Pol Pot, qui a instauré au Cambodge un régime communiste très sanguinaire et tortionnaire est lui aussi mort en 2005 sans avoir été jugé par le Tribunal international mis sur pied à cet effet.

Mengistu Haïlé Mariam, appelé également le Négus rouge, a été jugé par contumace et condamné à mort le 12 décembre dernier par un tribunal de droit national éthiopien qui a enquêté pendant douze années sur les massives atteintes aux droits humains : exécutions sommaires de généraux, d’étudiants, exécution de l’empereur Haïlé Sélassié. Comme il n’existe pas de traité d’extradition entre l’Ethiopie et le Zimbabwe où s’est réfugié Mengistu après sa chute, il ne sera pas livré à l’Ethiopie pour répondre des crimes qui lui sont reprochés.

Un autre ancien président africain, Hissène Habré du Tchad est actuellement poursuivi par la justice pour répondre des violations des droits de la personne humaine dont on l’accuse au Tchad après sa chute en 1990. Il y a de fortes chances qu’il ne soit jamais traduit devant un tribunal, vu la détermination avec laquelle le Sénégal où il a trouvé asile, s’emploie pour ne pas le livrer à la justice internationale.

Tous les anciens chefs d’Etat sus-cités sont qualifiés de dictateurs par l’Occident qui les avait presque tous pourtant installés au pouvoir. Aussi est-on en droit de s’interroger : "Qui est dictateur ? Et qui ne l’est pas aujourd’hui en Afrique ?" Car la plupart des chefs d’Etat africains doivent leur fauteuil à l’ancienne puissance colonisatrice. Alors, on est un président sage, éclairé et clairvoyant si l’on fait l’affaire des grands, c’est-à-dire de l’Occident accapareur et pilleur ; si l’on accepte d’aliéner les intérêts de son peuple au profit de ceux des anciens colonisateurs. Par exemple, quand le régime zimbabwéen dirigé par le président Robert Mugabe entreprend une réforme agraire qui consiste à retirer les 80% des terres riches qui se trouvent entre les mains des 20% de la population constitués de Blancs, la Grande-Bretagne et l’Union européenne l’accusent d’être un dictateur.

Dans les pays pauvres du Tiers-monde, les pays riches du Nord fabriquent les dictateurs comme ils ont auparavant créé les présidents. En Irak, envahi en mars 2003 par les Etats-Unis à la tête d’une coalition, l’ex-président, Saddam Hussein a déjà été condamné à mort par pendaison dans un premier procès pour avoir tué 78 Kurdes irakiens qui avaient attenté à sa vie. Il est de nouveau devant ce tribunal créé par l’occupant américain pour répondre de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Il est accusé dans ce second procès d’avoir tué 178 000 Irakiens.

Cependant, qui ignore que Saddam Hussein a été pendant des décennies le défenseur le plus sûr des intérêts de l’Occident au Proche et Moyen-Orient ? Les Américains n’ont pas hésité à l’armer et à le financer dans sa gerre fratricide avec l’Iran. Mais à partir du moment où il se présente comme un nationaliste, donc un homme qui pense d’abord aux intérêts de la Nation arabe, à partir de ce jour-là, il devient un danger pour la sécurité de leur protégé, Israël. Il devient un homme à abattre. Il est un dictateur.

L’autre exemple, qui prouve toute absence de morale politique et de morale tout court de l’Occident et ses réprésentants locaux, c’est le cas de l’ex-président libérien, Charles Taylor. Charles Taylor croupit actuellement dans une géôle d’un Tribunal pénal international sur la Sierra -Leone à La Haye, aux Pays-Bas, en attendant de comparaître devant ses juges.

Les Etats-Unis, à travers le Nigeria ont favorisé l’arrivée au pouvoir de l’ex-seigneur de guerre libérien, avant de l’accuser de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, notammant pour ses responsabilités dans la guerre civile en Sierra-Leone à la fin de la précédente décennie. Le Maréchal Mobutu est un autre cas de dictateur portant le label de l’Occident.

Sans remonter jusqu’au Vietnam où les Américains ont utilisé toutes les armes de destruction massive disponible à l’époque, il est difficile de chiffrer avec exactitude le nombre de victimes causées par les interventions américaines en Afghanistan hier, aujourd’hui en Irak. Grâce au soutien des Etats-Unis, Israël massacre les populations palestiniennes et arabes, sans qu’aucun pays n’élève de protestations. Le drame Beit-Chanoun, le mois passé, qui a été condamné par une résolution du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies et sanctifié par un veto américain en est l’illustration.

"Le Fou"

Le Pays