13 décembre 2006, Université de Ouagadougou, il est 9 h 36 mn, temps universel. Au fur et à mesure que vous avancez sur le campus, un silence inquiétant règne sur les lieux. Par-ci, par-là, deux ou trois bicyclettes dans un parking. Plus loin, quelques étudiants échangent. A la question : que se passe-t-il ? Un étudiant en deuxième année de géographie, Edmond Tapsoba, répond : "Je ne suis pas venu pour faire cours. Aujourd’hui, c’est le 13 décembre, l’anniversaire de l’assassinat du journaliste Norbert Zongo. Nous avons suspendu les cours car nous réclamons justice pour lui et pour tous les autres crimes impunis". Effectivement, un coup d’oil dans l’amphithéâtre I de l’Unité de formation et de recherche en lettres, arts et communication fait comprendre la situation. La salle était vide et on pouvait lire sur le tableau : "13 décembre, pas de cours SVP ! Non au non-lieu !".

Et M. Tapsoba de laisser entendre que si chaque 13 décembre, les étudiants continuent d’arrêter les cours, cela contribuera à relancer la lutte et fera éclater la lumière sur l’affaire Norbert Zongo.

Tout comme à l’Université de Ouagadougou, les lycées Nelson-Mandela et Philippe-Zinda-Kaboré ont connu une ambiance de deuil, le 13 décembre 2006. Aux environs de 10 h, ces établissements étaient vides, les classes fermées. Désouvrés, certains élèves jouaient au ballon sur le terrain du lycée Nelson-Mandela pendant que d’autres s’exerçaient aux tableaux dans la cour. L’élève Aïssatou Lingani de la classe de Terminale A4 du Nelson explique les raisons de la grève : "Nous réclamons que tout le monde soit éclairé sur le dossier Norbert Zongo et que l’affaire soit jugée dans la transparence".

Selon Mlle Lingani : "Ceux qui disent que Norbert Zongo est mort ont tort, il vivra à travers nous. Nous manifestons pour dire qu’on ne l’a pas oublié et qu’on continuera de mener sa lutte". Le proviseur du lycée Nelson-Mandela, Jean-Pierre Korsaga souligne que dès 7 h du matin, les élèves sont repartis chez eux. Selon lui, le bureau du comité des élèves du lycée a décidé de les libérer le 13 décembre pour des raisons de sécurité.

Le 12 décembre 2006, a-t-il fait comprendre, l’Association des scolaires et étudiants de Ouagadougou est passée expliquer aux élèves d’arrêter les cours le 13 décembre pour commémorer l’anniversaire du décès de Norbert Zongo. Chose que M. Korsaga dit avoir accepté car il assume une responsabilité quant à la sécurité des élèves. Même son de cloche au lycée Philippe-Zinda-Kaboré.

Son proviseur, Ali Sawadogo affirme que les cours sont arrêtés. Mais M. Sawadogo précise que l’administration de l’établissement travaille et que même des enseignants sont encore présents. Le proviseur du lycée Zinda soutient que les élèves ont déposé un préavis de grève de 24 h. "Alors, si les élèves sont légalistes, en principe, le 14 décembre 2006, les cours devront reprendre", mentionne M. Sawadogo.

Ali TRAORE

Sidwaya