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Côte d’Ivoire : Guillaume Soro pour une "concertation urgente" avec les partis d’opposition

Publié le mardi 2 janvier 2007 à 07h52min

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Guillaume Soro

Le chef des Forces nouvelles (FN), Guillaume Soro a appelé lundi à Bouaké (centre) à une "concertation urgente" avec les partis d’oppositions pour répondre aux propositions d’un "dialogue direct" du président Laurent Gbagbo.

"La main tendue de l’autre camp aux Forces nouvelles doit imposer une autocritique à l’alliance du G-7 (regroupant la rébellion et les partis politiques opposés au président Gbagbo, ndlr). J’invite l’ensemble du G-7 à une concertation urgente à ce tournant décisif de l’histoire de notre pays", a déclaré M. Soro dans son message de nouvel an.

Le 19 décembre, Le président Gbagbo avait proposé l’instauration d’un "dialogue direct" immédiat avec la rébellion qui contrôle le nord du pays et la suppression de "la zone de confiance" qui sépare les deux camps depuis 2002.

Le président ivoirien avait également avancé trois autres "propositions de sortie de crise" : "une amnistie générale" pour "toutes les personnes impliquées" dans la crise ivoirienne, "la création d’un service civique national", qui permettra selon lui d’encadrer 40.000 jeunes dès la fin du mois de février 2007, et "la mise en place d’un programme d’aide aux déplacés de guerre".

"Nul n’a le droit de refuser le dialogue et la concertation, si l’objectif poursuivi est la recherche de la paix", a répondu M. Soro qui a toutefois estimé que "ce dialogue ne peut être envisagé en dehors de la résolution 1721", adoptée le 1er novembre par l’Onu.

Cette résolution a prolongé d’une nouvelle année le mandat du président ivoirien et investi le Premier ministre Charles Konan Banny de pouvoirs très élargis pour mener le pays à des élections d’ici à un an.

"Seule une opposition unie, dans une alliance structurée avec des objectifs communs et précis peut constituer la véritable alternative en Côte d’Ivoire", a poursuivi le leader des FN.

M. Gbagbo a souhaité dimanche que 2007 soit "l’année de la paix et des élections" en Côte d’Ivoire, appelant la communauté internationale à "aider à l’établissement et au succès" d’un dialogue direct avec les FN.

AFP


Le message de Guillaume Soro

Chers Compatriotes,
Chers amis de la Côte d’Ivoire,

L’année 2006 qui s’est achevée avec célébration de la fête de la Tabaski et le début de cette année 2007 de l’ère chrétienne, m’offrent l’occasion de m’adresser à vous.

De même l’actualité de notre pays, qui inquiète au plan national et international exige qu’étant l’un des acteurs principaux du processus en cours, nous nous exprimions pour faire le point de ce qui a été fait et de ce qui reste à faire pour la sortie de crise en Côte d’Ivoire.

Voici déjà quatre (04) ans que les Forces Nouvelles ont engagé le combat pour la Démocratie et la Dignité Humaine en Côte d’Ivoire.
En effet, depuis le 19 septembre 2002, des jeunes Ivoiriens, au prix de leurs vies ont décidé de dire Non à l’Ivoirité et à l’exclusion.
L’Histoire nous enseigne que la défense de toutes les causes nobles se caractérise quelquefois par un long cheminement et un aboutissement souvent laborieux. Je comprends donc et je partage les inquiétudes et les doutes qui assaillent nos compatriotes et tous ceux qui, ici et ailleurs, déploient divers et importants efforts pour aider notre pays à sortir de la crise.
Au moment où commence l’année 2007, je salue la patience, l’endurance et l’abnégation du peuple ivoirien face aux difficultés.

Chers compatriotes,

L’année 2006 a été particulièrement éprouvante pour tous. Aucune couche sociale n’a été épargnée.

Le monde religieux a été éprouvé par la disparition de certaines autorités religieuses : Monseigneur Vital Yao Komenan, ancien évêque de Bouaké, Monseigneur Auguste Nogbou, ancien évêque de Korhogo, l’Imam Tiémoko Diarra, anciennement représentant du Conseil supérieur des Imams à Bouaké.

J’exprime une pensée pieuse à tous nos disparus, à leurs familles et à leurs amis.

Par ailleurs, des milliers de musulmans, n’ont pu effectuer cette année le pèlerinage à la Mecque, et ont dû célébrer dans l’amertume la fête de la Tabaski. Je leur exprime, au nom des Forces Nouvelles, notre compassion, notre désolation et tout notre soutien. Je les exhorte à prendre courage et à garder espoir.
Je ne peux ignorer la tragédie des déchets toxiques provoquée par des irresponsables qui n’ont pas hésité, face au gain facile, à donner la mort à leurs concitoyens. Les auteurs présumés doivent être mis à la disposition de la Justice, jugés et condamnés de façon exemplaire.

La conscience de l’intérêt général et la responsabilité qui doivent animer tout serviteur de l’Etat, ne permettent pas, qu’après un tel crime, les personnes nommément désignées par la commission d’enquête comme responsables, puissent reprendre leurs postes au mépris des souffrances des populations.

