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Côte d’Ivoire : La comptabilité macabre continue

Publié le jeudi 7 décembre 2006 à 08h28min

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Deux opposants au président ivoirien Laurent Gbagbo laissés sur le carreau. C’est le bilan macabre de manifestations qui ont embrasé la capitale ivoirienne, et d’autres villes de l’intérieur. Alors qu’hier, ce sont les Français qui tiraient sur des Ivoiriens, en avançant la légitime défense, aujourd’hui, c’est le président qui n’hésite pas à faire ouvrir le feu sur ses concitoyens réfractaires.

Combien faudra-t-il encore de macchabées pour que la Côte d’Ivoire retrouve enfin la stabilité et la sérénité d’antan, jadis enviées ?

En tout cas, au train où vont les choses, on ne se fait guère d’illusions sur ce qui sortira de l’évaluation à mi-parcours de la résolution 1721, prévue le 1er février 2007 par l’ONU. Tout se passe en effet comme si chaque jour commande, dans le camp présidentiel, la pose progressive des jalons de l’échec de la résolution adoptée le mois dernier par le Conseil de sécurité des Nations unies.

Dans le camp Gbagbo, toute occasion apparaît bonne pour corser la note de l’instabilité et du blocage politique. Décidément, la Côte d’Ivoire est sur la pente raide.

La réinstallation, par le président Gbagbo, de trois responsables administratifs suspendus par M. Banny dans l’affaire des déchets toxiques déversés fin août à Abidjan, ayant entraîné la mort de dix personnes, a été le brin d’allumette qui a servi à déclencher cet énième incendie. Cette fois-ci, il n’est pas le fait des « Jeunes patriotes », mais d’une frange de la population ivoirienne qui tenait à montrer qu’elle avait, elle aussi, suffisamment de muscles, et de cran pour crier son ras-le-bol.

C’est sans doute cela tout son malheur : parler un langage autre que celui de la galaxie Gbagbo. Sur le traitement réservé à chacun des deux camps, la politique du deux poids deux mesures crève les yeux. Quand c’est la jeunesse patriote qui fait du boucan, le pouvoir semble inerte et aphone, et laisse faire. Tout ce qu’ils peuvent craindre, c’est d’être dispersés nonchalamment par les forces de l’ordre. Les manifestations des jeunes houphouétistes sont par contre sévèrement réprimées... parfois dans le sang, comme ce fut le cas le week-end dernier.

Les faits sont là, têtus. Quelles leçons tirer de la réaction du pouvoir, au récent mouvement d’humeur des populations ivoiriennes qui ont refusé l’impunité par leur soutien à Banny ? Il apparaît que Laurent Gbagbo ne reculera devant rien, dès lors qu’il s’agit de la conservation de son pouvoir.

L’actuel dirigeant ivoirien a-t-il seulement oublié qu’il a lui-même conquis le pouvoir par... la rue et qu’il ne se serait peut-être pas engoncé dans son fauteuil de président si « le Vieux » avait utilisé les mêmes méthodes barbares, dignes d’un Etat d’exception ? Toujours est-il que la violente poussée de fièvre qui s’est emparée récemment de la Côte d’Ivoire n’est rien d’autre que l’expression pacifique et démocratique de la lassitude d’une grande partie de la population.

S’appuyant sur la Constitution ivoirienne, celui qui ne manque jamais de dire qu’il a été élu démocratiquement, a toujours crié sa légalité et sa légitimité. Paradoxalement, l’homme s’est toujours fait fort de ramer à contre-courant de toute « vague » démocratique. Il aurait, pour une fois, acquis de maigres galons de démocrate, s’il avait opté pour une réplique pacifique à la récente marche de ses opposants, en jetant, lui aussi, dans la rue, les jours suivants (et non le même jour, pour éviter toute confrontation), ses fidèles lieutenants. Cela aurait sans doute évité le récent bain de sang.

