Prise dans l’engrenage des égoïsmes et des intérêts bassement humains, la religion est à l’origine d’incompréhensions diverses, de troubles récurrents et finalement de fractures sociales.

L’extrême danger du fait religieux négatif vient de la réserve et de l’hypocrisie dont s’entourent ceux qui, confrontés à la situation, sont obligés ou se croient obligés de s’entourer. Moyennant cette fuite en avant, des dérives sociales fondées sur la religion sont en train de se mettre en place au vu et au su de tout le monde. Que fait-on par exemple de la vie privée, du libre-arbitre ou de l’engagement présent d’un citoyen lorsqu’on l’agresse jusque dans sa chambre dont on tambourine la porte un beau matin de samedi sous prétexte de lui apporter la bonne nouvelle ?

Doit-on comprendre qu’une religion n’a de sens que lorsqu’on a réussi à la faire adopter par ceux qui ne se sont pas montré suffisamment avisés pour la préférer à d’autres options ? Voilà autant de questions que l’intégrisme des uns, l’intolérance des autres et l’hypocrisie des uns et des autres font germer dans l’esprit de leurs concitoyens. Mal vécue, mal comprise et mal pratiquée, la religion constitue une source permanente de tracas et de divisions dont l’accumulation aboutit fatalement à l’explosion.

Les tueries de 1976 qui ont mis aux prises des adeptes de divers courants religieux, la réouverture officielle il y a peu à Ouagadougou d’une mosquée fermée sur ordre des autorités et bien d’autres détails peu connus du grand public montrent que le Burkina n’est pas à l’abri des remous que peut créer intégrisme ou intolérance.

Il y a quelques semaines, la presse a fait écho des plaintes d’une citadine qui a raconté dans le détail comment des nuisances distillées sous le couvert de la religion ont affecté et sa propre quiétude et les performances de sa fille contrainte de préparer un examen dans de telles conditions.

Les risques de dérives intégristes existent bel et bien au Faso

Jusqu’à nouvel ordre, le Burkina est un pays laïc et c’est sous cet angle que la cité doit être régulée pour ne pas donner aux uns l’impression d’être les otages des engagements religieux des autres. Intégrisme, dérives diverses et intolérance religieux sont le fait d’incultes et de m’as-tu vu, jamais d’exégètes ou de croyants sincères et intègres.

C’est la raison pour laquelle amalgames et mésinterprétations sont courants dans les situations qu’ils finissent par créer.

Ils commencent par des attitudes anodines toujours reconnaissables par leurs conditions de porte-à-faux d’avec la législation ou l’environnement ; tapages indus, agressions de la vie privée, squattage de lieux non affectés, mépris des convenances, négation de toute opinion contraire etc.

Ces maux doivent être détruits au moment même où ils bourgeonnent car leur pérennisation sous les regards hypocrites ou désintéressés leur donne une certaine légalité aux yeux de leurs commettants.

Lorsque, sous la pression d’autres citoyens, les autorités tenteront au bout d’un certain moment de circonscrire le phénomène, elles se heurteront alors à une situation qui a déjà pris racine et à la fronde de ceux qui se considèrent dans cet état de fait comme dans leur droit.

Luc NANA

L’Hebdo