C’est pourquoi, je m’insurge contre la signature des décrets les réinstallant dans leurs fonctions respectives.

Pour nous, ces décrets doivent être rapportés et les dirigeants limogés à cette occasion doivent être réinstallés.

Ivoiriennes, Ivoiriens,

La défense des intérêts du peuple et la recherche de son bonheur et de sa prospérité, ont toujours été notre combat. Cela n’a point varié en 2006, et demeurera notre objectif pour l’année 2007.

Aujourd’hui, nos zones sont viables et bien sécurisées. De plus, la professionnalisation de notre outil de défense et de sécurité, à travers les directions générale de la police et de la gendarmerie, des investigations, et des forces paramilitaires, est un autre gage de sûreté et d’espoir pour tous.

Ces efforts payants vont permettre bientôt la réouverture des banques et établissements financiers, des juridictions et établissements pénitentiaires et le redéploiement de leur personnel dans nos zones.

En outre, conscients des difficultés de nos populations paysannes vivant essentiellement de l’anacarde et du coton, j’ai moi-même présidé le séminaire sur l’anacarde et la seconde journée cotonnière organisés respectivement à Bouaké et à Korhogo.

Le séminaire sur l’anacarde a été l’occasion d’inviter tous les acteurs de cette filière à relever le défi de l’organisation et de la maîtrise de tous les paramètres de productions et de commercialisation au profit des populations.

Les assises sur le coton ont permis d’engager davantage les égreneurs à s’acquitter de leurs dettes envers les paysans et de rassurer les opérateurs économiques intéressés. Certes, beaucoup reste à parfaire. C’est pourquoi, j’entends pour l’année 2007 procéder à la restructuration du Comité de suivi du coton pour le rendre plus opérationnel.

Dans le domaine de la santé, des efforts s’imposent pour la réouverture des hôpitaux et des dispensaires encore fermés. Les effectifs en personnel et le matériel sanitaire restent à améliorer.

C’est pourquoi, je me félicite de la réouverture à Korhogo de l’Institut National de Formation des Agents de Santé, qui permettra de répondre sans nul doute à cette préoccupation.

Quant à l’Ecole, elle est prise en otage et des générations d’enfants sont aujourd’hui exposés à un véritable génocide intellectuel. La raison réside dans la volonté de nuisance du Ministre de l’Education nationale. Ceci est inacceptable. A titre d’exemples, les budgets de fonctionnement des DREN sont détournés à d’autres fins. Les personnels enseignants, ayant contribué à sauver l’Ecole dans nos zones, sont abusivement affectés au Sud pour dérégler le système. 4000 nouveaux enseignants recrutés parmi les jeunes patriotes pour servir une cause politique sont destinés à les remplacer.

A cela s’ajoute la longue grève des enseignants du primaire qui a aggravé la situation de notre Ecole. L’espoir est permis. Et nous travaillons pour y remédier.

L’année 2007 sera décrétée année sociale dans nos zones. De nouveaux efforts seront consentis pour répondre aux propositions qui ont été formulées à l’occasion de mes rencontres avec les communautés.

Ivoiriennes, Ivoiriens,

La paix est possible, la réconciliation aussi. C’est en quête de celles-ci que de nombreuses négociations ont eu lieu et des accords conclus. Je salue SEM Kofi Annan, qui par son brillant passage à l’ONU a su donner des motifs de fierté à l’Afrique entière.

C’est également le lieu de rendre un hommage appuyé à l’ensemble des pays membres de la CEDEAO et de l’Union Africaine, dont l’appui n’a jamais fait défaut à notre pays.
A présent, les leaders ivoiriens doivent se doter de l’indispensable volonté politique sans laquelle aucun accord ne peut aboutir. De même, tous les Ivoiriens doivent s’impliquer dans la mise en œuvre des différents accords et des résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU, tout en se donnant les moyens de quérir la paix. Les exemples du Libéria, du Burundi et de la RDC sont assez éloquents pour nous inciter à nous en inspirer avec humilité.
Chez nous en Côte d’Ivoire, le mandat constitutionnel du Président de la République a expiré depuis octobre 2005. Pour pallier le vide constitutionnel, le Conseil de sécurité de l’Onu, faisant suite aux recommandations de l’Union Africaine a adopté la Résolution 1633, aux termes de laquelle le mandat du Chef de l’Etat a été prorogé, et un Premier Ministre acceptable par tous a été désigné.
Acteur important de la crise, les Forces Nouvelles n’avaient pas été consultées. Toutefois, au nom de la paix, nous y avions souscrit pour éviter à la Côte d’Ivoire de basculer dans le chaos et l’anarchie.

Cette résolution, bien que contenant des ambiguïtés que nous avions dénoncées, posait clairement les questions essentielles du processus de sortie de crise, à savoir :

- l’identification générale des populations,
- le processus électoral,
- le processus de désarmement des forces en présence.

Les nombreux obstacles volontairement orchestrés par le clan présidentiel n’ont pas permis d’atteindre les objectifs assignés. Au nombre de ces blocages, le boycott des audiences foraines, émaillé par de nombreux morts, a constitué le point culminant et infranchissable.

