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Crise tchadienne : Des émissaires de Idriss Déby Itno chez Blaise Compaoré

Publié le jeudi 30 novembre 2006 à 07h03min

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Blaise Compaoré et Idriss Déby Itno

Le président du Tchad Idriss Déby fait face à une rébellion à l’Est de son pays. Pour tenter de la résoudre, il a envoyé son ministre d’Etat, chargé de l’Aménagement du territoire, docteur Nouradine Delwa Kassiré coumakoye et deux de ses collègues auprès du président du Faso, Blaise Compaoré, le 28 novembre 2006.

"Vous avez appris à travers les ondes que le Tchad a fait l’objet d’une agression manifeste du Soudan, soutenue par l’Arabie Saoudite". Ainsi s’est exprimé le ministre d’Etat, ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme et de l’Habitat du Tchad, docteur Nouradine Delwa Kassiré Coumakoye, chef de la délégation venue transmettre un message de leur président, Idriss Déby au président du Faso, Blaise Compaoré, le 28 novembre 2006.

Selon le ministre d’Etat tchadien, le Soudan et l’Arabie Saoudite livrent une guerre de religion à son pays "puisque les deux Etats soutiennent l’islam militant qui recrute des combattants en Asie comme en Afrique pour combattre le Tchad".

Poursuivant ses confidences, le docteur Coumakoye a laissé entendre que "comme c’est une situation extrêmement grave pour l’Afrique noire, nous sommes obligés de porter à la connaissance des différents chefs d’Etat la réalité du problème sur le terrain". Les envoyés du président tchadien, Idriss Déby, disent que s’ils sont au Burkina Faso, c’est qu’ils croient que le président Blaise Compaoré peut contribuer à apporter des solutions à la crise.

Ainsi sont-ils venus lui faire prendre connaissance de la situation réelle sur le terrain. A la question de savoir si le ministre d’Etat entrevoit des pistes de sortie de crise dans son pays le Tchad, celui-ci a indiqué que "c’est une crise humaine et toute crise humaine a une solution humaine".

Ali TRAORE


Crise entre le Tchad, le Soudan et ... : Et si chacun se remettait en cause !

Depuis le 29 octobre 2006, le président du Tchad, Idriss Déby est confronté de nouveau à une rébellion dans son pays. Raison pour laquelle celui-ci a envoyé son ministre d’Etat, docteur Nouradine Delwa Kassiré Coumakoye et une délégation chez le président du Faso, Blaise Compaoré le 28 novembre 2006 afin de lui faire l’état de la crise et demandé sa contribution dans sa résolution. A sa sortie d’audience, l’envoyé d’Idriss Déby visiblement en colère accuse : "Le Tchad a fait l’objet d’une agression manifeste du Soudan, soutenue par l’Arabie Saoudite".

Au même moment, dans un pays, le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Moussa Doumgo, celui qui avait annoncé en 2005 lors d’une des rébellions que "le Tchad est en situation de belligérance avec le Soudan", affirme cette fois-ci que "le Tchad est en état de guerre avec le Soudan". Comme raison, a-t-il expliqué, "le Soudan soutient les rebelles hostiles au pouvoir de Idriss Déby, basés à l’Est du pays à sa frontière".

Accusation que le Soudan de Omar El-Béchir rejette tout en soutenant qu’il s’agit d’une crise interne au Tchad en indiquant que c’est plutôt Idriss Déby qui intervient au Soudan. Toutes ces accusations font penser à cet adage africain qui dit que "c’est le sorcier familial qui sort avec l’âme d’un des siens et le sorcier de dehors l’aide à le trucider".

Autrement dit, au lieu de passer le temps à accuser ses voisins proches, voire lointains de ses malheurs, chacun de ces Etats devraient se remettre en cause. A voir de près, ce sont les chefs d’Etat africains qui créent leurs rebelles. Prenant le cas du Tchad, ce serait le manque de démocratie, la malgouvernance... qui peuvent être considérés comme sources de cette rébellion insaisissable.

En effet, le film des événements au Tchad fait revoir que l’opposition tchadienne avait boycotté le référendum constitutionnel de 2005 destiné à permettre à Idriss Déby de briguer un troisième mandat. Peine perdue, cette opposition a boudé l’élection présidentielle du 3 mai 2006 et demandé en vain son report.

En plus, l’opposition politique au pouvoir de Idriss Déby, armée ou non-armée, née au Soudan voisin lui reproche d’avoir bâti un régime clanique et corrompu qui détourne la manne pétrolière censée servir depuis 2003 au développement d’un pays extrêmement pauvre. Avec tous ces griefs réunis, où pouvait-on aboutir ? Idriss Déby n’a-t-il pas prêté lui-même le flanc ? Ainsi, le président tchadien, Idriss Déby demande la contribution de son homologue burkinabè, Blaise Compaoré dans la recherche de la paix dans son pays avec son voisin le Soudan.

Ses envoyés disent qu’ils savent que le président Compaoré peut contribuer à trouver une solution. Certes, il est capable, vu son expérience dans la recherche de solutions aux situations de crise sur le continent africain, mais aussi en raison du fait qu’entre Khartoum et Ouagadougou, les relations sont au beau fixe. Mais avant tout, Idriss Déby, Omar El-Béchir et les autres doivent eux-mêmes faire une introspection afin d’instaurer un dialogue franc qui facilitera la tâche aux médiateurs et/ou éventuels intermédiaires.

Quant aux Puissances comme la France, l’Amérique, la Chine... qui sont sur le terrain au Tchad, elles doivent savoir que la sécurité de leurs intérêts dépendent de la stabilité de la région, donc aider à trouver une solution à cette crise qui est en train de s’internationaliser.

A moins que l’instabilité de la région ne leur permettent de mieux contrôler leurs intérêts. Cette région des grands Lacs et d’Afrique centrale étant devenue le "Carrefour international" de ventes des armes légères avec la crise du Darfour, la volatilité de la situation centrafricaine, le volcan congolais qui sommeille et cette rébellion burundaise qui n’en finit pas. Et puis, on aura noté que les problèmes de Déby ont commencé lorsqu’il a voulu avoir une politique pétrolière nationaliste en révisant les contrats qui liaient le Tchad à certaines multinationales.

Tout ceci peut amener à relativiser les clichés de "dictateur" et de "fossoyeur de la démocratie" dont on affuble le président tchadien, même s’ils véhiculent une part de vérité. Aux Africains donc d’oser inventer des voies originales de développement et surtout de comprendre que personne ne viendra faire leur bonheur à leur place.

Ali TRAORE

Sidwaya

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