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Faits divers : Elle fait enfermer deux soeurs au commissariat central

Publié le mardi 26 décembre 2006 à 06h43min

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Dans cet article, nous taisons sciemment les noms de certaines personnes dont les fonctions et les attitudes dans l’affaire pourraient créer un scandale au vu de la délicatesse du problème. Nous les citerons et les dénoncerons en temps opportun. Le ton est ainsi donné dans cet écrit d’un témoin d’une affaire assez troublante de fugue de domestique et d’arrestation de deux soeurs restauratrices.

Jeudi 14 décembre 2006, aux environs de 20h30, un inconnu se présente à un restaurant sis à Gounghin avec une convocation. Celle-ci émanait de la police et interpellait les deux sœurs qui gèrent ledit restaurant à se présenter le vendredi 15 décembre à 15h30 au commissariat central de Ouagadougou.

Pour mémoire, l’affaire remonte à début novembre 2006 où les deux restauratrices avaient hébergé une petite fille de 14 ans qui disait chercher du travail afin d’avoir son transport pour retourner au Togo, parce que sa patronne la maltraitait. Ladite patronne aussi est Togolaise et mariée à un Burkinabè. La fille restera donc une semaine, avant d’être retrouvée par sa patronne qui, sur place, l’aurait fait tabasser par deux jeunes qui l’accompagnaient. Tout semblait rentré dans l’ordre lorsque deux semaines après, la petite fit une deuxième fugue. Naturellement, le couple plaignant, se présentait une fois de plus chez les restauratrices pour s’enquérir des nouvelles de leur employée. Mais la petite n’y était pas, et c’est là que le couple menaça d’envoyer les restauratrices en prison pour enlèvement d’enfant. C’est ce qui fut fait trois semaines plus tard, c’est-à-dire le vendredi 15 décembre dernier.

Lorsque nous nous sommes déportés sur les lieux au commissariat central vers 16 h, les deux restauratrices y étaient déjà, attendant d’être interrogées. Après l’interrogatoire, on décida de les garder à vue, "au violon", pour nécessité d’enquête puisque c’était le week-end. Nous avons tenté en vain de joindre l’officier pour en savoir davantage mais sans suite. On ne nous autorisa pas non plus à voir les deux prévenues.

Le lendemain samedi, nous sommes à nouveau sur les lieux, sans succès. Vers 11 h, nous nous déportons dans la famille du couple plaignant. C’est madame qui nous reçut, monsieur étant sorti. C’est dans son salon qu’elle nous raconta sa version des faits.

Une habitude de faire venir des filles du Togo

Elle nous apprit que depuis près de vingt ans qu’elle vit avec son mari au Burkina, elle a l’habitude de faire venir du Togo, des filles et fillettes dont l’âge est compris entre 12 et 18 ans . Celles-ci travaillaient à son compte et lorsqu’elles atteignaient la majorité, elle les rapatriait. Abordant le cas de la petite qui a disparu, elle nous a avoué qu’elle avait 14 ans et qu’elle faisait les travaux domestiques chaque matin avant de sortir avec une glacière pour vendre des jus toute la journée. A la question pourquoi la petite avait fui le domicile à deux reprises, elle répliqua que celle-ci ne devait pas être normale. Nous demandâmes donc à voir les deux déclarations de perte d’enfant que le couple aurait dû faire au commissariat ou à la gendarmerie : rien. Elle se réfugia dans un silence et finit par dire que c’est son mari qui avait fait toutes les démarches.

Dès cet instant, tout fut clair dans notre esprit. Nous avons cherché à comprendre, en nous posant les questions logiques dans ce genre d’affaire et avons relevé des anomalies :

- L’OPJ a-t-il exigé les deux déclarations de perte que le couple devait présenter sur place avant d’engager la procédure ?

- Pourquoi c’est seulement trois semaines après que le couple décide de porter plainte sans avoir vu la petite au domicile ou au restaurant des deux soeurs ?

- Comment une petite de 14 ans a-t-elle pu franchir la frontière burkinabè jusqu’à Ouagadougou (sans complicité aucune), au moment même ou l’opinion nationale et internationale tirent la sonnette d’alarme à propos du trafic d’enfants ?

- Depuis une vingtaine d’années que le couple fait venir des Togolaises pour les employer au Burkina, qui lui assure couverture et laissez-passer ?

- Pourquoi le couple n’a-t-il pas contacté le Togo pour savoir si la petite n’y était pas déjà ?

- Y a-t-il un antécédent entre le couple et les restauratrices pour qu’il y ait tant d’acharnement sur celles-ci ?

Tout porte à croire que cette affaire n’est rien d’autre qu’un montage dans lequel le couple veut abuser de l’autorité et des relations qu’il a pour nuire aux deux restauratrices. Car jusqu’au mardi 19 décembre, en plus des quatre jours de détention les deux soeurs étaient toujours gardées dans les locaux du commissariat. Pourtant nous savons que le Code pénal burkinabè prévoit une garde à vue de cinq jours maximum. Raison : bien sûr pour prolonger la garde à vue qui constitue une torture morale pour les pauvres dames qui n’ont personne d’autre au Burkina pour leur venir en aide.

Le flou qui entoure cette affaire nous amène à alerter toutes les structures et associations qui luttent contre le trafic des enfants à s’intéresser de près à ce phénomène qui change de figure de jour en jour.

Nous suivons l’évolution de l’affaire pour l’opinion publique et nous nous tenons prêts à relever toutes les indélicatesses et autres magouilles qui se trament. Que les vrais coupables soient punis et les innocents innocentés afin que le Faso soit véritablement un havre de paix pour tout le monde.

PDG, un témoin

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 26 décembre 2006 à 12:03, par internaute anonyme En réponse à : > Faits divers : Elle fait enfermer deux soeurs au commissariat central

    Vive la "Démocratie selon le CDP" ! Votre article résume à lui tout seul "l’état de droit" en cours dans notre cher Faso ! C’est un vibrant hommage à l’adage de La Fontaine : "La raison du plus fort, est toujours la meilleure" ! Hélas, c’est la triste et révoltante réalité qui prévaut dans notre Faso bien aimé ! Du reste, ceci n’est un secret pour personne ! J’en veux pour preuves les affaires Norbert ZONGO et compagnie ! Eh oui ! Que DIEU nous sauve ! AMEN !

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