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Procès - Audition des témoins : Diendéré, Minoungou... en attendant Lougué

Publié le mercredi 14 avril 2004 à 07h18min

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Samedi dernier, le procès des présumés putschistes a enregistré son premier incident après l’audition de témoins clés comme Diendéré et Philippe Minoungou (le Judas de service).

Les avocats de la défense ont tous quitté la salle d’audiences pour protester contre la manière dont le président du tribunal, Franck Compaoré, menait le procès. Après des tractations, ils ont accepté de continuer d’assister leurs clients pour la suite des débats. L’audience va reprendre ce matin à 8 heures avec l’audition d’autres témoins illustres tel le général de brigade Kouamé Lougué.

L’audience du vendredi 9 avril a débuté par la comparution du sergent-chef Konfé Abdoulaye. Il dira qu’il a rencontré le sergent Naon Babou à Bobo-Dioulasso dans une maison à un niveau. Le "Sergent qui veut faire sauter la République" leur aurait alors expliqué à lui et au sergent Zalla Souleymane "qu’il y aura un coup au profit du général Kouamé Lougué". Ce jour aussi, Naon Babou leur aurait remis à chacun 250 000 F CFA.

Auparavant, à Ouagadougou, dans un maquis qui jouxte le centre pédiatrique Charles-De-Gaulle, le capitaine Bayoulou leur avait donné rendez-vous et leur avait présenté le capitaine Ouali. Dans ce maquis ouagalais, le cerveau présumé du putsch aurait également "parlé de coup d’Etat qui profiterait au général Kouamé Lougué", le commandant François Etienne Ouédraogo devant se charger de la rédaction des différentes déclarations post-putsch.

Ce jour également, ils ont appris que le capitaine Ouali devait effectuer un voyage en Côte d’Ivoire. Après, il y a eu aussi une rencontre à Ouaga 2000. C’est une semaine après, que lui a été arrêté.

Le sergent-chef Zalla Souleymane lui succédera à la barre pour s’expliquer. Il entonnera la même antienne que son prédécesseur, en tout cas sur la rencontre dans le maquis près du centre pédiatrique Charles-De-Gaulle.

Selon lui, c’est là-bas que le capitaine Bayoulou leur a remis à chacun 25 000 F et leur a dit qu’il y a un putsch en l’air, au profit du général Kouamé Lougué, et que c’est le commandant François Etienne Ouédraogo qui était chargé des communiqués.

On devait donner le pouvoir au général Lougué

Le sergent-chef Zalla ajoutera qu’il y a eu aussi une rencontre dans une villa à Ouaga 2000 entre lui, Ouali, Bayoulou, Bassolet et Konfé pour parler de ce coup d’Etat. Le sergent-chef expliquera que le coup devait survenir un mercredi, et qu’on devait extirper le général Lougué pour qu’il assume désormais la direction du pouvoir d’Etat. Concrètement, selon Zalla, Bako devait s’occuper d’un poste de garde à la présidence, Bassolé également (côte est), et un autre du poste "Nyamba Jean" (côté nord de la présidence).

Le tribunal fera remarquer à Zalla qu’il est curieux que Bayoulou qui ne connaissait ni Zalla , ni Konfé ait accepté de parler de coup d’Etat à ces derniers.

Sur ces propos, Ouali reviendra à la barre pour dire que la rencontre avec les autres (au maquis près de la pédiatrie) était une "prise de contact, pour voir l’état d’esprit de chacun, sa philosophie sociale".

Le capitaine Bayoulou reviendra également pour confirmer la rencontre de Ouaga 2000, mais en donnant une autre raison : il s’agissait pour lui d’aller voir une femme qui était malade.

Le tribunal procédera alors à une confrontation triangulaire Zalla - Konfé - Bayoulou, qui, manifestement, n’ont fait que se contredire.

Le parquet par la voix du substitut du commissaire du gouvernement, le commandant Abdoul Karim Traoré, demandera alors au binôme Zalla - Konfé : - Est-ce que Bayoulou vous a expressément parlé de renverser le régime en place ?
Oui

Pourquoi n’avez-vous pas rendu compte à la hiérarchie ? Parce qu’on n’avait pas les détails du projet.

Me Franceline Toé/Bouda interviendra pour dire qu’elle a une aversion des putschs, qu’elle a été commise le 30 mars mais ce n’est que le 3 avril qu’elle a pu rencontrer son client Konfé Abdoulaye.

