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Côte d’Ivoire : grande attente, grandes supputations post-cosultations

Publié le lundi 27 novembre 2006 à 05h59min

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Ca a pris le temps que ça a pris mais, pratiquant à sa façon la démocratie participative, Laurent Gbagbo a consulté son peuple à travers toutes ses structures organisées par rapport à la crise et aux moyens d’en sortir. Il ne s’est pas limité aux Nationaux.

Il a estimé indispensable, pour tous ceux qui vivent en Côte d’Ivoire sous la loi du pays (et qui ont tout autant que les Ivoiriens de souche intérêt à ce que la paix règne) de les consulter dans les mêmes termes. Ce faisant, il prend de vitesse aussi ses détracteurs qui ont toujours eu à son encontre l’anathème facile de xénophobe.

On peut dire que pendant ces 15 jours, la Côte d’Ivoire est restée comme en « stand by », et avec elle l’opinion internationale. Il y a eu ici et là, des contre consultations, une sortie du premier Ministre qu’on a voulu amplifier et même opposer à celles du président de la République mais pour dire vrai, tout cela n’a pas masqué l’évidence qui s’imposait : le maître mot était attendu de Gbagbo pour que chacun sache sur quel pied danser.

Eh bien, à partir du mardi 21 novembre 2006, la parole est maintenant au Président. L’impatience est si grande que déjà, plusieurs schémas sont échafaudés, chacun prétendant s’appuyer sur des sources les plus crédibles. Le plus osé de ces schémas est certainement celui qui a déjà l’ossature du nouveau gouvernement voir même sa composition partielle.

Dans nombre de journaux ivoiriens en effet, on a devancé l’iguane dans l’eau, comme on dit, pour catapulter Laurent Dona Fologo premier Ministre, signaler le retour du président du FPI Affi N’Guessan dans le gouvernement et la présence dans l’équipe exécutive, de Guillaume Soro et l’absence de l’opposition civile.

Cette annonce est représentative de l’opinion partagée par les nombreux partisans du chef de l’Etat qui estiment que le temps n’est plus aux demi-mesures mais à des décisions fortes.

Mais à peine la confidence faite qu’une autre était avancée, soutenant, sur la base d’informations tout aussi dignes d’intérêt, que finalement après avoir entendu tout le monde, le président de la République va couper la poire en deux : donner une nouvelle chance à Konan Banny mais en imposant une feuille de route claire et précise, soumise à évaluation mensuelle. Banny serait dans ce cas-là premier Ministre de Côte d’Ivoire, nommé par Laurent Gbagbo, répondant de lui et il aurait aussi le rôle de médiateur en chef dans la crise ivoirienne pour permettre un débat entre les deux pôles de la crise : le pouvoir et la rébellion ; un gouvernement composé essentiellement de technocrates et de personnalités de la société civile.

Des extrapolations, il y en a vraiment à la pelle : une qui s’appuie sur des sources dites sérieuses provenant tant d’Abidjan que de Ouagadougou, affirme par exemple avec force que le gouvernement sera dissous, Banny remercié et remplacé par Guillaume Soro en personne.

Une autre révèle que le président va donner satisfaction aux plus radicaux des Patriotes. Il va remercier Banny, demander la dissolution du GTI, le départ de la Force Licorne, son remplacement par une force africaine et il va composer un gouvernement répondant de lui, bref bon teint FPI.

La toute dernière affirme que tout le monde a faux et que, sur la base de confidences haut placées, les consultations de Laurent Gbagbo n’étaient qu’un psychodrame pour préparer ses partisans les plus radicaux à accepter sa décision de se rallier à la vision qu’ont la France et Konan Banny de la Résolution 1721 et ils invoquent les discussions qui se mènent secrètement entre le président et son premier ministre.

Toutes ces supputations, messes basses, qui confinent parfois à de pures élucubrations, montrent en dépit de tout, que c’est le président de la République qui a encore la donne. Ca peut être un motif de satisfaction pour lui et ses partisans mais c’est aussi un fardeau, on le voit bien car comment trouver la juste mesure ? Comment trouver la solution qui ne soit pas en deçà mais qui n’aille pas au-delà, celle qui puisse apparaître comme un compromis, non seulement au regard de l’opinion nationale mais aussi de l’opinion africaine et extracontinentale ?

En effet, des camps se sont aussi formés à ce niveau opposant en fin de compte, tous ceux qui identifient la lutte que mènent les patriotes ivoiriens à une lutte de libération continentale dans le sens panafricaniste du terme, et ceux qui ne la voient que comme une lutte à mener de concert avec les amis de l’extérieur contre la xénophobie.

Mais ayant pu résoudre des situations plus cornéliennes, il faut espérer que le président ivoirien saura ici encore faire les bons choix et qu’après avoir eu le son de cloche des Ivoiriens de l’extérieur qui (oubliés dans les consultations) exigent de produire leurs contributions, la petite fumée sortira enfin du palais présidentiel.

LK

San Finna

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Vos commentaires

  • Le 27 novembre 2006 à 17:26, par DABE En réponse à : Côte d’Ivoire : grande attente, grandes supputations post-cosultations

    Ecoutez, M. Gbagbo doit comprendre une chose, c’est que son statut de Président particulier est très dérangeant. C’est une façon d’usurper le pouvoir en profitant de la méfiance des uns et des autres au détriment des intérêts du pays.

    Je pense qu’il faut toujours penser au bilan qu’il laissera. Tant mieux s’il continue à briguer les mandats et qu’il les mette à profit pour faire valoir rien que les intérêts de la CI et de tous ceux qui la composent. Sinon, Monsieur le Professeur d’Histoire n’aura fait que des histoires à son pays et à ses compatriotes de souche ou de seconde zone, ce ne serait pas souhaitable. Les consulatations sont ce qu’elles sont. Je crains d’ailleurs fort qu’elles ne repètent malheureusement les mêmes erreurs que celles organisées par le defunt R. Guei (P A S A ). La réalité géopolitique ivoirienne est en faveur d’un gouvernement d’union nationale, qu’importe qu’il soit un colmatage à la congolaise comme le redoutait un auditeur qui de Africa N°I, mais il faut y aller pourvu que les règles soient claires.

    L’histoire est très taitue, elle finit toujours par nous rattraper. Je pense que sans prétendre leur donner de leçons, M. Gbagbo et le FPI qui se profilent en libérateurs de la CI, doivent faire attention à une popularité qui peut finir par être impopulaire. Pour ce faire, il faut vite agir.
    Limogez Banny, répêchezle gouvernement Pascal Affi N’Guessan, faites n’importe quoi pourvu que quelque chose soit fait. En politique, aucun jeu n’est jamais fait d’avance, alors faites confiance à la démocratie, elle est très difficile à atteindre, mais elle est un aller qui n’admettrait pas de retour.

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