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2006, année des crises énergétiques : Les pauvres paient les frais

Publié le samedi 30 décembre 2006 à 10h25min

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S’il y a un fait qui a inquiété, torturé, basculé l’économie mondiale au cours des douze derniers mois, c’est bel et bien la hausse vertigineuse des prix de « l’or noir ». Les Burkinabè ont fortement ressenti cette flambée des cours du baril qui, à bien des égards, a provoqué des dégâts collatéraux sur les finances.

Incontestablement, 2006 a été une année des crises énergétiques. Lesquelles ont été accentuées par la guerre au Proche-Orient et en Irak, les essais nucléaires nord coréenns, l’envolée de la demande énergétique mondiale depuis trois ans (2,4 % en moyenne contre 1,2% pour la période 1990 -2001) et surtout la vitalité de la croissance économique mondiale (4 % en moyenne et un record en 2004 de 4,8 % le taux le plus élevé des 15 dernières années). Entre 2004 et 2006, jamais le prix du pétrole n’a connu une telle augmentation dépassant plus de 40 %.

La hausse brutale du prix du baril de 20 à 65 dollars a été une catastrophe pour des pays pauvres aux économies fragiles et non producteurs de pétrole comme le Burkina. Si les deux premiers chocs pétroliers (1973 et 1979) résultaient d’une rupture de la production de pétrole, les analystes sont unanimes à reconnaître que la flambée des cours du baril cette fois-ci est le fait d’un choc de la demande constatée et vécue depuis 2000.

Par exemple en dépit d’un ralentissement de la croissance de la demande entre 2000 et 2002, les prix sont restés durablement au-dessus de 24 dollars. Sans oublier qu’en 2003, la fourchette de 22 à 28 dollars fixée par l’OPEP en mars 2000 va passer de 25 à 32 dollars puis de 27 à 35 dollars en 2004 en raison de la baisse de la monnaie américaine.

2006, c’est la montée des prix en cascade.

En 2005, sans fixer officiellement les prix, la réunion de Vienne (Autriche) accrédite implicitement une valeur cible du panier de l’OPEP de 40 dollars US.

La hausse a été tellement prononcée qu’elle a atteint en milieu d’année la barre des 75 dollars US, les analystes avaient alors prédit qu’elle franchirait le record de 78 dollars US. Pour les pays non producteurs de l’or noir, ce choc va entraîner une paralysie de leurs économies déjà fragiles. Il va stopper les activités de transport par route, peu profitable surtout lorsque le pays est enclavé à l’image du Burkina Faso, du Mali, du Niger.

Le choc pétrolier en 2006 a également atteint les taximen dont l’activité supplée l’absence de système de transport en commun dans les villes. Première conséquence dans les taxis, on s’y entasse à cinq ou à six à charge pour le chauffeur de trouver l’itinéraire optimal pour amener chacun à sa destination. De nombreuses voitures arrivaient à la station de service poussées par leurs conducteurs.

Difficile d’évaluer dans ce cas, le carburant qui reste dans le réservoir quand la jauge ne fonctionne plus depuis longtemps. Si c’est un taxis, les passagers, résignés, poussent. L’arrêt momentané en septembre dernier des bus de la SOTRACO n’est sans doute pas étranger à la hausse du prix du pétrole. Dans la foulée des montées, certains Ouagavillois par souci d’économie de carburant n’hésitent pas à éteindre leur moteur au feu. Plusieurs Burkinabè ont dû réajuster leur déplacement du fait des prix exorbitants de carburant.

L’ampleur du phénomène a même obligé les syndicats à inscrire la baisse des hydrocarbures dans leur agenda de lutte contre la vie chère et dans la reprise des négociations gouvernements syndicats tenues au dernier trimestre de l’année. Par contre, les pays producteurs de pétrole ont profité de la contrepartie en bénéficiant d’une accumulation d’excédents financiers considérables. La hausse des prix du brut ont rapporté à l’Algérie un excédent de balance commerciale d’environ 30 milliards de dollars entre janvier et novembre 2006. Ce, malgré une chute des cours du baril en décembre entre 60 et 63, 50 dollars US.

S. Nadoun COULIBALY

Sidwaya

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