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Assises criminelles de Ouaga : La perpète pour un voleur de bonbons

Publié le vendredi 15 décembre 2006 à 07h28min

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Trois paquets de bonbons, trois paquets de chewing-gums, deux paquets de sucre, deux moyeux de vélo et des numéraires de 75 000 FCFA, c’est le butin que le sieur Halidou Toukoumnogo Dambré a emporté en décembre 1990 quand il a braqué des commerçants revenant d’un marché villageois dans le département de Ziniaré.

Poursuivi devant la chambre criminelle de la cour d’appel de Ouagadougou pour port illégal d’uniforme et vol à main armée, il a été condamné à la prison à vie. C’était au cours d’un procès par contumace (en l’absence de l’accusé) le 14 décembre 2006.

Les faits remontent à décembre 1990. Le soleil a fini sa course et ça fait déjà quelque temps que la nuit à déployé son manteau noire pour envelopper la terre. Dans le département de Ziniaré (province de l’Oubritenga), Koubian Tasséré (un petit commerçant) et ses amis reviennent d’un marché d’un village voisin. Ils pédalent leur vélo en bavardant et en se racontant des blagues.

Au détour d’un bosquet vers le village de Ziga, cette bande joyeuse de bons copains croise sur son chemin un individu masqué, portant une tenue militaire et tenant dans une main une lampe-torche et dans l’autre un objet en forme de pistolet.

Tasséré et ses compagnons pensent d’abord à un contrôle de police. Très vite, ils se rendront compte des vraies intentions de ce sombre individu.

Vu qu’il est armé, ils se laissent faire. L’homme décharge les marchandises de Tasséré et y prélève trois paquets de bonbons, trois paquets de chewing-gums, deux paquets de sucre, deux moyeux de vélo ainsi que des numéraires de 75 000 FCFA. Il met son butin dans un sac et l’attache sur son vélo.

Manque de pot pour le voleur, Tasséré et ses camarades parviennent à reconnaître cet individu masqué, par sa voix. Ils arrivent donc à le persuader d’aller résoudre cette affaire devant le délégué du village.

Mais chemin faisant, le braqueur arrive à s’échapper en profitant d’un bas-fond. Il sera poursuivi en vain. Devant un officier de police judiciaire, Tasséré porte plainte contre Dambré qui est rapidement mis aux arrêts le 31 décembre 1990.

Mais le délinquant nie les faits. Il persistera dans sa position devant le juge d’instruction lors de l’audition de première comparution en février 1991. Par la suite, il craque et accepte de se mettre à table.

Seulement, il précise que son arme n’était en fait qu’un pistolet postiche et que la tenue militaire, il l’avait achetée à Pouytenga. Les perquisitions à son domicile n’ont permis de saisir que ce semblant d’arme qu’il a utilisé pour « braquer » les Tasséré.

Dambré ne s’est pas constitué prisonnier

Halidou Dambré maintient qu’il n’est pas un coupeur de route : « J’ai choisi volontairement d’attaquer Tasséré pour me venger et le mettre en faillite ».

Inculpé, il est mis sous mandat de dépôt avant de bénéficier d’une liberté provisoire. Son dossier a été enrôlé pour les présentes assises criminelles de la cour d’appel de Ouagadougou.

Mais voilà, l’accusé Halidou Toukoumnogo Dambré ne s’est pas présenté à l’audience. La cour et le parquet général ont constaté son absence. Normalement, le sieur Dambré devait répondre présent il y a déjà une semaine.

En effet, lorsqu’un inculpé bénéficie d’une liberté provisoire, il doit se constituer prisonnier à la maison d’arrêt et de correction une semaine avant le procès.

Mais Halidou Dambré ne s’est pas présenté. Raison pour laquelle la cour a procédé à son jugement par défaut, par contumace, c’est-à-dire à son absence.

Dans le cas d’espèce, la loi dispose, selon Sékou Kaba, représentant du ministère public à l’audience, que la cour siège sans les jurés et l’avocat de la défense. On juge l’affaire en se basant sur les pièces du dossier et en auditionnant les témoins et la partie civile.

L’avocat de la défense ne prend pas part au procès, car son rôle est d’assister un accusé. Donc, si ce dernier est absent, l’avocat n’a personne à assister. A souligner également que les témoins et la partie civile aussi étaient aux abonnés absents à l’audience.

Après la lecture de l’arrêt de renvoi par le greffier, la présidente de la cour, Fatimata Lori, a procédé à la lecture des pièces du dossier. Après quoi, le parquet a fait ses réquisitions.

Pour Sékou Kaba, le délit du port illégal d’uniforme est constitué ainsi que le crime de vol à main armée puisque c’est parce que les Tasséré ont cru que Halidou Dambré était armé qu’ils se sont laissé dépouiller.

C’est pour cela qu’il a demandé à la cour d’appliquer toute la rigueur de la loi contre l’accusé qui n’a même pas daigné répondre présent à l’audience. Et pour le parquet, la prison à vie fera bien l’affaire.

Après ses délibérations, la cour a estimé que l’action publique était éteinte (à cause de la prescription) pour ce qui est du délit concernant le port illégal d’uniforme. Par contre, il a été reconnu coupable de vol à main armée. C’est pourquoi il a été condamné à la prison à vie et devra payer les dépens du procès.

Mandat d’arrêt a été émis sur-le-champ contre le condamné. Ce mandat sera communiqué aux forces de police et de gendarmerie afin que le sieur Dambré soit mis aux arrêts dès qu’il sera localisé au Faso où même hors de nos frontières.

San Evariste Barro

Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 15 décembre 2006 à 11:07, par Pacco En réponse à : > Assises criminelles de Ouaga : La perpète pour un voleur de bonbons

    On dit certes que "quiconque vole un oeuf vole un boeuf", mais n’est ce pas exagéré pour un butin pareil de comdamner qqn à perpette. A ce rythme, il faudra accélérer la construction des prisons.

  • Le 15 décembre 2006 à 11:54, par arsi En réponse à : > Assises criminelles de Ouaga : La perpète pour un voleur de bonbons

    Bonjour,
    ce procès est une honte. Il n’y a eu ni crime, ni même blessure. Même si l’intention était très mauvaise, la perpette est exagérée. La prison est censée avoir pour but de punir certe, mais aussi de corriger.
    Ce monsieur s’est fait passer pour un homme de tenu pour commettre son vol, ce qui est regrettable, mais quand est - il des vrais hommes de tenu qui extorquent les citoyens en longueur de journée, sur les routes. Eux, le font au grand jour à visage découvert mais ne sont pas inquiétés.
    Si nos juges peuvent se permettre de telles condamnations, pourquoi pour les vols de plusieurs milliers de nos francs, les accusés ne font pas plus de 5 ans de prison.
    " Plus tu es faible, plus on te tapera dessu, plus tu est fort plus tes actes te seront pardonnés". C’est là la devise de notre justice.

    Pauvre de nous.

  • Le 15 décembre 2006 à 12:39, par Océane En réponse à : > Assises criminelles de Ouaga : La perpète pour un voleur de bonbons

    La justice a été très sevère à l’encontre de ce monsieur. Je pense qu’il ne méritait pas la prison à vie, mais un temps de correction. Surtout qu’il n’a pas commis de dégâts irréparables.

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