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Production artistique : Exit le « Takiborsé ? »

Publié le samedi 6 janvier 2007 à 09h32min

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Ahmed Smani

Il y a juste douze mois, peut-être même moins, le Faso musical rythmait au son d’une cadence appelée « Takiborsé ». C’est vrai qu’il n’est pas aisé d’établir le bilan d’une activité juste un an après et de vouloir tirer des leçons. Mais à voir de près, le « Takiborsé » aura tout simplement existé. Douze mois seulement après.

De tous ceux qui ont fait office de précurseurs, de tous ces groupes nés dans la dynamique de perpétuer un rythme de chez nous, on peut dire vlan. Exception faite de la Cour suprême qui semble avoir transcendé les antagonismes pour redonner aux mélomanes burkinabé du « Takiborsé ». Qu’est-ce qui alors explique cette longévité si éphémère d’un son, d’un bruit qui a suscité en son temps beaucoup d’espoir ?

Les initiateurs observent-ils seulement un repos, ou un repli pour mieux sauter qu’il ne serait pas exagéré de dire que c’est trop tôt. Peut-être que nous mélomanes et dans la grande majorité orphelins d’un rythme purement national à la façon « High live », du Ghana, ou « Mbalax » au Sénégal, avons simplement mis la barre si haut alors que tout n’était que balbutiement, apprentissage.

Et pour ne pas être méchant, amateurisme ! Si tel est vraiment le cas, mea culpa. Même si en vérité nous ne sommes pas encore sortis de l’ornière. La préoccupation alors demeure, à quand des rythmes bien de chez nous pour nous faire danser local et flatter notre ego.
Le landerneau musical, il ne fait aucun doute, regorge de groupes de valeur qui excellent dans des rythmes importés. Mais ce que les Burkinabé attendent, c’est un son purement « traditionnel », « travaillé » avec maestria pour être porté vers des cimes.

L’objectif recherché étant de faire connaître à la fois le musicien et la musique du terroir. C’est cette symbiose, cette fusion que les « vulgarisateurs » du « Takiborsé » avaient réussie. Et faisaient nourrir l’espoir de voir d’autres rythmes bien appréciés de chez nous sortir du confinement traditionnel pour se laisser bercer par des mélodies faites à partir d’un ordinateur. A ce qui est, rare sont ceux qui résistent à l’envie de danser quand le « Warba » joue, ou quand les Bissa dansent ou encore quand les Lobi exécutent leur danse de poitrine.

Et dire qu’on commençait à s’habiller « Takiborsé », à parler « Takiborsé ». Pour tout dire à être « Takiborsé ». Le chemin est long et parsemé d’embûches. Cette trêve, si tant est que ce n’est qu’une trêve, doit pousser à la réflexion dans un cadre approprié pour vraiment parler musique, mais surtout comment valoriser ce que nous avons aussi, qui est bien apprécié du public.

Notre socle culturel où il sera loisible de puiser des rythmes et faire danser les Burkinabé. A y voir de près, le Burkina, pays de culture avec de grandes rencontres culturelles, est malheureusement le seul pays de notre sous-région qui ne peut pas faire danser ses « enfants » au son d’un rythme national. Alors que certains égrènent à souhait leur sonorité, on reste encore confiné à ne parler que de « Couper décaller », Zouk ceci ou Zouk cela, et autres.

C’est certainement des notes au goût et à l’air du temps, mais cela nous éloigne tant de notre moi, qu’il est temps que nos artistes se reprennent et regardent dans le tréfonds de notre patrimoine, ils verront bien de choses qui nous permettent d’aller vers les autres avec notre identité à nous aussi. Sinon, bonjour le mimétisme.

Jean Philippe TOUGOUMA

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 6 janvier 2007 à 19:00, par Malaika En réponse à : > Production artistique : Exit le « Takiborsé ? »

    Bonjour Philippe.
    Il faut donner le temps a ce rythme et a ses precurseurs de s’ancrer dans les moeurs burkinabe
    Nul n’est non plus prophete chez soi. Les autres rythmes exterieurs tant apprecies au Faso ont fait leurs preuves ailleurs que dans leurs pays d’origine.
    Je te souhaite une tres bonne Annee 2007 !

