sécurité de l’Union européenne (COPS) a tenu une réunion spéciale sur la Somalie. Le COPS a lui aussi reconnu la nécessité d’éviter un vide après le départ des soldats éthiopiens. Cependant, il ne reste plus que 15 millions d’euros du budget particulier de l’Europe pour financer des missions de paix de l’Union africaine. Les Européens n’avancent pas de chiffre.

Ils appellent plutôt au dialogue et exhortent les autorités somaliennes de transition à élargir leur base pour créer un gouvernement d’union qui « inclurait toutes les parties y compris les islamistes modérés ».
Du coup, la crise somalienne est apparue comme une crise de trop.

L’Union africaine est débordée. Les USA qui n’ont besoin d’un quelconque mandat de l’ONU sont aux frontières pour traquer « leurs terroristes ».
L’Union européenne est, quant à elle, fatiguée de mettre la main à la poche. L’Organisation des Nations unies n’a pas la solution immédiate à la crise. Mais, le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a cette fois dénoncé la tactique américaine en Somalie.

Une intervention musclée qui ne vise pas à asseoir un état démocratique mais plutôt une simple chasse « aux terroristes ». M. Moon pense qu’une telle pratique risque d’embrasser toute la région. Le nouveau patron de l’ONU n’a pas daigné condamner fermement la pendaison de Saddam Hussein alors que les textes de son organisation sont contre ces genres de pratiques.

Cette sortie ratée laissait croire que Ban Ki-moon ne voulait pas prendre le contre-pied des USA comme l’a souvent fait son prédécesseur. Toutefois l’heure n’est pas au discours.

Si rien n’est fait, l’arrivée du président Abdullahi Yusuf le lundi dernier à Mogadiscio où il ne s’était jamais rendu depuis son investiture en fin 2004, risque d’être de courte durée. Le numéro deux d’Al Qaïda, Ayman Al Dhawahiri, dans un texte audio via Internet à l’adresse des tribunaux islamiques somaliens, a recommandé « les embuscades, les mines et les opérations suicides. »

Hamadou TOURE

Sidwaya

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