C’est le soldat de 1re classe Onadja Adjima qui bouclera l’audition des 13 accusés. L’arrêt de renvoi mentionne qu’il a reçu 500 000 F CFA des mains de Ouali, pour consulter des vieux afin de taper le sable pour voir si le coup allait réussir.

La part du wack

"Oui j’ai reçu 500 000 de Ouali, mais c’était pour m’aider, ma femme a eu des triplés ; c’était pour me secourir, pour aider ma famille...".

Le parquet relèvera alors que lors d’une audition au cours de l’instruction, Onadja a affirmé que "Ouali a dit de consulter avec cet argent des vieux pour le wack... mais de ne pas mentionner son nom, car lui est protestant". L’avocat-conseil du soldat Onadja, Ali Neya, fera remarquer à ce moment qu’il y a eu une interversion entre une audition de son client (lors d’une première comparution de fond) et une autre, de Sanou Din Dramane qui a bénéficié d’un non-lieu le 12 mars dernier.

Puis le parquet donnera la parole aux inculpés qui, chacun en ce qui le concerne, s’expliquera davantage sur certains points. L’audience sera ensuite suspendue pour 30 mn. Il était 11 h 30.

A la reprise ce sera le début du défilé des témoins. A tout Seigneur, tout honneur, ce fut le témoin clef de cette affaire qui, le premier, fera son apparition : le lieutenant Minoungou Philippe, puisque c’est de lui qu’il s’agit, viendra donner les détails de sa rencontre à Pô avec Bassolet, Bako et le pasteur Israël Paré.

Selon l’officier, il a effectivement rencontré les 3 personnes ci-dessus citées à Pô :"Ils m’ont dit qu’ils préparaient un coup d’Etat... Ils m’ont remis 2,4 millions et un portable, ils m’ont dit que c’est le capitaine Ouali qui les envoie, j’ai pris l’argent et le portable. Je tremblais... Que faire... J’ai réfléchi toute la nuit. Je ne pouvais pas d’un côté (...) tirer sur ces militaires qui étaient mes enfants... et du côté religieux, j’avais un problème de conscience...".

Celui qu’on a présenté dès le début de l’affaire comme le Judas de service dira que c’est après une cérémonie (soit 48 heures après sa rencontre avec les missi dominici de Ouali) à laquelle a pris part le colonel Gilbert Diendéré qu’il lui a rendu compte de l’affaire, en présence du lieutenant-colonel Moïse Minoungou et du commandant Pierre Ouédraogo, chef de corps de Pô. A ce compte rendu, Minoungou, selon lui, dit avoir demandé la permission d’utiliser les 2,4 millions au colonel Diendéré, qui aurait donné un avis favorable.

Il faut dire que lors de son audition, le lt Minoungou a évoqué des trous de mémoire, car il est resté une semaine dans le coma, et donc ne se rappellait pas tous les détails. Plusieurs avocats d’inculpés ont relevé le caractère versatile de Minoungou.

Après le lieutenant Minoungou, un autre témoin et non des moindres (son nom étant revenu dans les débats depuis le premier jour du procès) Gilbert Diendéré, sera convié par le tribunal à déposer.

Selon le colonel, "C’est le 29 septembre 2003 à l’issue d’une cérémonie à Pô, que j’ai été contacté par le lt Minoungou qui souhaitait me rencontrer... Ce qui fut fait en présence du Lt-colonel Minoungou Moïse et du commandant Pierre Ouédraogo... Minoungou m’a fait savoir qu’il a été contacté par 2 militaires et un pasteur pour faire un putsch... Et que pour son recrutement on lui a remis 2,4 millions et un portable... Ne pouvant refuser sur place, il a accepté... Après la rencontre, sur la base d’information, j’ai pu savoir que les 2 militaires en question ont servi au Régiment de sécurité présidentielle, et c’est ainsi qu’après en avoir informé le chef-d’état major général des armées, qui en a informé la gendarmerie, on a procédé à leur arrestation...".

Gilbert Diendéré dira que des rumeurs de coups d’Etat il y en a chaque jour... mais que lui venait de rentrer de son stage, et qu’il n’avait pas toutes les informations. Il récusera les affirmations faisant état d’enquête parallèle menée par lui.

Les accusés seront ensuite invités à questionner le témoin... Le commandant Poda Bernardin soutiendra alors que le chef d’état-major particulier du président du Faso a envoyé le sergent Lankoandé et un certain Yé le photographier dans sa cellule, et que lui a cherché à le joindre bien avant son arrestation, pour lui faire part du coup de fil faisant état de sa participation à un putsch.

Naon Babou évoquera des questions de revendications militaires liées au Liberia, son entretien le 18 janvier 1999 avec François Compaoré, puis avec Diendéré.

Il a souhaité s’étendre sur l’affaire Norbert Zongo, mais le tribunal lui a opposé une fin de non-recevoir, estimant que cette affaire est instruite dans un cabinet, de sorte que s’il y a une déposition, c’est dans ce cabinet qu’elle doit être faite.
Le juge Wencelas Ilboudo sait ce qu’il lui reste à faire.

Bayoulou dira qu’il a été amené au Conseil dans le coffre de la 4x4 du colonel Diendéré, qui se trouve ne pas avoir de... coffre. Konfé fera allusion à son stage à Daloa non indemnisé.

Le premier incident du procès

Le moins que l’on puisse dire, c’est, en attendant l’entrée en scène (aujourd’hui sans doute) du général Kouamé Lougué, que l’audition des témoins clés comme le colonel Gilbert Diendéré et du lieutenant Philippe Minoungou le vendredi 9 avril avait laissé un goût inachevé, selon les accusés et leurs avocats. Le président du tribunal, Franck Compaoré, s’étant évertué à faire en sorte que l’on ne parle pas de l’affaire Norbert Zongo ni des problèmes des vétérans de la guerre du Liberia.

Au regard de cela, on pouvait s’attendre à une attitude "musclée" des avocats de la défense, ne serait-ce que pour faire pression sur les juges. C’est ainsi que le samedi 10 avril, dès la reprise de l’audience, ils ont demandé un temps pour se concerter. Au bout de leur concertation, qui aura duré une trentaine de minutes, leur porte-parole, Me René Adolphe Ouédraogo, portera à la connaissance de la cour ce qui suit : "Ce procès, tel qu’il se déroule, ne permet pas à la défense ni aux accusés de s’exprimer. C’est pourquoi à la majorité, nous avons décidé de nous retirer pour ne pas cautionner un procès dont l’issue ne fait pas de doute".

A son tour, Franck Compaoré leur a dit la surprise du tribunal. Il a déclaré qu’en tant que président du tribunal, "Je ne peux pas laisser le procès se dérouler sur autre chose que son objet. Nous pensons que nous avons fait tout ce qui est juste pour ne pas faire dériver le débat". Après qu’il a demandé aux avocats de rester pour que le procès se poursuive dans la sérénité, ces derniers ont souhaité bénéficier d’une dizaine de minutes pour se concerter de nouveau. Ce qui fut fait.

Mais jusqu’à 30 mn après la suspension, les avocats n’avaient pas fini de se concerter. Le président fit reprendre l’audience sans eux. Franck Compaoré a justifié sa décision en citant les articles 109 et 118 du Code de justice militaire. Les articles visés disent notamment et respectivement que "Le président assure la police de l’audience", et qu’il "dispose du pouvoir discrétionnaire pour la poursuite des débats". Il a précisé aux accusés que si l’absence de leurs avocats se prolongeait, ils pourraient se choisir d’autres conseils (avocats).

Comme le président l’a décidé, l’audience s’est donc poursuivie avec l’audition des deux autres témoins clés que sont le lieutenant-colonel Moïse Minoungou et le commandant Pierre Ouédraogo. A la demande du président de savoir si les accusés voulaient poser des questions aux témoins, le capitaine Ouali et ses hommes ont déclaré à tour de rôle : "J’ai des questions à poser aux témoins, mais je ne le ferai qu’en présence de mon avocat". Mais cela ne semblait pas émouvoir outre mesure le président Franck Compaoré.

C’est dans ces conditions que le bâtonnier, Me Benoît Sawadogo, pourtant avocat de la partie civile, a eu l’honnêteté de demander respectueusement au tribunal la suspension de l’audience, car elle n’est pas "favorable au droit à la défense des accusés". Les militants du "Pays réel" qui suivent les débats dehors dans la cour du tribunal militaire ont salué ces propos de Me Sawadogo par un tonnerre d’applaudissements. Et revoilà l’audience suspendue, pour une heure. Les différentes tractations menées dans les coulisses ont finalement porté fruits et à 11 heures, l’audience a pu reprendre avec toutes les parties prenantes au procès. L’incident était clos. En attendant le prochain ?

"Minoungou ne peut pas mobiliser des hommes sans mon accord"

On a dû rappeler les témoins à la barre. Le lieutenant-colonel Moïse Minoungou a déclaré que c’est le lundi 29 septembre 2003 qu’après une cérémonie à Pô, le lieutenant Philippe Minoungou a demandé à voir le colonel Diendéré pour lui communiquer une information importante. Une fois au pied-à-terre du président du Faso, il a informé ses interlocuteurs qu’étaient le colonel Diendéré, le commandant Pierre Ouédraogo, commandant du régiment d’infanterie commando de Pô, et le lieutenant-colonel Moïse Minoungou de ce qu’il avait à dire.

Le commandant Pierre Ouédraogo aussi fera la même déposition. A cette différence près que le premier a cité le nom du pasteur Paré tandis que le second, lui, a soutenu qu’aucun nom n’a été mentionné lors de cette entrevue au pied-à-terre présidentiel.

Depuis ce 29 septembre, Philippe Minoungou se sentait en insécurité. Il semble qu’il avait des hallucinations et voyait tout le monde en armes. C’est ainsi que, comme pris de folie, il s’attaqua à un vieux paysan et, à l’aide d’une machette, déchiqueta les pneus de sa bicyclette.

La défense, par ses questions, tentera de montrer que le lieutenant Minoungou, qui a été conduit à Ouaga par le commandant Ouédraogo, d’abord à Diendéré puis à la gendarmerie, était dans un "état second". Elle a dénoncé le fait qu’on l’a auditionné dans ces conditions.

C’est alors que Me Antoinette Ouédraogo de la partie civile s’érigera contre cette attitude de la défense, qui tient à montrer que Minoungou Philippe "n’était pas normal" lors de son audition. Pour elle, ces questions auraient dû être posées à l’intéressé lui-même, car "Qui, mieux que moi, peut juger de ma normalité ?". Sur ces entrefaits, Me Kyélem, avocat du pasteur Paré, fera remarquer à sa consœur que :"Un fou ne se dit pas fou et c’est pour cela qu’on fait des analyses psychiatriques".

Posant des questions au témoin lieutenant-colonel Minoungou, le pasteur, que ce dernier disait être le"cerveau du putsch" , lui a demandé le profil d’un cerveau de coup d’Etat Minoungou a répondu à la question en ces termes : "Je n’ai jamais fait un coup d’Etat, donc je ne peux pas savoir quel doit être le profil du cerveau d’un putsch".

On a aussi demandé au commandant Pierre Ouédraogo de s’expliquer sur son étonnement de ce que son subalterne puisse faire un coup d’Etat. En réponse, il a déclaré que "Le lieutenant Minoungou n’est qu’un chef d’unité. Il ne peut pas mobiliser des hommes sans mon accord, c’est pas possible".

Avant la suspension de l’audience, Me Farama a demandé au président de ne pas oublier la confrontation qu’il avait souhaitée entre Diendéré, les deux Minoungou et le commandant Ouédraogo. L’accusé Poda Bernardin a également souhaité que le lieutenant-colonel Moïse Minoungou puisse être là ce mardi, car "Je voulais le citer comme témoin". C’est aux environs de 12 h 30 que l’audience a été suspendue. En raison de la fête de Pâques (lundi étant férié), l’audience reprend ce matin même à 8 heures.

Zowenmanogo Dieudonné Zoungrana
Boureima Diallo
San Evariste Barro

Procès, côté cour, côté jardin

• Le présumé putsch devait se dérouler un mercredi afin d’avoir rapidement le général Kouamé Lougué en conseil des ministres et de l’en extraire pour qu’il prenne la tête de l’affaire, selon une confession du sergent-chef Zalla Souleymane.

• Le sergent Konfé Abdoulaye aurait des troubles mentaux qui l’affectent de temps en temps ; c’est ce qui ressort des dires de certains de ses coaccusés.

• Le lieutenant Philippe Minoungou, l’homme qui a dénoncé ce présumé putsch, souffre de diabète et a eu un orteil amputé.

• Le même Minoungou a dit au sujet des 2,4 millions, dont une partie a servi à payer la scolarité de ses enfants :"Si on est là devant ce tribunal, c’est à cause de l’argent... L’argent va nous entraîner loin... Je n’ai jamais été en mission... j’ai 54 ans. Les missions me sont passées sous le nez...".

