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SONABHY : Les préoccupations d’un ancien membre du conseil d’administration

Publié le samedi 9 décembre 2006 à 08h47min

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Demba Fofana

Demba Fofana exprime, dans l’écrit ci-dessous, son opinion sur la libéralisation en vue des importations des hydrocarbures, en sa qualité d’ancien membre du conseil d’administration de la SONABHY.

J’ai souvent regretté la mauvaise communication au Burkina Faso (tous les secteurs sont concernés), source de rumeurs, de désinformation, de mauvais choix, d’injustices, de frustrations...

Certes, tout ne peut être rendu public, mais ne rien dire ou utiliser la langue de bois sur des questions essentielles est préjudiciable, à terme.

En rappel, j’avais représenté pendant 6 ans la présidence du Faso au conseil d’administration de la SONABHY (avec les DG Souley Mohamed et Yaméogo Hubert), après avoir été membre de la commission nationale des hydrocarbures, et c’est à ce titre que je ne peux demeurer indifférent aux problèmes de cette importante société d’Etat (plus de 140 milliards de F CFA de chiffre d’affaires). De quoi s’agit-il ?

Un ami expatrié, expert en énergie, m’a informé du projet de création, au Burkina Faso, d’une unité de production de biocarburant à partir de l’huile de coton (information vérifiée et confirmée). Par ailleurs, j’ai entendu parler, sur les antennes d’une radio, de la décision des autorités de libéraliser les importations d’hydrocarbures au Burkina Faso. Aussi ai-je jugé utile de partager quelques préoccupations et d’instaurer éventuellement un débat sur la question.

Concernant la libéralisation, c’est depuis le début des années 1990 que la Banque mondiale avait voulu l’imposer, mais sans succès, confrontée chaque fois à la réplique et aux arguments pertinents et convaincants de l’Administration et de la SONABHY. Cette Banque avait même commis un bureau d’études canadien dont les conclusions avaient finalement approuvé le système de fonctionnement de notre société, et reconnu l’incapacité des privés à faire mieux qu’elle à l’époque, tant dans l’intérêt de l’Etat, du budget national, des consommateurs que du personnel.

En tant que pays enclavé et non producteur de pétrole, le monopole permet des commandes groupées (plusieurs milliards de F CFA par opération) à des coûts inférieurs aux achats fractionnés du secteur privé. Mais ce dossier paraît désormais clos (mondialisation, intégration obligent !), et le concept de monopole (révolu) même disparaîtra progressivement.

Qu’en sera-t-il des prix, de la qualité, de la sécurité des approvisionnements, des subventions (SONABEL, Gaz Butane, pétrole lampant...), du personnel, en somme, de l’avenir même de la SONABHY (cf. cas FASO FANI, X9, SAVANA, RAN...) ? Et tant mieux, je n’en doute pas, si mes préoccupations sont déjà prises en compte.

Concernant le biodiesel, l’initiative est naturellement louable et les objectifs évidents ; certes, nous ne sommes pas spécialistes en biocarburant, mais un tel projet suscite des interrogations.

Par exemple, ce nouveau carburant à base d’huile de coton, dans notre cas (la Malaisie et le Brésil..., gros producteurs de cette énergie, utilisent d’autres produits), sera-t-il fabriqué en grande quantité, et à quel coût par rapport à l’importation actuelle ? Est-on certain que ce carburant coûtera moins cher que le carburant importé ? C’est notre petite expérience et la particularité de la question qui justifient notre article. D’autre part, tous ceux comme nous qui pensent avoir modestement contribué à faire de la SONABHY ce qu’elle est depuis deux décennies ne souhaiteraient pas qu’elle connaisse le sort d’autres sociétés. A cet égard, on a malheureusement parfois l’impression que certains responsables burkinabè se soucient peu de l’amélioration de nos performances et des réalités de notre pays.

Pour la libéralisation des importations, le point de non-retour semble atteint, mais toutes les précautions devront êtres prises dans l’aventure du "biodiesel" malgré l’optimisme né des études réalisées par les experts. Pourvu que le rêve ne se termine pas en "éléphant blanc".

NB : Les conseils d’administration auxquels j’ai appartenu à la SONABHY s’étaient investis avec tellement de patriotisme et même de zèle que ma réaction est naturelle ! Par exemple, nous avions fait annuler, entre autres, des autorisations d’importation hors taxes accordées sans suivi à quelques institutions et sociétés... On me pardonnera de ne pas les citer. Lors d’un conseil, le DG Souley Mohamed avait été prié de quitter la salle pour nous permettre de prendre une décision qu’il n’approuvait pas... Monsieur Ambroise Ouédraogo, mesdames Kaboré, Ouédraogo et Sanogo furent des collègues administrateurs extraordinaires à tous points de vue.

Très sincèrement

Demba FOFANA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 11 décembre 2006 à 14:29 En réponse à : > SONABHY : Les préoccupations d’un ancien membre du conseil d’administration

    Bonjour ! Nous remercions Monsieur Demba Fofana pour sa contribution à un tel éclaircissement, surtout d’actualité, car quelque fois le peuple en a besoin. Mais de là à avoir des préoccupations sur un fait sans fondement et sans base serait se laisser un peu emporter par le superflux. Ecouter, il faudrait bien sûr nous donner les chiffres qui montrent qu’en libéralisant le marché des hydrocarbures, le citoyen lambda ou le gouvernement du Burkina Faso sortirait perdant. Il ne faudrait pas coûte que coûte vouloir défendre ses propres intérêts en arguant le fait qu’on ait fait parti d’un conseil d’administration d’autre fois, mais plutôt voir la réalité en face et tenir compte des taxes que prélève l’état sur chaque litre d’essence, dont ledit conseil d’administration a certainement contribué à mettre au point. Le cas du Mali est illustratif, même si on me répondrait que la qualité du fuel n’est pas la même au Mali qu’au Burkina ; au citoyen de faire son choix. La gachette !

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