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Sissili : Deux nuits dans le ranch de Norbert Zongo

Publié le jeudi 7 décembre 2006 à 08h25min

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Près de 203 km de route. Et nous voici au Safari Sissili, le ranch de Norbert Zongo. Du samedi 2 au lundi 4 décembre, nous avons découvert plusieurs facettes de ce « trésor environnemental ». Guy Bonaventure Zongo, le fils aîné de Norbert, et ses collaborateurs y mènent des travaux d’Hercule. Huit ans après le drame de Sapouy, l’âme du père semble habiter le fils.

Guy Zongo a aujourd’hui 26 ans. Le 4 décembre dernier, à la fin de notre entretien, il fait une confidence : "Avant la mort de papa, il m’a dit :"moi, c’est bientôt fini Qu’est-ce que tu feras si je ne suis pas là ?" A l’époque, il avait 19 printemps. Cette phrase lourde de sens a résonné dans sa tête comme une incantation. "J’ai commencé à compter les jours, tenaillé par la peur et la farouche envie de prouver à papa que je pouvais, moi aussi, relever des défis." Il se souvient encore que son père lui avait dit qu’un jour, "c’est ce ranch qui (le) fera manger."

En fait, le jeune Guy était assez souvent aux côtés de son père. Les parties de chasse avec Norbert Zongo étaient "très exaltantes", dit-il. Mais le fils ne cernait pas encore véritablement les enjeux auxquels faisait face son père. "Le premier jour que papa m’a envoyé au ranch, il m’a dit qu’on y trouvait plusieurs types d’animaux. J’ai fait le tour du campement mais je n’ai rien vu. J’ai ri et je me suis moqué intérieurement de papa. Pourtant, le ranch était très riche en animaux." Puis, petit à petit, Guy est allé à l’école de Norbert, puisant dans ses expériences et ses intelligences.

Mais le 13 décembre 1998, le père a été assassiné avec trois de ses compagnons à quelques encablures de Sapouy, alors qu’il allait dans son ranch. Du coup, le Safari Sissili prend, lui aussi, un sérieux coup. Les difficultés commencent à paraître au grand jour. Deux ans de flottement. Puis, Guy Zongo, sentant le "trésor" de son père voler en éclats, prend les commandes de la gestion en 2001. Pas facile. Il doit faire face à une campagne de "désinformation" et d’ "intoxication », savamment orchestré par des individus et des groupes d’individus pour nuire à la réputation du ranch.

Au Burkina comme en Europe, "certains se font le malin plaisir de raconter que le Safari Sissili est le ranch d’un rebelle appelé Norbert Zongo. D’autres ajoutent même que si vous y allez, vous êtes en insécurité et que, là-bas, en dormant la nuit, il faut avoir un fusil près de soi pour parer à toute éventualité". Evidemment, "tout cela est faux", martèle le petit frère de Norbert, Antoine Zongo, l’un des gestionnaires du ranch.

"Nous employons 25 personnes"

Plusieurs chasseurs qui s’y rendent assez souvent nous ont confié que le cadre était plutôt agréable et sécurisé. Nous y avons rencontré des chasseurs de plusieurs nationalités, en provenance notamment d’Afrique et d’Europe. Tous affirment s’y plaire. « Ici, chasser est un plaisir », affirme Fernand Devaux venu de France.

Deux Québécois, Reid Cooper et son épouse Marlène Elias, actuellement dans la Sissili pour s’imprégner de l’expérience du Burkina en matière de production et de transformation des noix de karité, y sont allés pour le tourisme de vision. « Nous avons vu de beaux animaux, différents types d’animaux, en plus, la nature ici est très fantastique. C’est un bonheur pour nous d’avoir vu certaines espèces de plantes."

Un autre Français, communément appelé Joseph, est réputé être un excellent tireur. Les commentaires vont bon train lorsque les chasseurs sont de retour. Tous sont fiers, même si, souvent, malgré leur flair de chasseur, certains animaux leur échappent. Parfois, certains reviennent très fatigués au campement. Mais ici, on tire même profit de la fatigue : "J’ai une bonne fatigue ; ça fait du bien !" s’exclame Fernand Devaux. Lui a réussi à tuer une antilope. D’autres ont aussi fait des exploits.

Au Safari Sissili, la chasse est réglementée. "Nous avons le souci de protéger la faune et la flore", affirme Antoine Zongo.

Aujourd’hui, « nous employons directement et indirectement 25 personnes ». Les taxes annuelles versées à l’Etat varient entre sept et huit millions. Le village de Boala, où se situe le ranch, bénéficie aussi des retombées de la chasse. Les gestionnaires leur reversent dix mille F CFA par chasseur. Ainsi, le village, peuplé de plus de 4 000 habitants, est en train de se faire une petite fortune : "Nous avons créé un compte d’épargne à la caisse populaire de Léo », confie le chef du village, Issa Nacro. Cela leur permet de réparer les pompes d’eau en panne et de faire preuve de solidarité vis-à-vis de certains habitants en difficulté.

Vers la création d’une agence de Tourisme

Une partie de la viande de chasse est aussi partagée aux habitants. Quelques souvenirs du chef de village : "Norbert Zongo a construit ici des habitations pour les enseignants de l’école. Il avait en projet la construction d’une banque des agriculteurs de Boala." Mais la mort a eu raison de lui. "Son fils vient souvent prendre des conseils avec nous. Nous sommes vraiment fiers de lui. Il est sur la même lancée que son père. Nous lui souhaitons beaucoup de succès."

A la Sissili, tous ceux que nous avons rencontrés disent être fiers de Guy Zongo. L’actuel administrateur du ranch sait pourtant qu’il devra faire face à d’autres épreuves. "Ce n’est pas facile, mais nous allons persévérer", dit-il. Encore une confidence : "Lorsque j’ai reçu mon premier client à l’aéroport, je n’avais que 2 000 F CFA en poche. Je me demandais comment le conduire au ranch. Heureusement, il m’a payé sur place et j’ai pu gérer la suite sans problème." Aujourd’hui, le ranch est en "évolution constante" malgré certaines difficultés.

Plusieurs bungalows construits par Norbert Zongo ont été réhabilités ; d’autres ont été construits. On y trouve un restaurant et d’autres infrastructures. Guy Zongo a un projet de taille : il veut créer une agence de tourisme qui couvrira tant le Burkina que la sous-région ouest-africaine. Dans cette optique, il suit des cours à distance dans le domaine de l’hôtellerie et du tourisme. « C’est un garçon très ambitieux », affirme un habitant du village de Boala.

Par Hervé D’AFRICK

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 15 août 2007 à 09:55, par gerard En réponse à : > Sissili : Deux nuits dans le ranch de Norbert Zongo

    je suis alle au campement de la sissili en 2001 2002 2003 2004 pour un sejour de 2 semaines a chaque fois je ni suis pas retourne pour raison de sante j,espere y retourner en 2008 le site est super les annimaux sont nombreux le campement est typiquement africain je ne me suis jamais senti en insecurite bien au contraire la famille zongo est super sympa

    • Le 3 mars 2011 à 05:16 En réponse à : > Sissili : Deux nuits dans le ranch de Norbert Zongo

      je suis allé au campement en 2008 2009 et dans deux jours donc le samedi 5 février 2011, j’ai hate d’y etre, rencontrer
      la famille ZONGO qui est très sympatique et conviviale pour un safari. Les cases sont confortable et nous mangeons trés bier (super cuisto).

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