LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Gbagbo et Banny : jusqu’où vont-ils aller ?

Publié le mercredi 29 novembre 2006 à 07h48min

PARTAGER :                          

Banny et Gbagbo

On se rappelle qu’en août 2006, le "Probo Koala" déversait sa cargaison de 400 tonnes de déchets toxiques à Abidjan, qui a fait dix (10) morts et de nombreux malades.
En son temps, le Premier ministre Konan Banny était monté au créneau pour dénoncer la chose et outre les pertes de vies humaines, il parlait d’importants préjudices économiques, sociaux et environnementaux.

Et c’est fort logiquement qu’une enquête a été ouverte sur la question. Le rapport commandité par Banny a souligné les négligences de trois individus : Marcel Gossio (directeur du port autonome d’Abidjan), Gnamien Konan (DG des douanes) et Pierre Amondji (gouverneur du district d’Abidjan).

Ces hommes furent suspendus en septembre par le Premier ministre qui entendait voir clair dans ce "deal".

Mais le président Laurent Gbagbo a pris le contre-pied de Banny en signant des décrets de réintégration des fautifs d’hier, moins de trois mois plus tard. Du coup est né un malaise au sommet de l’Etat ! Banny trouve surprenant que les décrets aient été publiés avant même que le gouvernement ait décidé des suites à donner au rapport de la commission nationale d’enquête sur les déchets toxiques.

Il va plus loin en expliquant que : "Pour prévenir des troubles graves à l’ordre public et préserver la paix, il est impérieux de surseoir à l’exécution de ces décisions". On comprend aisément que l’homme a subi une humiliation, lui qui a avec lui la résolution 1721 l’autorisant à prendre, lui aussi, des décrets et ordonnances-lois. Comme si tout cela n’était pas suffisant, Gbagbo a démis de ses fonctions Francis Léon Lébry, directeur général du quotidien public Fraternité Matin, récemment nommé par Konan Banny.

Dans ce bras de fer on ne peut plus clair, le Premier ministre clame sa détermination à conduire la mission à lui confiée, pour ramener la paix du côté de la lagune Ebrié et dit avoir confiance au peuple de Côte d’Ivoire pour l’accompagner dans sa réalisation.

La chose est suffisamment inédite dans l’histoire du pays d’Houphouet, car pour la première fois, un Premier ministre "s’autorise" à exiger la non-exécution de décrets pris par le président de la République.

Ce bras de fer semble tourner en faveur de Laurent Gbagbo, lui qui a avec lui non seulement les forces de l’ordre, la rue, la constitution et même, dans une certaine mesure, la communauté internationale.

Et s’il est vrai qu’en démocratie le pouvoir est détenu par le peuple, il faudrait œuvrer à taire les divergences individuelles pour ne considérer que ce qui peut servir la nation ivoirienne.

Il faudrait arrêter de se battre comme des chiffonniers et ouvrir le bon œil afin qu’une situation comme celle du mois d’août dernier au port d’Abidjan ne se reproduise plus ; et faire en sorte que les armateurs occidentaux ne considèrent plus notre continent comme un dépotoir.

Pierre Tapsoba

L’Observateur

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique