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Gardes de sécurité pénitentiare : Des revendications sur fond de grogne

Publié le lundi 8 janvier 2007 à 08h02min

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Dans la nuit du jeudi 4 au vendredi 5 janvier 2007, les agents de la garde de sécurité pénitentiaire (GSP) ont manifesté au niveau des Maisons d’arrêt et de correction de Ouagadougou, Kaya, Tenkodogo, Tougan Dédougou. Le mouvement ne concernant que le personnel de la GSP, les prisonniers sont restés enfermés jusqu’à la fin de la manifestation. Pour en savoir davantage, nous avons rencontré le secrétaire général du ministère de la Justice, Jérôme Traoré.

Le Pays : Peut-on connaître les raisons qui ont motivé les gardes de sécurité pénitentiaire à manifester dans la nuit du jeudi 4 au vendredi 5 janvier 2006 ?

Jérôme Traoré : Les agents de la sécurité pénitentiaire du Burkina ont voulu par une certaine action manifester pour poser des revendications. Dès que nous avons été saisis, des dispositions ont été prises pour que le problème soit réglé dans les meilleurs délais. Le ministre de la Justice a tenu personnellement à rencontrer la coordination au niveau de Ouagadougou, parce que la Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO) était la principale concernée. Mais d’autres Maisons d’arrêt et de correction l’étaient également, notamment Tenkodogo, Tougan, Kaya, pendant que dans d’autres régions on n’a pas eu beaucoup de problèmes en ce qui concerne le mouvement.

La coordination a fait part au ministre d’un certain nombre de doléances. Elles avaient trait principalement à une prime alimentaire, à des problèmes liés aux biens perdus ou détériorés à la MACO, suite aux événements des 20 et 21 décembre 2006. Les agents avaient d’autres revendications ayant trait au rehaussement de leurs indemnités de logement et de sujétion. Ils ont également parlé de la prise en charge médicale, d’une ceserne propre à eux et de la réfection du bâtiment principal de la MACO.

Quelle a été le réponse du ministre ?

Le ministre de la Justice a été très clair avec eux, en désapprouvant cette façon de faire. Il a expliqué aux uns et aux autres qu’il a toujours privilégié l’esprit de concertation et avait souhaité que les gens puissent poser tous leurs problèmes de façon directe, afin qu’on trouve les solutions idoines tant que cela est possible. Au sujet des revendications proprement dites, le ministre avait anticipé sur la prime alimentaire, parce que depuis un certain nombre de mois, il y a eu des échanges de correspondances entre lui et le ministre des Finances et du Budget, et un décret devrait être pris incessamment à ce propos, qui, d’ailleurs, allait concerner tous les corps para- militaires.

Pour ce qui concerne la situation des gens qui ont perdu leur engin ou autres objets, il y a une procédure normale qui est que l’Etat doit réparer tout préjudice subi dans l’exercice de ses fonctions par un agent de l’Etat. Mais, vu que cette procédure est assez longue, le ministre de la justice a pris des mesures de circonstance. Ainsi, ceux qui ont perdu leur moyen de déplacement, seront dotés du même type d’engin pendant la durée de la transaction avec la DACR, qui représente l’Etat, pour la réparation de ces préjudices.

Sans démagogie, il a dit, par rapport aux autres problèmes, que ce qui peut être réglé dans l’immédiat le sera et ce qui ne peut l’être va prendre le temps qu’il faut mais on va essayer de trouver des solutions à tous ces problèmes qui sont posés. Le problème du paiement des frais de transport, qui est général au niveau de l’Etat, sera réglé au fur et à mesure qu’on le pourra, mais quant à exiger que l’on paye ces frais avant de rejoindre son poste suite à une affectation, cela va être difficile.

Ce fut certes un échange direct entre le ministre et les représentants des manifestants suite auquel il a souhaité qu’ils formalisent leurs revendications par un écrit et les lui adressent dans les meilleurs délais afin qu’il puisse donner des réponses appropriées et fixer des échéances pour la résolution des différents problèmes. Quoi qu’on dise, la MACO a un bâtiment principal qui n’est pas dans un bon état et il faut soit une réfection, soit la construction d’un nouveau bâtiment. Ce problème a été anticipé en partie par le chef de l’Etat qui a souhaité la construction d’une prison de haute sécurité et les plans ont déjà été faits et transmis au ministre de la Justice qui a même organisé une réunion à ce sujet en décembre dernier.

Devons-nous comprendre que ce mouvement rentre dans la logique de ceux des 20 et 21 décembre 2006 ?

Dire que c’est une suite logique, ce ne serait pas tout à fait juste. En réalité, ce sont des revendications propres aux GSP qui ont été posées et elles ne peuvent pas être assimilées à des revendications corporatistes. Nous ne savons pas si c’est dans cette ambiance qu’ils ont voulu aussi manifester mais à ce qu’on sache, ils souhaitaient se faire entendre. A la fin des discussions avec le ministre, ils ont décidé séance tenante de lever le mot d’ordre qui avait été lancé et ont saisi toutes les Maisons d’arrêt et de correction pour mettre fin aux mouvements.

Des sanctions sont-elles envisagées ?

Il est prématuré de parler de sanctions. En réalité, le Garde des sceaux a souhaité les rencontrer pour savoir exactement quel est le problème qui se pose. Nous avons constaté qu’il y a un problème de communication et dès qu’ils ont eu les informations avec le ministre, tout a été réglé. Le plus important est que les uns et les autres se sont compris et il s’impose de trouver des solutions pour que ce type de problèmes ne pose plus.

Est-ce qu’au niveau de la MACO, on a pu mettre la main sur les prisonniers qui se sont évadés suite aux événements des 20 et 21 décembre ?

Nous avons pu récupérer un certain nombre de prisonniers. Il y a certains qui sont venus volontairement mais la majorité a été prise directement en ville ou dans certaines régions. Le Garde des sceaux a instruit le commandement de la GSP de retrouver les prisonniers fugitifs et il a interpellé l’opinion publique pour que les gens puissent signaler la présence de prisonniers qui se retrouveraient chez eux. Nous avons pu prendre une soixantaine de personnes et les recherches se poursuivent et dans ce sens, il a été demandé la contribution des gouverneurs, des brigades, des commissariats. Nous espérons que d’ici là la majorité pourra être arrêtée.

Par Antoine BATTIONO

Le Pays

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