Si, jusque-là, l’instabilité perdure en Eburnie, c’est en partie dû à l’impuissance du Premier ministre ivoirien, de l’opposition, mais aussi du Groupe de travail international (GTI) sur la Côte d’Ivoire. Mais que peut faire le GTI, qui dit comprendre « le vif mécontentement suscité au sein de la population par la réinstallation des responsables suspendus par le Premier ministre", et réaffirme son soutien à Banny ? Que peut faire également Banny qui, aujourd’hui, passe pratiquement pour un roi nu, sans pouvoir réel ?

Certes, la résolution 1721 place les forces de défense et de sécurité sous sa responsabilité. Mais, à partir du moment où celles-ci ont juré de faire allégeance au président ivoirien, force est d’admettre que tout échappe au contrôle de l’ex-locataire de la Banque centrale des Etats ouest-africains.

Ce dernier voulant incarner l’ordre, la discipline et la bonne gouvernance, on comprend que sa méthode ne plaise pas à ceux-là qui ont tout intérêt à ce que la rapine, la prédation et le non droit aient toujours force de loi en Côte d’ivoire, afin d’en tirer le maximum de profits. A dire vrai, ni le GTI, ni Banny ne semblent constituer un véritable obstacle au camp présidentiel qui entend dicter sa loi, même au prix du chaos.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 7 décembre 2006 à 16:42, par Dolby (25 ans, Abidjan Côte d’Ivoire) En réponse à : > Côte d’Ivoire : La comptabilité macabre continue

    Je ne sais pas comment des gens censés peuvent écrire des choses comme ça. Vous savez combien de morts la rebellion a causé en Côte d’Ivoire ? Et puis vous vous êtes qui pour raconter des bétises comme ça ? Vous croyez que nous qui vivons en côte d’ivoire sommes content de ces morts ? Non pas du tout.... Mais qui les provoque ? hein dites moi qui a provoqué tout cela ? Et puis avez vous la preuve que ces manifestatants sont morts par le fait de Laurent Gbagbo ? Vous êtes vraiment stupide !!

    Vous devez savoir qu’une armée ne suffit pas pour rester au pouvoir en Côte d’Ivoire, sinon le président Bédié y serait toujour. Il faut un peuple pour diriger la Côte d’ivoire et ce peuple si vous ne le savez pas, Gbagbo l’a. Sinon comment comprendre qu’après tout ce qui a été fait il reste et demeure au pouvoir ? Le president Gbagbo na jamais lancé de mot d’ordre de marche. Si jamais il le fait vous serai temoins de la masse de marcheurs.

    Mais ne vous inquietez pas, si ce que les gens racontent est vrai (QUE LA CRISE EST IVOIRO-IVOIRIENNE) alors laissez nous regler notre crise. Sachez par ailleur que lorsque la maison de votre voisin brûle, ne vous en moquez pas car si rien n’est fait le feu pourrait s’attaquer aussi à la votre.
    Le président Gbagbo se bat aujourd’hui pour que vous autres petites nations comme nous soyez libre, si vous ne le savez pas, j’espere que vous serez encore vivant dans 30 - 50 ans pour lui rendre hommage.

    QUE DIEU NOUS GARDE

  • Le 8 décembre 2006 à 16:36, par Abdoulaye En réponse à : > Côte d’Ivoire : La comptabilité macabre continue

    Ecouter une fois pour toute, pensez vous que Gbagbo est heureux que son mandat soit émaillé par une rebellion amadouée de surcroît par le pays qui le plus de ressortissants en cote d’ivoire ? Croyez vous qu’une résolution quelle qu’elle soit puisse remplacé la constitution d’un pays qui n’est pas sous tutelle ? Savez vous vous ce que c’est que l’indépendance réelle ; parle à égale avec n’importe quel pays fusse été le pays colonisateur ? Savez vous qui était Thomas SANKARA , Kwamé KRUMAH , SEKOU TOURE ?
    J’ai honte de vous les africains surtout les soi disants intellectuels qui n’arrive pas à comprendre Gbagbo ? Pensez vous qu’il ya plus démocrate que Gbagbo ? Savez vous vous qu’il n’ya plus Xénophobe que les Français ? Rappelez vs du second tour de Lepen ? Savez vous que Dieu est derriere Gbagbo ?
    Réfléchissez davantage !!!!

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