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<I>Droit dans les yeux</I> : La semaine sociale de l’Eglise

Publié le mardi 12 décembre 2006 à 06h59min

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C’est encourageant de voir un rassemblement de plus de 150 personnes durant quatre jours pour apprendre et discuter de la justice sociale, en générale, et de celle du Burkina Faso, en particulier.

Cette semaine sociale, du 6 au 9 novembre 2006, était organisée par la commission épiscopale de justice et paix, et c’est monsieur François de sales Bado qui a fait le gros du travail.

Ce qui ne semblait pas possible au Burkina Faso, lui, monsieur Bado l’a fait. Nous avons écouté 13 interventions sur trois sujets.

A la même tribune et en même temps, Son Excellence Jérôme Bougma, ministre du Travail, Tolé Sagnon, syndicaliste, SG de la CG,B, Mahama Sawadogo, député du CDP, qui n’hésite pas à parler de conquête de pouvoir.

Plus tard, à la même table, se retrouvèrent Monseigneur Anselme Sanou, Achille (Tapsoba (CDP), Stanislas Sankara (UNIR/MS).

Nous sommes des adversaires, pas des ennemis.

Le Burkina va-t-il se mettre en route pour le progrès ? Mgr Thomas Kaboré (Évêque de Kaya et président de la commission épiscopale Justice et paix) : "Vouloir ensemble éveiller les consciences, renouveler l’ordre social, défendre les droits en privilégiant les plus pauvres. »

Qui veut la paix cultive la justice (Pape Paul VI). Mais cette justice fait encore défaut au Burkina Faso. Ont été soulignés : le difficile accès à la justice, l’exclusion des juges non corrompus par leur hiérarchie avec des exemples choquants, l’impunité. La paix au Burkina est assez appréciée, mais c’est plutôt une paix par l’absence de guerre ou de conflits armés. Elle est partiellement construite sur la peur.

Une motion fut adoptée par l’assemblée pour dire l’immense trouble qu’a suscité le non-lieu dans l’affaire Norbert Zongo et pour demander une solution juste à ce dossier afin de rendre la paix à notre pays. Cette paix sociale est encore menacée par la corruption et les injustices, disait le ministre du Travail à la tribune. Des réactions : on le sait en haut lieu, on ne fait rien, on ne poursuit pas, on étouffe. Cela se comprend, en haut lieu il y a trop de grands et de riches qui s’enrichissent par la corruption. Il y a beaucoup de structures mais elles sont toutes inefficaces, parfois le men fritin est pris.

Tous les intervenants ont convenu que notre justice a des dysfonctionnements, victime de trop de pression politique, économique et parentale. Tous l’ont dit à la tribune, alors, pourquoi ne fait-on rien ? Remarque du rédacteur : la justice n’a pas le monopole de la corruption, mais si la justice est corrompue, le fondement de la société est pourri : quoi faire alors contre les fraudes et les injustices ?

Une autre motion fut adoptée sur la corruption : travailler à la moralisation de la vie publique et à l’application des lois. Le jeudi soir, les participants sont allés visiter les femmes exclues accusées d’être "mangeuses d’âmes".

Une autre motion fut adoptée pour demander que des moyens soient mis en œuvre pour que cessent les pratiques d’exclusion, que des documents d’état civil soient donnés à ces femmes et que leurs accusateurs soient condamnés par la loi. Ce que vous faites aux plus petits, c’est à moi que vous le faites, dit Jésus (Bible).

Note du rédacteur : trop de gens y croient, même des chrétiens, des religieuses et des prêtres.

J’en ai rencontré. Il sera donc difficile d’arriver à une loi pénale - j’ai essayé depuis 18 ans - même avec l’appui de ministres : sans résultat, seulement le sujet n’est plus tabou, et de plus en plus de gens cherchent à aider ces femmes, et veulent une loi pénale.

Ma question : est-ce une réunion de plus avec des motions qui n’auront pas de suite ? Je suis convaincu que la commission épiscopale va faire bouger les choses. Mais parmi les hautes autorités civiles, il y a des gens qui sont compromis avec le pouvoir, comme l’ont souligné plusieurs participants à cette semaine sociale. Il faut que cela change.

La commission épiscopale fait bouger l’affaire. Une prochaine fois, j’en donne la preuve.

Entre-temps : pour le bien de notre pays, consommons et employons les produits burkinabè. Si les femmes achetaient une fois par an un seul pagne fait dans le pays avec des étoffes artisanales ou même avec des bandes originales de vingt centimètres, quelle bouffée d’oxygène pour beaucoup
d’artisans ! Plusieurs millions de pagnes !

Bonne nouvelle : Bemba a accepté sa défaite dans les élections de la République démocratique du Congo, devant Kabila alors que beaucoup craignaient une guerre civile.

F. Balemans
B.P. 332
Koudougou

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