LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Fête de la Nativité à Koupéla : Quelle différence hier et aujourd’hui ?

Publié le samedi 23 décembre 2006 à 09h30min

PARTAGER :                          

Le 25 décembre prochain, les chrétiens du monde entier célèbrent comme chaque année, la fête de la Nativité. A Koupèla, berceau de l’église catholique au Burkina, on s’active pour fêter l’évènement, même si pour l’instant la fièvre de cette commémoration n’est pas perceptible.

Koupèla en cette matinée du mercredi 29 novembre 2006 vit au rythme de ses activités quotidiennes. Noël est encore bien loin dans l’esprit des habitants de cette localité (chef-lieu de la province du Kourittenga), berceau de l’église catholique au Burkina. Le citoyen ordinaire comme le commerçant estime que, même si la fête demande une préparation, il est encore trop tôt pour sentir la fièvre de Noël. Mais à la paroisse cathédrale, on ne pense pas la même chose. Le secrétaire de la paroisse, Marcel Kaboré, que nous avons trouvé dans son bureau soutient que : « la fête de Noël se sent au niveau de la paroisse ». « Nous sommes chargés d’organiser sur papier les festivités. Dans ce sens, nous avons conçu un programme où tout ce qu’il y aura comme évènement entrant dans la cadre de Noël, est mentionné... », a-t-il dit d’emblée. Et celui-ci de nous énumérer les faits devant marquer cette fête. Ainsi, il y aura, selon lui, une messe à minuit le 24 et deux autres le 25 dans la matinée.

Il est prévu, à entendre Marcel Kaboré, au cours de ces célébrations des mariages et des baptêmes. Les baptêmes auront lieu le 25 décembre, jour de Noël dans les succursales mais à la paroisse cathédrale, ils auront lieu le 26, le lendemain de Noël. Marcel Kaboré explique ce décalage par le fait que les messes de minuit le 24 décembre et du 25 dans la matinée à Koupèla cathédrale risquent d’être longues si on y inclue les baptêmes.

« Ces deux messes sont célébrées par l’archevêque. Il y a beaucoup de choses à dire... et nous avons au moins une centaine de baptêmes. Pour cette raison, nous pensons qu’il faut consacrer un jour spécial pour les baptêmes à la cathédrale... », a noté Marcel Kaboré. Tout cela nécessite une préparation qui a déjà débuté il y a quelques temps déjà. Ainsi, pour la liturgie, les commentaires sont déjà prêts. Il ne reste que de petites corrections à faire..., souligne le secrétaire chargé du programme. Outre, cette préparation que l’on peut qualifier de technique, il y a à côté, celle spirituelle qui, elle aussi, a déjà commencé, selon le curé de la paroisse, l’abbé Jean-Gabriel Compaoré.

« Il faut préparer les chrétiens à entrer dans la fête de Noël dans une paix spirituelle. Et nous avons commencé par la recollection qui a débuté hier (28 novembre 2006). Cette préparation va se poursuivre dans les cinq succursales que compte la paroisse. Ce sont essentiellement les confessions et la préparation des mariages... », a souligné le curé de la paroisse.

Noël, fête des enfants

Noël est par excellence la fête des enfants. Si au niveau de la paroisse, rien de spécial n’est prévu pour les tout-petits, des organisations comme Christian Children’s Fund Canada (CCFC) et la communauté San- Egidio Koupéla ont élaboré chacune un programme spécial réservé aux enfants. « Outre, le repas communautaire qui sera partagé entre parents et enfants, nous avons prévu une émission radiophonique le 24 décembre à 10 h. Cette émission en direct sera synchronisée avec toutes les radios de la zone et animée par les enfants, encadrés bien sûr par des éducateurs.

L’émission portera sur la fête de Noël. Les enfants seront amenés à répondre à des questions sur ce que Noël, au-delà des réjouissances, apporte aux enfants sur le plan éducatif, des droits de l’enfant, de la culture... Evidemment, les enfants qui auront donné de bonnes réponses seront primés.... », nous a expliqué Sébastien Yougbaré, coordonnateur de CCFC-Koupèla.

La communauté San-Egidio a prévu, elle, des sketchs et un repas communautaire à partager avec les enfants démunis. « Nous allons seulement réunir une centaine d’enfants comme l’année passée, compte tenu de la modestie de nos moyens... », a laissé entendre Léon Sawadogo, le responsable de la communauté à Koupèla.

Au-delà des aspects religieux, il y a cette ambiance festive autour de Noël. Cette ambiance, il y a 40 ans voire 50 ans, n’est plus la même. Et sur le plan liturgique, Jean-Gabriel Compaoré, le curé de la paroisse, soutient que le fond reste le même mais la forme a peut-être changé. « Je n’étais pas là il y a 40 ans mais je crois que le fond reste le même. Mais la forme n’est plus forcément la même chose. Elle change au fil des âges. Mais la forme, je crois qu’il y a 40 ans, les prêtres étaient les seuls avec quelques catéchistes à se démener pour préparer cette fête. Aujourd’hui nous avons un comité de liturgie associant les chrétiens à la préparation de la fête... », fait remarquer l’abbé Jean-Gabriel Compaoré.

Une ambiance différente à celle d’aujourd’hui

Paul Naré, le président du conseil paroissial se souvient de cette ambiance avec un brin de nostalgie. « Nous vivions cette ambiance avec des yeux d’enfant. Elle était merveilleuse. La fête commençait effectivement à minuit avec la messe chantée en latin. Nous ne comprenions rien dans cette langue mais on était transporté à mille lieux. Je regrette un peu cette époque où l’on célébrait la messe en latin.

Pour revenir à la fête, nous étions fous de joie à l’idée des victuailles qui nous attendaient. En effet, à l’occasion on préparait du riz (en boules surtout) et la viande (petits ruminants et gallinacés). Nous nous mettions en groupes pour passer dans les familles. Partout on était servi. Et tout cela arrosé de dolo... ».

Aujourd’hui, les gens d’un certain âge comme moi, constatent que l’ambiance de la fête n’est plus la même, a relevé Paul Naré.

Le vieux Emmanuel Toubrewoumgnan, du haut de ses 84 ans (il est né le 18 décembre 1922) reconnaît qu’à leur époque, le visage de Koupèla changeait avec l’arrivée des étrangers. « Noël était fêté seulement à Koupèla. Les gens venaient d’autres localités, à pied ou à cheval, pour y prendre part. A l’époque, les sours habillaient les élèves lors de la fête. Nous étions très contents de recevoir ces nouveaux habits que nous portions pour la messe de minuit. Quelques instants avant la messe de minuit, les fusils traditionnels pétaradaient jusqu’au début de la cérémonie... », souligne-t-il.

Le vieux Emmanuel, soutenu par son épouse Ursule, affirme que rare de personnes pouvaient préparer du riz à l’occasion. « Tout le monde n’avait pas ce privilège. C’était dans les familles des chefs que l’on pouvait trouver du riz. La majorité préparait du mil blanc débarrassé du son. Mais cela n’enlevait en rien l’aspect festif de la fête. Le repas était partagé avec les voisins... », indique-t-il. Paul Naré et Emmanuel Toubrewoumgnan sont en tout en cas d’avis que l’ambiance n’est plus la même que celle de leur époque.

Etienne NASSA
Avec la collaboration d’Onesine AKE
LOBA Lankoandé, correspondant
AIB

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique
Gaoua : L’ONG MERCY CORPS dresse le bilan de son projet PILAND