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Palestine : A quoi sert la démocratie ?

Publié le mardi 26 décembre 2006 à 07h04min

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Mahmoud Abbas, le président palestinien et Ehoud Olmert, le Premier ministre israélien, veulent relancer le processus de paix bloqué depuis 2000. Ils se sont retrouvés samedi pour en parler. Reste à savoir comment ils vont y parvenir en marginalisant, comme ils le font avec tant d’abnégation, le Hamas porté au pouvoir par des élections démocratiques.

La situation sociopolitique chaotique en Palestine est la conséquence d’un malentendu entre le peuple et les dirigeants palestiniens, d’une part, et Israël et ses alliés occidentaux, de l’autre. Les premiers avaient cru qu’en s’inscrivant dans une dynamique démocratique et en portant au pouvoir les responsables de leur choix, ils seraient enfin frappés du label de "pays démocratique à fréquenter et à encourager".

Les seconds n’avaient jamais imaginé ce qui apparaît comme un scénario du pire pour eux, la victoire du Hamas, organisation politico-religieuse fichée comme terroriste par Israël et les Etats-Unis. Leur voeu n’ayant pas été exaucé, les Occidentaux ont entrepris dès lors un travail de sape vis-à-vis du nouveau gouvernement palestinien, avec la complicité du Fatah qui n’a jamais digéré sa défaite.

Tout a été entrepris pour asphyxier, discréditer, affaiblir et neutraliser le parti du Premier ministre. On n’a pas eu de scrupule à tuer d’innocents civils, à couper les aides budgétaires, à geler les fonds revenant de droit aux Palestiniens. On a voulu avoir le Hamas à l’usure en usant de méthodes barbares dignes des âges éculés dont les premières victimes ne sont que les populations palestiniennes.

Quand Israël et ses alliés sont obsédés par une mission, fût-elle aux antipodes des droits des peuples à élire les dirigeants de leur choix, rien ne les arrête. Le résultat, après toutes ces manoeuvres aussi sordides les unes que les autres, est le blocage politique et institutionnel doublé de violences fratricides auquel la Palestine fait face, depuis l’annonce d’élections anticipées par le président.

Une sacrée aubaine, pour Israël. Non seulement le pays d’Ehoud Olmert est parvenu à asphyxier économiquement la Palestine, mais en plus il a réussi à fragiliser le Hamas et, pire, à provoquer une violence inter-palestinienne. C’est la pire des situations qui pouvait arriver à un peuple en lutte pour son indépendance. Israël peut se fotter les mains car il n’aura pas eu besoin d’utiliser ses chars, ses commandos ou ses tirs ciblés.

La convocation d’élections anticipées participe de la stratégie d’élimination du Hamas. Croyant la population désormais prête à désavouer le Hamas après tous ces mois d’épreuves, le Fatah veut asséner le coup de grâce. En cela, le parti de Mahmoud Abbas joue le jeu d’Israël pour assurer sa propre survie politique. Il s’agit de dire aux Palestiniens qu’avec le Hamas, le pays a été plongé dans une grave crise et que le Fatah est l’unique alternative à la paix. D’ailleurs, lors de leur rencontre de samedi dernier, Olmert et Abbas se sont présentés en sauveurs de la situation.

Pourtant, personne n’est dupe de la vraie volonté du président israélien de diviser les acteurs politiques palestiniens tout en rehaussant son image très affectée dans son propre pays après la guerre ratée au Liban, entre autres. De même, Olmert et Abbas ne peuvent convaincre de leur bonne foi parce que par le passé, le Fatah n’a pas fait mieux en matière de gouvernance.

En définitive, Mahmoud Abbas ne doit pas trop vite se réjouir de ses nouvelles retrouvailles (connivences ?) avec l’axe israélo-américain. Il risque d’être un instrument aux mains de ces puissances qui n’hésiteront pas un seul instant à lui faire subir le même sort qu’aux dirigeants du Hamas s’il s’avisait de dépasser certaines limites. Car les sujets tabous, qui restent la libération des territoires occupés et la création d’un Etat palestinien, ne sont pas abordés. De ces questions, les Israéliens ne veulent point en entendre parler.

Moralité de cet imbroglio moyen-oriental : une élection démocratique ne vaut que si le dirigeant qui en est issu est adoubé par l’Occident. Les Palestiniens doivent bien se demander s’ils n’ont pas perdu leur temps à croire aux vertus des urnes. Le risque est d’autant plus grand qu’une partie de la population peut être tentée de répondre aux sirènes des thèses d’Al Qaeda qui bannissent les processus électoraux. Au-delà de ce peuple brimé, ce sont tous les pays faibles qui doivent s’interroger sur la sincérité des Occidentaux dans leurs discours sur la démocratie.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 26 décembre 2006 à 07:59, par Xavier B. En réponse à : > Palestine : A quoi sert la démocratie ?

    C’est un article que je trouve très très superficiel !... On ne peut pas résumer la situation comme cela.

