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Musique : NANDJESS veut voir l’avenir en rose

Publié le mardi 2 janvier 2007 à 07h24min

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Fatima Zongo, "Nandjess"

Fatima Zongo dont le surnom est une contraction du mooré signifierait à peu près ceci : "Tu verrasl’avenir..." est une jeune chanteuse burkinabè que certains téléspectateurs ont déjà eu l’occasion de voir sur les écrans de la TNB avec le morceau How ou où (c’est de l’anglais, mais nous, en dioula).

Elle n’a pas encore de disque sur le marché burkinabè, même si son tout premier album de huit titres enregistré à Bamako chez Samba Diallo et à Ouaga avec Alain Nyamé, n’est disponible qu’au bord du Djoliba. La raison est toute simple : Nandjess s’est auto-produite jusqu’ici et comptait sur un producteur national pour se lancer véritablement. Mais Hélas ! Malgré les promesses, elle attend toujours Godot.

Née à Réo en 1985, cette jeune demoiselle originaire de Tita a fait une partie de son enfance en Côte d’ivoire (Vavoua) "enlevée à sa mère et confiée à une tante" dès le berceau. Afrique mystérieuse ! C’est là-bas dans son exil forcé, lorsqu’elle avait envie de calmer son âme en peine après les dures journées de maltraitance, sa seule joie lui était procurée par un employé de la plantation qui maniait avec art les cordes d’une guitare espagnole. Seuls moments de bonheur d’une enfant qui subissait férule à la moindre occasion.

N’en pouvant plus, à peine adolescente, la petite Fatima décide de regagner sa patrie le Burkina Faso. Elle n’avait alors que 13 ans lorsqu’elle emprunte un transport en commun grâce aux 10 000F CFA que lui aurait offerts le boutiquier du voisinage qui assistait impuissant à ses supplices. Cette dure histoire qu’elle conte sans sourciller, se poursuit quelque peu, une fois au bercail.

Retrouver son chemin, ses parents, sa mère qui avait quitté ce milieu qui lui avait retiré le fruit de ses entrailles ne furent pas chose facile. Et puis, ici au Faso, la vie est dure ! Surtout lorsqu’on est jeune demoiselle sans niveau scolaire. Mais Fatima qui dès l’âge du biberon en a vu des vertes et des pas mûres, tient tant bien que mal.

Alors, en 2000 elle prend le micro dans un groupe de jeunes rappeurs bobolais qui ne fera pas long feu. Déjà piquée par le virus de la musique, elle suit des cours du soir une année seulement à l’école Hamdallaye tout en travaillant dans une auberge restaurant dans le quartier Souroukoukin à Bobo-Dioulasso, pour tout simplement apprendre le français et pouvoir composer des chansons dans cette langue.

Pari tenu, pour cette polyglotte qui manie aussi bien le dioula, le mooré que le lyelé. Quel courage ! L’album RACE chanté en dioula, français, et lyelé est un véritable cocktail de rythmes. Du mandingue au binon du Sanguié sur des notes de rap. La voix est belle et envoûtante, le message plein d’émotion.

Le tempo serait certes excellent dans les meilleures conditions d’arrangement, mais pour un début, l’entreprise est audacieuse. Grâce à un contrat signé en 2004 avec Mali K7 elle a pu vendre 2000 exemplaires aux bords du Djoliba, ce qui lui a permis de revenir s’installer au pays. Mais voilà que les économies s’épuisent et Nandjess a du mal à décoler au Faso faute de soutien conséquent.

Nandjess, pourrait servir d’exemple pour ces nombreuses jeunes filles qui subissent la cruauté des grandes personnes si elle parvient a monter au zénith de l’art qu’elle affectionne. Jeune femme refusant de subir les travers de la vie, se dressant contre l’adversité qu’elle a connue très tôt tel est son credo. C’est pourquoi elle n’hésite pas à foncer pour réaliser sa passion en comptant d’abord sur ses propres forces.

Malheureusement, la réussite artistique ne se contente plus de nos jours du seul talent et de la volonté, il faut aussi les moyens. Et c’est ce qui fait cruellement défaut à de nombreuses vedettes comme Nandjess dans un milieu où les mécènes ne se bousculent pas aux portillons. A bon entendeur...

Ludovic O. Kibora

L’Evénement

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