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Décès de Joseph Ki-Zerbo : Témoignage de M. Sandwidi Yamba N°2 Joseph

Publié le mardi 5 décembre 2006 à 07h27min

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Parce que toujours au rendez-vous des grandes dates de l’historien, il aurait dû être des premiers à annoncer l’extinction du professeur Joseph Ki-Zerbo. Pourtant, il ne l’apprendra qu’au moment où le soleil était au zénith, quelques heures après que cette grande page du Soudan, de la Haute-Volta et du Burkina Faso eut été tournée.

Lui, c’est Sandwidi Yamba n°2 Joseph, fondateur du Complexe "Ecole primaire privée mixte Saint Joseph" sis au quartier Silmissin, Saint-Jean-Gabriel, au secteur 30 de la capitale. Le militant et l’enseignant a, en effet, eu le privilège d’être des proches de celui que tout le pays San pleure depuis le 04 décembre 2006.

A 68 ans bien révolus, ce fils du Namentenga a hérité d’une mémoire d’éléphant d’où nous puisons ce témoignage à chaud. Savez-vous par exemple que c’est lui qui apporta à Diban Alfred Ki-Zerbo, le géniteur de l’éminent professeur, ses derniers médicaments sur son lit d’hospitalisation à Yalgado le 10 mai 1980, au moment où le Pape Jean-Paul II foulait le sol voltaïque pour la première fois ? Lisez plutôt.

C’est l’âme brisée que j’interviens dans la tourmente. Excusez-moi (...).

Je vous demande une minute de silence pour le respect de la mémoire du professeur Joseph Ki-Zerbo qui était pour moi un grand frère.

Il m’appelait même ami et frère de militance. Excusez-moi (...).

C’est une perte pour l’Afrique et le monde entier, parce que Joseph Ki-Zerbo est une des éminences grises de l’Afrique noire et une des chertés de notre pays. Malheureusement, il est né trop tôt par rapport au temps. C’est une valeur intrinsèque que j’ai eu la chance de connaître d’abord, sans le connaître physiquement, vers les années 50.

Il fut un grand combattant de première heure aux côtés de Kwamé N’Krumah, Patrice Lumumba, Sékou Touré... A la mémoire de tout ce monde, je demande encore quelques minutes de silence. (...) De la France où il tenait une chaire, il a accepté de voler au secours de la Guinée qui venait de prendre son indépendance en 1958, en compagnie de sa fidèle épouse Jacqueline Ki-Zerbo, qui est pour moi une grande sœur et par qui j’ai eu même la chance de connaître ses parents à Bamako au Mali.

De la Guinée, il est venu au lycée Philippe Zinda-Kaboré, alors collège moderne de Ouagadougou. Plus ancien dans le grade et plus gradé que l’inspecteur d’académie qui était Français. D’où une polémique ! Il a transcendé, il a accepté de venir en sous-ordre, humble professeur au lycée.

Du lycée, la France a corrigé son erreur en faisant de lui un des premiers inspecteurs d’académie africains qu’il a présidée avant de créer le CAMES avec le temps. C’est long ! On ne peut pas en quelques minutes parler du professeur Joseph Ki-Zerbo.

J’ai eu la chance, très jeune vers 1950, de militer auprès de lui ; j’ai vécu les événements de la révolution en 1966 (le soulèvement populaire qui emporta le président Maurice Yaméogo un certain 3 janvier). Nous nous sommes accostés, nous nous sommes parlé. Il m’a même accompagné jusque dans ma famille en 1966. Sa femme m’a rejoint même à Boulsa, en 1978.

A Jacqueline Ki-Zerbo, à Françoise Ki-Zerbo l’aînée de ses enfants, et à travers elles à toute la famille Ki-Zerbo, à l’Afrique, au Burkina Faso, au peuple universel, à tous ceux qui sont épris de paix et de justice sociale, je présente mes condoléances dans la compassion et la solidarité.

Je suis trop petit pour parler de Ki-Zerbo. Il y a bien de détails sur lesquels je peux me tromper. Récemment, un de mes amis m’a même envoyé une note me demandant des documents politiques du professeur Ki-Zerbo. C’était le 7 octobre dernier. Je n’ai pu qu’en donner une minime fraction. Ce dernier, c’est Aimé Damiba, un beau cousin, un camarade et un frère de militance.

A l’occasion du dernier anniversaire du professeur, il a demandé une messe d’action de grâce à Jean XXIII. C’est par Aimé que Jacqueline Ki-Zerbo a remis une invitation pour moi. J’étais à cette messe, après laquelle une longue haie d’amis de toutes nationalités est venue lui présenter ses félicitations.

Quand mon tour est arrivé (je l’appelle homo), affectueusement je l’ai embrassé et je lui ai dit : Homo, tu dois danser auprès de l’Autel. Il a ri, sa femme également, ainsi que ses amis qui étaient autour de lui. Son décès m’a pris de cours si bien que je ne retiens plus la date.

Après cela, j’avais pensé aller causer avec lui, mais je n’en ai pas eu le temps. C’est même très récent. Il a pensé à moi et la famille a pensé à moi..

Par Joseph Ki-Zerbo, j’ai connu son illustre père Diban Alfred Ki-Zerbo.

Je me rappelle encore comme si c’était aujourd’hui. Quand j’allais au Cours normal des jeunes filles, appelé actuellement lycée Nelson Mandela, du temps où Jacqueline Ki-Zerbo en était la directrice, quand le papa de Ki-Zerbo venait, il avait une chambre à part. J’allais causer avec lui. Je lui tirais la barbe blanche et il riait. Il m’appelait affectueusement "Moag biiga", fils de Moaga, toujours assis dans sa chaise longue, priant.

Quand, après son pèlerinage à Rome, sa distinction honorifique était rentrée, à l’arrivée du Pape Jean-Paul II, il avait quitté le domicile de Ki-Zerbo pour être à l’hôpital.

Je ne sais pas comment qualifier cela. Joseph Ki-Zerbo m’a remis l’ordonnance, je suis allé acheter les derniers médicaments.

A l’époque, j’avais une DIANE 6. En revenant à l’hôpital, j’ai eu une crevaison. J’ai eu le temps de stabiliser ma mobylette.

Néanmoins j’ai pu remettre les médicaments, mais Diban Alfred Ki-Zerbo n’a jamais pu les prendre jusqu’à expirer. Ce sont des souvenirs qui marquent l’homme. Et je suis trop petit d’avoir été témoin de tous ces événements.

Une fois de plus, j’adresse mes condoléances attristées à tous ceux qui ont connu ce grand homme, à sa famille. Il appartient à tous les hommes de la terre parce que c’est un homme de bonne volonté. Paix à son âme !

Témoignage recueilli par Bernard Zangré

L’Observateur

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