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Secteur 30 de Ouagadougou : Une cour familiale démolie

Publié le mardi 12 décembre 2006 à 06h44min

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Le vendredi 8 décembre 2006, dans la matinée, un spectacle inhabituel a attiré l’attention des passants sur la voie des 1200 logements menant au SIAO. Et pour cause, des agents de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS) ont barré le passage et un caterpillar se chargeait de démolir une cour d’habitation familiale.

Tristesse et désolation se lisaient sur les visages des habitants de cette cour. Le spectacle a attiré plus d’un passant, chacun voulant satisfaire sa curiosité. Que s’est-il passé au juste pour qu’on en arrive là ? Nul n’avait la vraie réponse à cette question. Les filles du vieux Dabré, le chef de famille, sont toutes en larmes. "L’affaire a commencé depuis la jeunesse de nos parents, nous étions encore jeunes, et, aujourd’hui, Dieu seul sait si nous comprenons ce qui se passe", confie Mamou Dabré. Selon des habitants de la cour, ceux qui sont à l’origine de ce démolissement ont affirmé avoir envoyé quelqu’un les prévenir la veille du désagrément. Cependant, ils affirment n’avoir vu personne ni entendu quoi que ce soit.

Tout ce qu’ils savent, c’est que l’année dernière on était venu mettre leurs affaires dehors, les sommant de quitter les lieux. Le vendredi matin donc, ils déclarent avoir été surpris par les CRS qui ne leur ont même pas laissé le temps de sortir tous leurs effets de la maison.

Selon Hamidou Dabré, le doyen de la cour, tout serait parti d’une décision de justice, suite à une affaire de vente de parcelle datant des années 90. C’est cette affaire, semble-t-il, qui a aboutir aujourd’hui à la destruction de la cour de son frère. Après le passage des CRS, plus rien n’est resté de cette cour qui, auparavant, grouillait de monde.

Un salon de coiffure qu’une dame avait loué les lieux pour construire a été aussi emporté. Tout a été rasé. Gisèle Coulibaly, c’est le nom de cette femme que nous avons trouvée sur place, était rongée par une tristesse inqualifiable. "Je ne peux rien vous dire pour le moment, je suis dépassée par les événements et j’espère que vous me comprenez", dit-elle a notre équipe, d’une voix tremblante.

Tout ce qu’elle a pu nous dire, c’est qu’elle trouve la situation incompréhensible. "Je ne peux pas comprendre que dans un pays pauvre comme le nôtre, quelqu’un arrive à investir près de 5 millions de F CFA pour construire un salon de coiffure et embaucher des gens qui y travaillent, et que l’on vienne démolir tout ça un matin, en un clin d’oeil." Mme Coulibaly trouve que même s’il y a un problème avec les habitants de la cour, elle qui est locataire devrait auparavant être consultée. On aurait même pu épargner son salon quitte à le raser après, dit-elle.

Le pire pour la famille Dabré, c’est qu’elle ne savait pas encore quel sort les CRS réservaient à un de ses fils qu’ils ont embarqué, "après l’avoir bastonné", selon sa mère et ses soeurs.

En plus de sa femme et de ses enfants, le vieux Dabré vivait dans cette cour avec ses belles-filles et ses petits-enfants. Pour l’instant, il dt remettre tout entre les mains de Dieu, car ne sachant plus que faire.

Par Christine SAWADOGO

Le Pays

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