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Lancement officiel de la saison de chasse : Le rat voleur nourrit son éleveur

Publié le lundi 18 décembre 2006 à 08h52min

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Le lancement officiel de la saison de chasse 2006-2007 a eu lieu le samedi 16 décembre 2006 dans la Ferme de démonstration de Wédbila à Koubri. Après la cérémonie et la visite de ce ranch qui veut se spécialiser dans l’élevage des animaux sauvages, le constat suivant s’est dégagé : ce genre d’activité semble avoir de beaux jours devant elle, car tous les pronostics la prédisent rentable.

Le concessionnaire Clark Lungren aime bien son affaire. Et quand il est monté sur la tribune pour parler de sa ferme, il a fallu plusieurs gestes discrets d’impatience du protocole pour qu’il consente à en redescendre. Mais il suffit de suivre son parcours pour être tolérant avec lui. La faune a été toute sa vie. Initiateur du parc de Nazinga qu’il a géré pendant 18 ans, « Mister Clark » réside dans notre pays depuis 1954.

D’ailleurs il s’exprime dans un mooré à faire pâlir de jalousie bien des habitants du pays des hommes intègres. De même, quand il parle français, ses propos, qui ne sont pas dénués d’un humour british, ne sont pas du tout ennuyeux. Comme quand, après avoir décliné sa date de naissance, il a ajouté ceci : « mais je ne peux révéler l’âge de ma femme, car j’aurais des problèmes avec elle après ».

Cet orateur, qui était naturellement en verve, a livré aux invités la substance de son projet. Dans le village de Wédbila, situé en pleine brousse et à moins d’une dizaine de kilomètres du chef-lieu du département qu’est Koubri, cette famille est en train d’expérimenter une idée originale : élever des animaux sauvages avec cinq objectifs.

L’approvisionnement en viande de brousse (rat de Gambie, porc-épic, phacochère, autruche), en animaux de compagnies pour les jardins (antilopes de moyenne et petite taille), l’exportation d’animaux vivants (notamment les petits carnivores et reptiles) et la fourniture du musc de civette pour l’industrie de la parfumerie.

Mais ce n’est pas tout. Hormis ces domaines hautement lucratifs, il y a la conservation de la biodiversité. Des espèces en voie de disparition comme la tortue sillonnée, la gazelle à front roux ou l’autruche à cou rouge pourraient être réintroduites dans de nouvelles aires de conservation.

Et s’il n’y avait pas le lourd investissement de base qui pourrait freiner bien des ardeurs, les éleveurs traditionnels, après avoir écouté cet amoureux de la nature, risqueraient de dire adieu à l’élevage des animaux domestiques pour se jeter dans celui du lièvre et du porc-épic. Selon les conclusions d’une étude qu’un étudiant de l’université de Ouagadougou a faite après un stage de deux ans dans cette ferme, le taux de rentabilité de cet élevage assez spécial pourrait faire basculer beaucoup d’a priori.

En comparaison, le taux de rentabilité tourne entre 6 et 28% pour les espèces domestiques élevées autour de Koubri, alors que celui des espèces sauvages oscillerait entre 27 et 58%. Et contre toute attente, l’animal qui a ravi la vedette est le rat de Gambie, appelé communément rat voleur chez nous ou « rayiouga » chez les Mossés. Lui dont le taux de rentabilité s’élève à 58%.

Le clou de la cérémonie dans la ferme de démonstration de Wédbila a été la visite effectuée dans le campement pour dire bonjour aux animaux. Pour ne pas trop les effrayer, des groupes de dix ont été constitués. Les pensionnaires ont beau être dans des enclos, il n’en demeure pas moins qu’ils restent sauvages.

Après donc une bonne petite marche à travers la broussaille, c’est un ministre chargé de la faune particulièrement confiant en la nouvelle politique instaurée il y a de cela 10 ans qui s’est exprimé : « Dix ans après la décision de confier les concession de chasse au privé, je constate que les résultats sont éloquents et les preneurs font preuve de beaucoup de volonté. Maintenant, notre objectif, c’est de créer un office pour plus de souplesse dans la gestion de notre faune ».

Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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