    • Le 8 janvier 2007 à 03:45 En réponse à : > Production artistique : Exit le « Takiborsé ? »

      Journaliste d’ etat ou pas, le journaliste doit etre criotique pour rester l’aiguillon du cavalier aux flanques du cheval. pas seulement en politique. notre journalste ne vuet rien enterrer. Il a seulement une lecture critique de la situation. D ailleurs il ne semble etre sur de rien. Il se fend juste en interrogations. Gardons - nous de vouloir magnifier pour magnifier. Si cela "marche" pour la politique du ventre —et encore !!!— il en va autrement en culture ou il n’ y a pas de "free food" . Ce que l’ on gagne est ce que l’ on a sue pour.Takborseens, ne dormez pas sur vos lauriers. Nous en sommes par exemple au Zoblazo 900%. Demandez a Meiway quelle quantite d’ insommnie.

      • Le 8 janvier 2007 à 23:44, par Togsida En réponse à : > Production artistique : Exit le « Takiborsé ? »

        Si le journaliste n’est sur de rien alors qu’il se taise. On ne critique pas ce dont on n’est pas sur. A moins que vous ne communiquiez pas exactement vos pensees. Mewey a eu le 900% Zoblazo grace a des fans de la production culturelle de l’etranger comme vous, et cela 16 ans apres le 100% qui a paru en 1990-91.Le Takboronse est sorti il y a seulement 1 an/1 an et demi. En specialiste de l’histoire de l’art comme vous semblez etre vous devriez savoir que l’inspiration artistique ne se decide pas ni ne se programme de maniere mecanique. Si je m’accorde avec vous qu’il n’ya pas de "free food" en culture, je vous demanderai si vous pensez que le "fast food" marche en culture. Je suis sur que la reponse sera "non" egalement.
        Mon intention dans ma remarque est qu’il est absurde de vouloir enterrer un rythme qui vient a peine de naitre. Et la remarque en vaut aussi pour les journalistes du prive, nationaux ou non. Vous voulez comme ce journaliste qu’on enterre notre seul rythme federateur digne de ce nom pour seulement consommer les couper-decaler et autres rythmes exotiques dont vous vous engager a en augmenter le pourcentage de croissance, non ? Un peu de serieux.

  • Le 6 janvier 2007 à 22:00, par Togsida En réponse à : > Production artistique : Exit le « Takiborsé ? »

    Philippe, je ne comprends pas votre probleme. Vous semblez avoir un probleme avec le Takiboronse, et alors procedez a son eterrement precoce. ce n’est pas serieux. Ce rythme, qui fait et qui a fait notre fierte, merite notre soutien. Ce que vous ne dites pas clairement est la mort du rythme et du comportement takibprpnse. Ce n’est pas honnete de la part d’un journalite du quotidien d’etat, un journaliste qui recoit sa paie grace a nos contributions fiscales se doit d’encourager l’unique rythme musical federateur de notre pays. Avec ce rythme, tout le monde (de l’est, Nord, Ouest, centre, sud) se sentent a l’aise avec ca. Alors que de nouvelles creations telle Daisy sorte et sont Takiboronse, il est aberrant de vous lire, a moins que vous ne devoiliez clairment vos intensions. Que les groupes Takibornse se cassent ne nous regardent, nous nous interressons a l’effet sur la culture populaire du Faso. Peut-etre que je ne vous comprends pas mais mon impression n’est pas du tout positif sur votre article. Et Du reste, que ce soit le "Gouvernement", la "Pouvoir", il etait clair au debut que c’etait des regroupement temporels pour donner du tonus au mouvement Takiboronse. Alors ne biaser pas l’analyser pour profiter voir tuer le momentum de ce ruthme qui nous rends si fier a l’exterieur du pays.

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