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La Côte d’Ivoire plus divisée que jamais, loin de la "réconciliation nationale"

Publié le lundi 12 avril 2004 à 11h16min

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La Côte d’Ivoire semble plus divisée que jamais depuis les affrontements sanglants qui ont suivi la répression d’une manifestation interdite de l’opposition le 25 mars, en dépit de l’arrivée des Casques bleus de l’Onu censés aider le pays sur la voie de la "réconciliation".

Vendredi, le comité international de suivi des accords de Marcoussis (signés en janvier 2003 en France pour mettre fin au conflit né d’un soulèvement armé) s’est inquiété "de l’impasse dans laquelle paraît s’enliser le processus de paix et de réconciliation, caractérisée par la situation de paralysie gouvernementale qui s’est installée et l’arrêt du programme de désarmement".

Dans un pays coupé en deux depuis l’insurrection de septembre 2002, les accusations se sont remises à pleuvoir depuis le "jeudi noir" du 25 mars et les affrontements qui ont fait 37 morts selon la police, 200 selon une ONG de défense des droits de l’Homme, 350 à 500 selon l’opposition.

Parmi les partisans du président Laurent Gbagbo comme chez les ex-rebelles des Forces nouvelles (FN) et les partis d’opposition, qui boycottent le "gouvernement de réconciliation nationale", personne ne semble prêt à la moindre concession. La radicalisation des discours suit la dégradation de la situation politique.

Dans le camp présidentiel, on voit des "rebelles" et des "terroristes" partout. L’opposition est accusée, au mieux, d’avoir voulu organiser une provocation en se fabriquant des "martyrs", au pire d’avoir tenté une "insurrection armée".

"Les rebelles n’ont pas abandonné leur logique de confrontation. Donc les deux camps sont dans cette logique. A Abidjan, nous sommes comme une tribu assiégée", juge un responsable du parti du président Gbagbo, le Front populaire ivoirien (FPI).

Charles Blé Goudé, leader des "jeunes patriotes", activistes pro-Gbagbo, a de son côté écrit une lettre menaçante au Premier ministre Seydou Diarra : "M. le Premier ministre : vous êtes un rebelle !"

"Vous et vos compagnons du grand groupe rebelle finirez toujours dans le mur", écrit-il dans cette missive largement reprise par la presse, l’accusant de "double jeu", d’"ambition démesurée" et d’"hypocrisie".

En face, on dénonce la "répression" et la "dérive sécuritaire" du régime, accusé de "génocide", "massacres", "tueries" et "boucherie".

"Nous condamnons énergiquement les pratiques répressives contraires aux libertés démocratiques qui deviennent le mode de gouvernement d’un parti minoritaire fascisant et violent", écrivait mardi l’ancien président Henri Konan Bédié, chef du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, ex-parti unique).

Les organisateurs de la manifestation avortée du 25 mars ainsi que les Forces Nouvelles (FN), l’ex-rébellion qui tient toujours la moitié nord du pays, réclament désormais un Tribunal Pénal International pour juger les exactions perpétrées depuis l’élection présidentielle d’octobre 2000.

Certains journaux d’opposition font le parallèle avec le génocide rwandais, dont on célèbre le 10ème anniversaire. "Un génocide est en cours", titrait jeudi en "une" Le Patriote, un journal du RDR (Rassemblement des républicains), le parti de l’opposant Alassane Ouattara.

Les Forces nouvelles, elles, brandissent à nouveau le spectre de la sécession. "Si nous pouvons nous gérer, nous n’avons plus besoin d’Abidjan", a prévenu leur chef Guillaume Soro, annonçant la prise en charge des salaires des militaires des FN fin avril.

Pendant ce temps, la Commission nationale de désarmement, un processus essentiel qui n’a toujours pas démarré, continue de payer des pleines pages dans les journaux pour prêcher la réconciliation.

AFP

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