LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

<I>Nouvelle du vendredi</I> : L’appel de la mort

Publié le vendredi 5 janvier 2007 à 10h47min

PARTAGER :                          

Lorsque Bil... s’était levé, je m’en souviens, il était précisément cinq heures et trois minutes. La chambre qu’ils occupaient, son ami et lui était un peu exiguë. Dedans, il faisait toujours noir. Bil.. .promena sa main à la recherche de l’interrupteur. Lorsqu’au hasard de sa promenade manuelle, il le rencontra, alors il rétablit le courant.

C’était l’une des rares fois, je pense, où il se levait à pareille heure, depuis la rentrée. Il voulut se remettre au lit mais se rendit à l’évidence, il n’avait plus sommeil. Il se traîna ici et là dans la chambre, à la recherche de je ne sais quoi. Puis finit par se demander : « Et si je révisais ? ». Il arriva au niveau de sa table d’études, tira un des trois tiroirs et en sortit son cours de droit commercial.

Là, à côté du cours, son regard tomba sur cette carte d’invitation. Elle lui avait été remise à la Fac la veille. A sa vue, il sourit. Sur le joli papier qui brillait sous l’effet de la lumière, l’on pouvait lire : ANZOE Kan invite tous ses potes affairistes (en option droit des affaires) à venir souffler avec lui ses vingt-cinq bougies.

Un seul lieu : le cadre romantique du Old Jack National. Une seule heure : 20 heures après le resto. On était entre étudiants, donc il fallait se référer au temps universitaire. Il y avait même un nota bene où l’on découvrait avec une certaine joie qu’il y aura du P.F. (porc au four pour les intimes), de la Guinness, et les gos à gogo. Bil... remit à sa place la carte puis se saisissant de son volumineux cours, « se mit à table ».

La révision ! Cela faisait déjà une demi-heure, sinon plus que Bil... avait commencé son « boileau », à boire son cours. Cependant, il était toujours à la page un de son cours. Allez comprendre ce qui arrivait à ce gros « boileauman » devant l’éternel. Il était distrait. Je vous le confesse, n’en doutez point.

Et c’était peut-être la maigre bourse qu’il venait d’arracher au FONER (Fonds National pour l’Education et la Recherche) qui le flattait. Elle suscitait en lui des envies de hamburger, de rôti, de Lipton et de je ne sais quoi encore. C’était ainsi, chaque fois qu’il y passait. Il lui naissait subitement des tendances bourgeoises qu’il n’arrivait pas à s’expliquer.

Tandis qu’il parcourait les notes de son prof, un autre Bil..., au fond de lui intimait : « Va te réveiller avec un bon thé Lipton ! ». Cédant avec plaisir à cette injonction, il se leva de sur son travail en lâchant : « Bon j’y vais ! ». Son cohabitant, qui venait d’ouvrir les yeux s’enquit : « Tu dis ? » Mais seul l’écho lui répondit ; Bil... était déjà dehors !

Sur le boulevard. De vieilles femmes. Elles étaient, on aurait dit, sans force. Le temps cruel avait gommé toute trace de beauté en elles. Cependant, courage et volonté ne leur manquaient point. Très tôt ce matin, et pareillement

d’ailleurs aux autres, elles s’étaient armées de brouettes, de pelles, de balais et ambitionnaient de rendre cette voie plus coquette. Au passage de Bil..., les bonnes dames s’arrêtèrent de balayer. Le jeune homme les salua. Elles le saluèrent. Il les trouva âgées pour ce genre d’exercice. Avaient-elles de grands enfants comme lui ? Même qu’il chercha à savoir ce que ces derniers pouvaient bien faire. Tandis qu’il rêvassait, sur l’aile gauche, un bruit de moteur indistinct,

gagnait progressivement du terrain. ANZOE Kan revenait de sa fiesta avec sa bande d’amis surexcités. Il roulait vite, trop vite ! Mais c’était juste comme devait rouler quelqu’un qui venait d’avoir vingt-cinq ans et une bagnole comme cadeau d’anniversaire ! Dans son rallye, Kan ne vit pas son condisciple, qui se dirigeait paisiblement vers le kiosque d’en face. Pouvait-il seulement le remarquer ! Le temps de le réaliser, il avait « aidé » son collègue « affairiste » à traverser plus vite !

Les vieilles femmes occupées plus tôt crièrent, jetèrent qui un balai, qui une pelle, et coururent s’agglutiner autour du corps de Bil... un corps déjà sans vie !

Adamou L. KANTAGBA

Le Pays

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Plongez dans l’univers infini de Space Fortuna Casino