  • Le 26 décembre 2006 à 15:20, par effesse En réponse à : > Palestine : A quoi sert la démocratie ?

    il y a une blague dans les territoires palestiniens :
    lorsque un match de foot oppose le hamas au fatah et que le resultat est match nul La faute est a israel !!!

    cet article tres superficiel et facile est denonce par cette blague

  • Le 26 décembre 2006 à 16:21, par N. Ouedraogo En réponse à : > Palestine : A quoi sert la démocratie ?

    Merci pour cette analyse qui, malgrès quelques racourcis, met en lumière une situation qui ne flatte pas vraiment la "communauté internationale" si prompte à défendre, aux prix de milliers de vies humaines, la sacrosainte "démocratie". La situation n’est certes pas si simple mais ce regard permet de mieux apprécier ce qui se trame au moyen orient.

    Au dernières infos (sur RFI), les israélien ont fait un "geste" envers les palestiniens : ils ont ouvert 27 des plus de 400 check point de Cisjordanie. Meri pour eux, fallait pas faire autant de sacrifices un soir de noël, c’en est bien trop pour ces "terroristes"... C’était hier. Aujourd’hui le gouvernement vient de donner son accord pour un nouvelle colonie en Cisjordanie mais cela n’est pas (encore ?) sur RFI...

    La situation n’est vraiment pas simple dans certaines parties du monde...

  • Le 27 décembre 2006 à 09:59, par Sprikritik En réponse à : > Palestine : A quoi sert la démocratie ?

    La démocratie, dans le monde entier, est une fille facile dont chacun tire le parti et le plaisir qui l’arrange

    L’article n’est en rien superficiel, mais reflète "seulement" insuffisamment l’inqualifiable réalité

    La situation de la population palestinienne est dramatique parce que Abbas est un faible manipulé par trois ou quatre Palestiniens (que je pourrais nommer ici ) détourneurs de subventions aux ordres des Usaméricains et des Israéliensne. Dont l’un, connu de tous les Palestinines et surnommé "le roi de Gaza", sera le prochain président si le Fatah arrive à truquer les élections

    Et comme, outre les nombreuses listes propalestiniennes auxquels , habitant la France, je suis abonné, je communique le plus de soirs possible avec un fils de prisonnière (totalement innocente) qui n’est ni du Fatah, ni du Hamas, je pense pouvoir assez bien comprendre ce que nous cachent les médias européens et usaméricains sous influence sioniste.

    Lui me disait hier soir que c’est 40 check-points qui ont été plus ou moins levés sur plus de 450. C’est du cinéma de propagande sioniste qui dure depuis plus 50 ans.

  • Le 27 décembre 2006 à 10:11, par AB En réponse à : > Palestine : A quoi sert la démocratie ?

    Bonjour,

    Un peu court comme analyse...
    Un état démocratique, comme il est écrit, peut-il vouloir la disparition d’un autre état démocratique ?
    Elections mascarades comme c’est trop souvent le cas en Afrique.
    Montée d’un Islam guerrier, disparition de l’Etat d’Israël, Islamisation totale du Liban, est-ce cela la démocratie ? Des élections gagnées sont un premier pas. Mais il faut faire les autres : liberté de parole, liberté de la presse, liberté de circulation, acceptation des autres, respect des libertés religieuses (toutes les confessions), respects des idées des autres... Je ne vois pas cela en Palestine et dans bien d’autres endroits. Une première étape pour la paix serait d’écarter tous extrémismes religieux des commandes des états. C’est vrai pour les juifs ultras et aussi pour les islamistes ultras ainsi que pour tous les autres extrémistes qui veulent dominer le monde. Pas de place pour Bush et ses mercenaires. Pas de place pour les mollahs intégristes

    ABénin

    • Le 27 décembre 2006 à 11:16, par N. Ouedraogo En réponse à : > Palestine : A quoi sert la démocratie ?

      Un Etat démocratique peut-il vouloir la disparition d’un autre Etat ? Bonne question. Et un Etat démocratique peut-il vouloir la mort d’un président d’un autre Etat ? Un Etat démocratique peut-il s’opposer, depuis 50 ans maintenant, à la création d’un autre Etat démocratique ? Est-ce qu’un Etat démocratique peut s’opposer à la libre circulation des biens et des personnes au risque d’affamer toute une population ? Il y a beaucoup d’Etats démocratiques qui ont des positions et des actions à l’encontre des droits de l’hommes, alors pourquoi se focaliser sur certains tout en acceptant les autres dérives ?...

      La question que pose l’article n’est en rien ce qu’à le droit de faire un pays démocratique mais bien de savoir est-ce que certains pays se situent au dessus des autres à tel point qu’ils s’arrogent le droit de dire si les résultats d’une élection DEMOCRATIQUE et TRANSPARENTE est bon ou pas. Le droit des peuples est de disposer d’eux même, non ?

  • Le 27 décembre 2006 à 12:18 En réponse à : > Palestine : A quoi sert la démocratie ?

    Très très bonne Analyse.

    Dommage que nous n’avons pas d’aussi bonne analyses ici en Europe...

    Au plaisir de vous relire......

    M.D

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