A l’approche du 31 octobre 2006, face à l’échec évident de la mise en œuvre de cette résolution, les Forces Nouvelles ont fait un diagnostic sans complaisance, en proposant un plan de quatre solutions susceptibles de résoudre définitivement et durablement la crise que traverse notre pays. Ce sont :

1. la suspension de la Constitution ivoirienne ;

2. la mise en place d’un état-major intégré pour procéder à la réunification des deux armées en présence ;

3. la mise en œuvre du processus d’identification ;

4. la mise en place d’un nouveau cadre institutionnel.

Nous étions en droit d’espérer que la communauté internationale tire les mêmes conséquences que nous, de l’échec de la Résolution 1633 et décide d’opérer une véritable rupture.
L’adoption de la Résolution 1721 a malheureusement reconduit les mêmes ambiguïtés, démontrant ainsi que la communauté internationale n’a pas su être unie, cohérente et conséquente sur un véritable schéma de sortie de crise en Côte d’Ivoire.

Tirant avantage de cette situation, le clan présidentiel a immédiatement rejeté la résolution 1721, de sorte que deux mois après son adoption, la Côte d’Ivoire se retrouve dans l’impasse la plus totale.

Ne disposant que de pouvoirs théoriques ou supposés, les initiatives du Premier Ministre ont été jusqu’à présent vouées à l’échec.

Tirant les conséquences de l’impasse actuelle, il est arrivé le moment de prendre des décisions courageuses.

C’est pourquoi, les Forces Nouvelles décident de marquer le pas ; et en appellent à la communauté internationale, garante des Accords, pour qu’elle se donne les moyens d’amener tous les acteurs, sans exclusive, à endosser pleinement et entièrement la Résolution 1721.

Car, il ne sert à rien de tenir sur un seul pied.

Chers Compatriotes, Chers amis de la Côte d’Ivoire,
Depuis quelques temps, il est fait échos dans la presse de négociations entre les Forces Nouvelles et le Chef de l’Etat.
Je tiens à dire que de telles négociations n’ont jamais eu lieu. En revanche, le Chef de l’Etat ivoirien a sollicité son homologue du Burkina Faso, Son Excellence Monsieur Blaise Compaoré, pour souhaiter des négociations directes avec les Forces Nouvelles. Cette sollicitation a été reprise et rendue publique par le Chef de l’Etat lui-même, le 19 décembre 2006 dans une intervention télévisée.

Je sais que les Ivoiriens sont en droit d’être surpris par ce subit revirement, que rien ne laissait présager.

Quant à nous, Forces Nouvelles, depuis le début de la crise, nous avons toujours été aux rendez-vous de la concertation et du dialogue. Tantôt demandeurs, voire quémandeurs, de Lomé à New York, en passant par Linas Marcoussis, Accra et Pretoria, nous n’avons jamais manqué une seule occasion de dialoguer. Toutes nos participations aux différents sommets sur la Côte d’Ivoire doivent être inscrites sur la longue liste de la volonté continue qui nous anime de privilégier la voie de règlement de la crise de notre pays, par le dialogue. Ce dialogue aurait dû venir plus tôt !

Nul n’a le droit de refuser le dialogue et la concertation, si l’objectif poursuivi est la recherche de la paix. Toutefois, ce dialogue ne peut être envisagé en dehors de la Résolution 1721. Il me semble donc urgent, avec la participation de tous, de mettre en œuvre pleinement cette résolution.

Ivoiriennes, Ivoiriens,

La main tendue de l’autre camp aux Forces Nouvelles, doit imposer une autocritique à l’alliance du G7. Cette alliance existe-elle vraiment encore ? Est-elle sincère ?

A l’occasion du processus de désignation d’un nouveau Premier ministre au lendemain du vote de la Résolution 1633 en octobre 2005, le remue-ménage et la multitude de candidatures issues du G7 ont mis en exergue quelques signes évidents de fébrilité. Nos alliés doivent se débarrasser du complexe de la rébellion. Seule une opposition unie, dans une alliance structurée avec des objectifs communs et précis peut constituer la véritable alternative en Côte d’Ivoire. Le peuple ne nous pardonnera pas de manquer une telle opportunité.

C’est pourquoi, au nom des Forces Nouvelles, j’invite l’ensemble du G7 à une concertation urgente, à ce tournant décisif de l’histoire de notre pays.

Chers compatriotes,

Nous sommes condamnés à vivre ensemble. Notre détermination à œuvrer pour le retour de la paix chez nous, doit enfin nous obliger à résoudre ensemble nos problèmes dans la vérité, la justice et la reconnaissance des droits et devoirs de chacun.

Pour tous, je souhaite que 2007 soit une année de bonheur, de santé et de joie retrouvée.

2007, par l’effort de tous, doit être une année utile pour la Côte d’Ivoire et pour les Ivoiriens.

Que 2007 soit une année d’espérance où la Côte d’Ivoire doit se réconcilier avec elle-même et avec le reste du monde.

Vive les Forces Nouvelles !

Vive la Côte d’Ivoire !

Je vous remercie !

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