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<I>La nouvelle du vendredi</I> : L’ambianceur

Publié le vendredi 15 décembre 2006 à 07h31min

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Ce soir-là, la lune n’était pas à son rendez-vous habituel. Et le ciel avait alors revêtu son noir manteau. Il devait être je crois trois heures du matin. Malgré la coalition démocratique de quelques étoiles sorties ici et là, la nuit imbue de son obscur pouvoir restait toujours noire et même était plus noire !

Entre ciel et terre, elle terrorisait tout. Les arbres ne bougeaient pas. Les bébés ne pleuraient plus. Les hommes dormaient ou faisaient semblant. Même ces chiens enragés avaient rallié le mot d’ordre de la nuit ! Un silence noir pesait sur les êtres et les choses ; et c’était un temps à ne pousser un policier dehors. Pourtant au loin là-bas, l’on apercevait qui venait... une masse... un homme... un jeune homme !

Il rasait les murs faméliques de ce vieux quartier. Il avançait mais son pas était hésitant. Il sentit la pesanteur d’une ombre comme prête à bondir sur lui. Il se retourna aussi vite que l’éclair ; manqua de perdre l’équilibre mais ne put surprendre son invisible poursuivant. Il regarda alentour, le "six mètres" était vierge ! Nul intrus ne le souillait excepté lui.

Il enjamba une flaque d’eau où pataugeaient des restes de "benga " et de tô ; pressa le pas ; puis on l’entendit soudain profaner le silence qu’avait réclamé la nuit. Un sachet noir - made in Nigeria - l’avait chatouillé. Et sans le vouloir, il s’était trahi et avait trahi sa peur ! La frayeur faisait transpirer mais aussi et surtout faisait trembler son être comme une vieille femme au grand froid de décembre. Il prit conscience de sa vulnérabilité et se sentit tout petit.

Quatre pas à droite, un tronc d’arbre. Il servait apparemment le jour de banc public. Il s’y laissa choir. La tête entre les paumes des mains, en son for intérieur, il semblait se demander : Mourir... pourrai-je mourir ainsi... intestat ? Alors il ne put s’empêcher de penser aux siens. De l’eau claire que contenait à peine le lit de ses yeux, coula le long de ses joues. Du revers de la main, il l’essuya. Après ce fut son nez qui l’importuna. Il se leva alors, se moucha ensuite continua son chemin de croix.

Il secoua plusieurs fois sa tête et, soupira : Dieu est grand ! Il se revit tout à l’heure essayant son ensemble pantalon-chemise sorti des forges du grand

styliste Omédy sous le regard inquisiteur de son gars Ambianço. Il allait chausser ses souliers aux bouts carrés... Mais sans qu’il ne comprît trop

pourquoi, son ami qui passait maître dans la sape lui recommanda vivement de porter ses "Sébago". Ces paires de grande valeur lui avaient été envoyées d’Italie par un de ses frères. Ambianço avait soutenu mordicus que lesdites paires allaient plus avec ses habits ! Les préparatifs finis, Ambianço au volant de son char et lui derrière Ambianço, ils s’en étaient allés au show. Là, Ambianço découvrit cette fille belle de joie et abandonna son pote à la fin de la soirée. Les yeux mi-clos, tel un moine tibétain méditant, il les maudit une fois, deux fois, puis trois fois ! Il se démenait ainsi dans le flot d’images que lui expédiait le passé lorsque brusquement, il perçut de derrière lui : "Tes bago et bouge pas !". Il tenta de se retourner pour un quelconque arrangement. Mais que vit-il ô Dieu des sept terres et des sept cieux... !

- Am... toi... ! Balbutia-t-il.

Il n’eut pas le loisir d’épuiser sa pensée. Déjà la lame du couteau d’Ambianço se perdait dans ses entrailles. Il tomba en râlant dans la poussière. Pour la deuxième fois, il perturbait le silence de la nuit. Mais cette fois dans le lointain quelques coqs lui répondirent.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 15 décembre 2006 à 11:40, par arsi En réponse à : > <I>La nouvelle du vendredi</I> : L’ambianceur

    Bonjour,
    je voulais juste féliciter l’auteur de cet article. C’est un texte bien écrit et plaisant à lire. Vous devriez songer à écrire un roman (des nouvelles plus précisement).
    C’est tout simplement un délice.

    Cordialement,
    un lecteur.

  • Le 15 décembre 2006 à 13:09 En réponse à : > <I>La nouvelle du vendredi</I> : L’ambianceur (c’est nul comme histoire)

    J’ai lu et relu cette "nouvelle du vendredi" sans bien comprendre. Le gars a ete tue pour ses sebago ou quoi ? Franchement si c’est le cas l’histoire est sans originalite. L’auteur a plus perdu du temps dans des formules alambiquées, a la limite du lyrisme (coalition democratique d’etoiles et nuit imbue de son obscur pouvoir etc :)) et j’en passe ) que de nous faire lire une histoire palpitante. Vraiment les histoires simples, avec des mots simples sont les meilleures.

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