LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Forum de la recherche scientifique : Débat autour de la valorisation des ouvres protégées

Publié le samedi 25 novembre 2006 à 08h09min

PARTAGER :                          

Dans le cadre du FRSIT 2006, le secrétaire général du ministère du Commerce, de la Promotion de l’entreprise et de l’Artisanat, Jean Claude Bicaba a animé, mercredi 22 novembre 2006, une table ronde. Il a échangé avec les inventeurs sur la problématique de l’exploitation des inventions et des innovations dans le contexte du Burkina Faso.

L’heure est à la valorisation des ouvres protégées au Burkina Faso. A la faveur du FRSIT 2006, le ministère en charge du Commerce s’est penché, mercredi 22 novembre, sur cette question à travers un échange avec les inventeurs.

Le secrétaire général du ministère du Commerce, Jean Claude Bicaba, a situé les responsabilités de son département dans la valorisation des ouvres protégées. Il a ensuite, expliqué le rôle et l’importance des brevets dans les domaines juridique, technique et économique. « Le brevet donne à un inventeur, le droit de céder, de concéder, d’interdire à quiconque d’accomplir des actes en rapport avec son ouvre sans autorisation, il est aussi source de profit », a-t-il indiqué.

M. Bicaba a soutenu que le rôle et l’importance du brevet ont été compris. Et bien des chercheurs et créateurs essayent dans la mesure du possible de protéger leurs inventions.

De 1983 à 2005, le Burkina Faso a enregistré 25 dépôts, mais 8 personnes n’ont pu s’acquitter de l’annuité exigée pour la validité de la protection.

D’autres ont été déchus par la suite, du fait du non paiement des annuités.

Un constat s’impose : « les inventions burkinabè sont peu exploitées par les inventeurs eux-mêmes et par les opérateurs économiques ».

Le manque de moyens et de professionnalisme des inventeurs, le manque de confiance ou d’intérêt des opérateurs économiques, l’inexistence d’institutions spécialisées, l’insuffisance de la mise en ouvre des politiques de promotion sont entre autres, les causes de cette sous-exploitation. Le secrétaire général du ministre du Commerce a signalé l’existence de structures chargées d’accompagner les créateurs vers la réalisation de leurs ouvres. Il les a exhortés à les approcher afin de se faire connaître et de bénéficier des retombées de leurs ouvres.

Les chercheurs ont exposé leurs préoccupations à l’autorité et demandé des éclaircissements sur certains points : les conditions de la déchéance, les mécanismes de valorisation et de vulgarisation, la relation entre le brevet et la valorisation des résultats.

Ils ont également posé les problèmes liés au manque de communication, à la contrefaçon et surtout la difficulté à obtenir un financement.

Tout compte fait, M. Bicaba pense qu’il est plus prudent pour un inventeur de se faire conseiller et accompagner par des spécialistes du domaine.

Créer utile, se protéger et rendre le produit autonome sont les critères à privilégier pour une meilleure exploitation des inventions.

De cette table ronde, sont sorties quelques suggestions : une plus grande ouverture des inventeurs quant à l’usage des brevets, un plus grand intéressement des opérateurs économiques aux créations nationales et une prise en compte effective des préoccupations des inventeurs par l’Etat. L’émergence des inventeurs et innovateurs en dépend.

Assétou BADOH


Un chercheur crie à l’injustice

M. Jean Marie Tompoudi est inventeur depuis 1993. Il a expliqué à ces confrères, les difficultés qu’il a rencontrées dans le cadre de la vulgarisation de l’ambulance à traction motorisée, du corbillard et des voiturettes destinées aux populations rurales.

Dans les années 1996, j’ai vécu une situation assez amère. Un ministre en charge du Commerce à l’époque a pris mon modèle d’ambulance qu’il a présenté à une maison de la place, basée à Bobo-Dioulasso pour l’améliorer et le produire en série. J’ai approché le ministre pour mieux comprendre. Il m’a rassuré que je ne perdais pas, car il s’arrangerait pour que je perçoive un pourcentage sur chaque exemplaire vendu. Je lui ai demandé de matérialiser ces propos par un document écrit. Il m’a signifié que je pouvais compter sur lui et qu’il tiendrait parole. Comme c’était un ministre, je n’ai pas voulu trop tirer sur l’affaire.

Une commande fut lancée. L’usine m’a fait déplacer jusqu’à Ouagadougou où le directeur technique m’a signifié que la présidence était intéressée par mon produit et qu’il voulait tester la qualité. Par la suite, les techniciens de l’usine en question se sont déplacés à Fada dans mon atelier.

Ils y ont vu le produit et je leur ai donné tous les détails techniques de la fabrication. Je m’attendais à des félicitations de la présidence. Cela n’a pas été le cas. Je me suis rendu compte par la suite que les gens sont venus s’approprier mon idée pour aller reproduire des ambulances motorisées. Ils ont effectivement amélioré ma création en y incorporant des amortisseurs.

Le ministère du Commerce a lancé une commande simultanément chez moi et avec la SIFA. Au lieu de 3 roues dont la stabilité n’était pas garantie, j’ai fabriqué un autre modèle à 2 roues que j’ai présenté au SIAO 96 et j’ai obtenu le prix de la Chambre de commerce.

Ce deuxième produit a été copié et utilisé pour la CAN 98. J’ai alors saisi un avocat. Nous avons approché le nouveau ministre pour nous plaindre. Celui-ci a alors écrit à l’usine en question, pour qu’elle arrête la reproduction de mes produits...

Je n’ai eu aucun dédommagement, bien que je fusse profondément lésé.

A.B.
----------
La croix et la bannière

Je suis déflaté après 11 ans de service. J’ai mis 5 ans à réfléchir à ce que je pouvais faire pour participer au développement du pays. C’est ainsi que j’ai mis cette technologie pour aider les femmes dans leurs activités de transformation du karité. J’ai inventé un concasseur, un torréfacteur d’amande de karité.

Pendant deux ans, j’ai arpenté les rues de Ouagadougou. J’ai fait le tour des banques et des partenaires financiers sans succès.

C’est une ONG qui a perçu l’intérêt de mes inventions. J’ai reçu ainsi ma première commande et plus tard, le ministère de la Promotion de la femme en a fait un instrument de travail pour les femmes.

Mon problème, c’est que jusqu’à présent, je n’ai pas d’atelier ; si j’ai une commande, je suis obligé de sous-traiter. Mon souhait, c’est d’avoir du matériel adéquat pour la production à grande échelle.

J’ai échappé à la contrefaçon aussi bien au Burkina qu’a l’extérieur grâce à mon brevet que je brandis à chaque fois que je me sens menacé.

Le produit est exploité actuellement au Tchad et au Mali avec mon autorisation.

Je vis exclusivement des fruits de mes recherches.

A.B

Sidwaya

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique