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Cheick Bâ, responsable Pfizer-Afrique de l’Ouest : « Le commerce d’accord mais l’homme aussi »

Publié le lundi 8 janvier 2007 à 07h22min

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Pfizer, un laboratoire pharmaceutique américain du haut de ses 52 milliards de dollars de chiffres d’affaires, 8 milliards de dollars par an consacrés à la recherche et de ses 115 000 employés à travers le monde, s’est lancé à la conquête de l’Afrique. Présent sur le Tour du Faso à travers son bureau Afrique de l’Ouest basé à Dakar, Sidwaya a rencontré son premier responsable, le Sénégalais, Cheick Bâ, afin de savoir ce qui fait courir cette multinationale.

S. : Sous quelles formes Pfizer est-il présent en Afrique de l’Ouest ?

C. B. : Sur le continent africain, le groupe Pfizer est représenté au Maghreb, en Afrique du Sud et en Afrique Sub-saharienne dans la partie francophone et la partie anglophone. Et prochaînement, il va s’ouvrir le bureau Pfizer-Afrique de l’Est, avec Kinshasa comme siège. En Afrique francophone, l’Afrique de l’Ouest dispose d’un bureau localisé à Dakar. Nous avons une usine de fabrication de médicaments adaptés aux pathologies africaines.

Cette usine se trouve à Dakar et contribue aussi à la lutte contre les contrefaçons.

Dakar s’occupe de produire des médicaments, notamment contre le paludisme. Il assure également la distribution de tous les produits commercialisés en Afrique. C’est donc un centre de production et de distribution de médicaments.

S. : Quelle est l’approche médicamenteuse de votre laboratoire face au paludisme qui fait de la résistance sous nos tropiques ?

C. B. : Le paludisme représente 25 % des activités de Pfizer-Afrique. Nous disposons d’une gamme de produits issus de nos recherches qui entre dans la composante recommandée par l’OMS à savoir la modiaquine, l’afthesinate. La modiaquine est une découverte de Pfizer qui est associée à l’afthesinate.

Pfizer propose également un produit contre le paludisme bien indiqué pour la femme enceinte.

S. : Comment expliquez-vous cette résistance que le paludisme développe vis-à-vis des multiples traitements disponibles ?

C. B. : Le fléau, je vous le concède est tenace. La communauté internationale et scientifique interpellée vient de le prendre à bras-le-corps, sous l’orientation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Différents programmes sont maintenant mis en oeuvre avec la ferme volonté de provoquer le recul du paludisme.

Mais, en ce qui concerne les laboratoires pharmaceutiques, il faut saluer cet engagement ferme de Pfizer, le n°1 mondial qui monte au créneau contre ce fléau. Désormais c’est un investissement de plusieurs milliards qui sont consacrés à la lutte contre « le palu » par ce seul opérateur. Cette pathologie sera ainsi mise à genou en Afrique.

S. : En général, les industries pharmaceutiques investissent dans des secteurs porteurs. Qu’est-ce qui peut bien expliquer l’engagement de Pfizer contre le paludisme qui est une maladie de pauvres ?

C. B. : C’est vrai, le paludisme, en ce qui concerne Pfizer, ne peut pas être le créneau porteur de bénéfice. Mais tout laboratoire doit avoir des objectifs mercantiles et puis des objectifs qui sont quand même philanthropiques. Nous faisons du commerce mais nous n’oublions pas l’être humain. Notre action contre le paludisme doit entrer dans ce dernier domaine. Pfizer en collaboration avec la Fondation Bill Clinton, compte injecter 15 millions de dollars au Sénégal, au Kenya et au Ghana dans des programmes autour du paludisme. Ceci dans le souci de permettre à la population d’avoir plus accès aux produits.

Aujourd’hui si nous regardons les sommes investies dans le paludisme, en terme de médicaments, de recherches ou de sensibilisation, il est clair que le gain n’est pas le premier motif. Une multinationale comme la nôtre se doit de servir les couches les plus démunies.

S. : Ce côté humain que Pfizer tente de présenter n’est-il pas une manière de se faire une bonne conscience ?

C. B. : Il n’a pas besoin de se donner bonne conscience. Pfizer est un laboratoire international qui a décidé d’avoir des opérations en Afrique. A cet effet, des africains ont été responsabilisés pour répondre aux besoins du continent. Pfizer permet à des Africains d’être autour de la table de décision où chaque représentant donne les préoccupations de sa région. La multinationale essaie de couvrir le monde entier. Pfizer, en fonction de la zone et de ses besoins apporte des solutions adaptées.

S. : En dehors du paludisme, y a-t-il un autre domaine d’intervention de Pfizer ?

C. B. : Pfizer intervient dans le domaine cardio-vasculaire. L’Afrique est touchée par la malaria, par la tuberculose, le Sida mais elle n’est pas non plus exempt des problèmes cardio-vasculaires, des problèmes de cancer. Et les produits Pfizer sont des produits de référence en la matière.

La prise en charge médicamenteuse du cancer est non seulement coûteuse mais les produits ne sont pas disponibles. Nous le rendons disponible, mais aussi nous essayons de voir dans quelle mesure, on peut jouer sur leur coût et même voir les méthodes de financement. Nous envisageons par exemple organiser un téléthon en Côte d’Ivoire dans l’optique de récolter des fonds pour aider les malades du cancer.

S. : Que recherche Pfizer sur le Tour du Faso ?

C. B. : Notre objectif en étant ici, est de montrer simplement notre engagement communautaire.

Pfizer en Afrique a une usine de production, a un centre de distribution, a des employés, a des investissements et nous participons à la vie globale de l’Afrique. La vie sanitaire, la vie économique et aujourd’hui la vie sportive. Le Tour du Faso est un événement qui s’affirme. C’est un événement que nous suivons depuis très longtemps. Nous l’utilisons comme support pour la sensibilisation de la population contre le paludisme.

Cela ne fera pas vendre des médicaments, mais ajoute un plus à notre engagement communautaire. Notre engagement communautaire ne s’arrête pas à ça. Si nous prenons le cas du Burkina Faso, vous pouvez interroger le Comité national de lutte contre le Sida, Pfizer est en partenariat et fournit aux malades du Sida, surtout pour les maladies opportunes, un produit efficace appelé le Triconazome.

Interview réalisée par Jérémie NION

Sidwaya

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