• Le sergent Bassolet Bassana a affirmé qu’un soldat du nom de Balora a été instrumentalisé par le lt-Minoungou. Ce dernier a poussé Balora à faire des revendications puis s’est ravisé et a laissé arrêter et radier Balora...

• Le pasteur estime que c’est à cause d’une rivalité entre son église et celles des Assemblées de Dieu auxquelles appartient le lt-colonel Moïse Minoungou (son père fut président de ces Assemblées) qu’il a prononcé son nom lors du compte- rendu des propos de Minoungou Philippe à Pô. Ce que ce dernier a réfuté

• Le compte-rendu de Minoungou a-t-il été fait le matin ou le soir ? Le colonel Diendéré ne s’en souvient pas. Idem pour le lt-colonel Moïse Minoungou. Le commandant Pierre Ouédraogo, lui, le situe entre 11 heures et 12 heures.

• A la question posée à Naon Babou de savoir s’il a vu le général Kouamé Lougué récemment, l’interrogé répondit : j’ai vu Lougué depuis 1998.

• Le colonel Diendéré a concédé au commandant Bernardin Poda, qu’il a bien envoyé une personne avec un appareil numérique le photographier dans sa cellule, pour illustrer sa documentation, a-t-il précisé. Et le commandant Poda de réclamer sa photo .

• Gilbert Diendéré est formel sur le fait qu’aucun de ses éléments ni lui-même n’ont pris part aux interrogatoires : "Seule la gendarmerie est apte à le faire" dira-t-il. Pourtant, certains soutiennent mordicus qu’il assistait en personne à certaines auditions à la gendarmerie, ce qu’il n’a pas le droit de faire.

• Me Sombié, à l’audience du 9 avril, a posé au colonel Diendéré la question de savoir s’il lit les journaux. Affirmatif, a répondu l’intéressé. Alors l’avocat de demander au tribunal d’empêcher la presse de couvrir au jour le jour ce procès, car les témoins lisent les journaux avant de venir à l’audience et peuvent être influencés. Il a invoqué, pour étayer sa demande, l’article 43 du code de justice militaire... La presse appréciera. Le même Sombié, lorsque le président du tribunal lui a demandé de se présenter avant de parler, a répliqué : "J’aimerais que le tribunal retienne les noms, car je ne voudrais plus avoir à me présenter avant de parler".

• Mais que dit au juste l’article 43 du code de justice militaire ? Qu’"Il est interdit de reproduire les débats relatifs aux crimes et délits contre la sûreté intérieure et extérieure de l’Etat. Cette interdiction ne s’applique pas à la publication de la décision rendue".

• Naon Babou trouve qu’il n’est pas juste que les dépouilles de militaires burkinabè tombés au Liberia ne soient pas rapatriés : "Je n’ai jamais vu ça", a-t-il lâché.

• Invité à se prononcer sur le commandant Poda Bernardin, qui est son "promotionnaire", le colonel Gilbert Diendéré dira :"Je n’ai pas d’état d’âme, effectivement Bernardin et moi avons travaillé ensemble, il fait bien son travail... J’ai été surpris qu’il soit mêlé à cette affaire...".

• Le capitaine Bayoulou maintien mordicus que c’est dans le coffre de la 4x4 de Diendéré qu’il a été amené au Conseil. Une 4x4 qui n’a pourtant pas de coffre, selon Diendéré.

• Où sont passés les diplômes de certains soldats qui ont effectué à Daloa des stages de spécialisation d’officier de sécurité (garde du corps) ? Selon le sergent Konfé, on leur a dit que c’est l’adjudant Hyacinthe Kafando qui les aurait emportés ou encore que ça se trouve à l’état-major pour certification.

• Les officiers n’ont pas de numéro matricule.

• Le modus vivendi trouvé entre le tribunal et les avocats de la défense, qui s’étaient retirés au début de l’audience du 10 avril, a consisté à les laisser poser toutes les questions, mais toutefois en rapport avec l’affaire en jugement. Exit donc du prétoire l’affaire Norbert Zongo ou l’expédition libérienne.

• Naon Babou répondant au commissaire du gouvernement au sujet de Diendéré dira :"Si vous avez peur du colonel Diendéré, moi je n’ai pas peur de lui". Réplique du tac au tac d’Abdoulaye Barry : "Oui, j’ai peur de Diendéré, mais j’ai encore plus peur de vous Naon".

L’Observateur Paalga

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