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Assises criminelles : Accusé d’avoir tué son beau-père, Issa est acquitté

Publié le mercredi 13 décembre 2006 à 07h12min

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Les assises criminelles ont démarré le 9 décembre 2006. La première affaire a été vidée au bout de 8 heures de débats contradictoires. Issa Sawadogo, 27 ans était accusé de crime d’assassinat sur son beau-père, Ipala Diallo. Il a nié les faits de bout en bout. Le tribunal l’a finalement acquitté.

Dans la nuit du 7 au 8 mai 2005, Ipala Diallo qui dormait dehors parmi les siens est sauvagement tué. L’auteur lui a tranché la gorge avant de s’enfuir. Il est pourchassé dans la nuit, en vain par Yéro Diallo qui ne dormait pas au moment des faits.

Le drame est survenu quelques jours après le départ de Issa Sawadogo de la famille des Diallo où il était venu demander à sa femme, Maïmouna Diallo de le rejoindre au domicile conjugal. N’ayant pas obtenu gain de cause, il s’en est retourné chez lui accompagné de Ibrahima Sawadogo, son oncle qui a joué les intermédiaires.

Appelé à s’expliquer, Issa Sawadogo a réfuté les faits. Il est bien allé demander à sa femme de le rejoindre à son nouveau domicile. Il a soutenu devant les jurés qu’il a quitté les lieux sans bagarre contrairement à ce qui est dit dans l’arrêt de renvoi.

Il a été informé du drame par un certain Bamogo. Celui-ci l’a averti de ne pas s’y montrer car l’ex-conjoint de sa femme a failli être tué parce qu’on l’a accusé du crime. Sa belle-famille serait à sa recherche. L’accusé sur ce point dit que sa propre famille l’a dissuadé de s’y rendre. C’est cinq mois après qu’il s’est rendu à la gendarmerie où il avait fait l’objet d’un avis de recherche infructueux et d’un mandat d’arrêt. Une fois à la gendarmerie , Il a été incarcéré et poursuivi pour l’assassinat de son beau-père.

Devant cette version de l’accusé, seuls les témoins pouvaient éclairer le tribunal. Le témoin capital de cette affaire n’était rien d’autre que la femme ou l’ex-femme de l’accusé. Elle ne pouvait donc pas prêter de serment. Le bébé qu’elle portait dans les bras et qui n’a pas arrêté de pleurer tout au long de son audition serait de l’accusé selon elle. Elle prétend avoir vu son mari s’enfuir après avoir tué son père.

Les avocats de la défense ont insisté pour qu’elle décrive l’homme qu’elle a vu s’enfuir et ce qu’elle a entendu à son réveil.

Elle soutient que c’est bel et bien son mari qu’elle a vu s’enfuir dans le nuit et que ce sont les coups portés à son père qui l’ont réveillée. Me Issouf Badhio et Génévièrve Ouédraogo ont fait alors remarquer que le certificat médical ne fait pas cas de coups portés et que l’arme du crime serait plutôt un objet contondant. Ils ont demandé aux jurés de prendre avec des pincettes la version du témoin qui est également partie civile dans l’affaire.

Le défilé des témoins n’a pas permis de vraiment conforter l’accusation, l’avocat général s’est même trouvé "désarmé" par le témoignage de certains témoins en déphasage avec les P.V. d’audition. Seul le témoin Ali Ouédraogo a contredit une partie de la version des faits de l’accusé. Il a nié avoir dit à ce dernier de se cacher parce qu’on le rechercherait. Lui aussi a laissé entendre que Issa Sawadogo était le coupable de l’assassinat. Comment le sait-il questionne le juge. Sa réponse désarme l’auditoire "c’est Maïmouna qui me l’a dit."

Dans ses réquisitions, l’avocat général a demandé l’acquittement de l’accusé au bénéfice du doute.

La défense, elle, a plutôt demandé un acquittement pour infraction non constituée. Sur les 6 témoins, une seule (Maïmouna Diallo) a soutenu avoir reconnu l’accusé. Ses déclarations contredisent celles de Yéro Diallo, celui qui a surpris l’auteur du crime selon Me Ouédraogo. Pour l’avocate de la défense, aucune certitude ne permet de dire au vu du débat contradictoire, qui a commis le crime.

Me Issouf Badhio, lui, a soutenu qu’il n’y a pas eu d’animosité de la part de leur client. Et qu’il n’avait aucun intérêt à le faire dans la mesure où son beau-père lui a signifié que la décision ne lui revenait pas, mais plutôt à son épouse.

A la fin des plaidoiries, le juge Robert Zerbo a lu les questions auxquelles les jurés devaient trouver réponse dans le secret de leur délibération. Peu de temps après, le verdict tombe. Les jurés ont acquitté Issa Sawadogo de l’accusation d’assassinat contre son beau-père. Il est désormais libre.


Brèves du palais

Interprétation difficile

Quelle langue parle donc Maïmouna Diallo, s’est demandé le juge. Elle s’exprimait difficilement en mooré et ne comprenait pas vraiment les questions à lui posées par le tribunal. L’interprète également a eu quelques difficultés à trouver le mot juste à certains moments. Mais dans l’ensemble, la traduction était fidèle.

3 jurés récusés

L’ouverture solennelle des assises a été présidée par le juge Compaoré. Il a procédé au tirage au sort des jurés. Sur les 20 retenus, 4 titulaires et 2 suppléants devaient être tirés au sort. Au cours de l’exercice, les avocats de la défense présents dans la salle ont récusé 3 d’entre eux. Sur les quatre titulaires, il y a une femme.

Ce n’est pas la grande mobilisation

L’ouverture des assises criminelles le 8 décembre 2006 n’a pas mobilisé du monde. La salle d’audiences de la Cour d’appel où a eu lieu le premier procès était clairsemée. Même le dossier Michel Congo, le plus médiatisé des dossiers enrôlés, jugé le samedi, n’a pas connu la foule des grands jours. On a noté cependant la présence de beaucoup de parents et d’amis tant du côté de l’accusé Sayibou Ouédraogo que du défunt Michel Congo.

Des journalistes à la barre

Nombreux sont les confrères qui ont été appelés à la barre lors du jugement de l’affaire Michel Congo le 9 décembre 2006. Ils étaient tous témoins soit à titre de "promotionnaire" du défunt soit à titre de collègue.

Par A.T et P.S.

Par Abdoulaye TAO

LE Pays

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