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Entreprenariat burkinabè : Formation en montage et maturation de projets

Publié le vendredi 24 novembre 2006 à 06h58min

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Issaka Kargougou, DG de la Maison de l’entreprise

Il se tient à Ouagadougou du 22 au 25 novembre 2006, les Journées de l’entreprenariat burkinabè. Objectif : célébrer l’importance du secteur privé dans la création de richesses et d’emplois. A cet effet, il est organisé au profit des promoteurs, une session de formation en montage de projets.

Dans le cadre des Journées de l’entreprenariat burkinabè qu’elle organise à Ouagadougou du 22 au 25 novembre 2006, la Maison de l’entreprise a convié 300 promoteurs de projets autour d’un atelier sur le montage et la maturation des projets. Ces journées visent à célébrer l’importance du secteur privé dans la création de richesses et d’emplois.

S’il est de plus en plus reconnu que le privé doit être le moteur de la croissance de l’économie, la Maison de l’entreprise entend ainsi permettre à ses acteurs de mieux cerner l’esprit d’entreprendre.

Les présentes journées vont s’articuler autour de cinq pôles majeurs. Il s’agit d’un forum d’appui-conseil qui vise à présenter aux porteurs de projets, les produits des structures d’appui au secteur privé. Ce volet va créer un espace d’échange entre professionnels de l’appui-conseil en vue de favoriser la concentration pour une bonne coordination des efforts de développement du secteur. En outre, il est prévu une bourse de projet, c’est-à-dire la mise en rapport direct entre porteurs de projets et structures de financement.

Les journées prévoient enfin, des ateliers sur les secteurs porteurs et une soirée de récompenses aux meilleurs projets. Pour le directeur général de la Maison de l’entreprise, Issaka Kargougou, la vitalité du secteur privé est certaine, en ce sens qu’il occupe près de 96 000 salariés, déclarés à la Caisse nationale de sécurité sociale. « 30 000 nouvelles entreprises naissent chaque année à Ouagadougou », a-t-il déclaré.

S. Nadoun COULIBALY


Issaka Kargougou, directeur général de la Maison de l’entreprise : « Pour entreprendre, il faut avoir le courage et le goût du risque »

Face à l’ouverture des marchés, la concurrence devient rude. Il faut pour cela, s’adapter pour ne pas disparaître. Tel est l’avis du directeur général de la Maison de l’entreprise, Issaka Kargougou, la philosophie qui sous-tend l’organisation à Ouagadougou des Journées de l’entrepreunariat burkinabè.

Pour lui, il faut encourager la création d’entreprises car « le secteur privé se trouve en première ligne du combat contre la pauvreté ». Dans cette interview, Issa Kargougou donne également son idée du profil du bon entrepreneur et l’invasion de nos marchés par les produits asiatiques...

S. : Qu’est-ce qui justifie l’organisation des Journées de l’entrepreunariat burkinabè par la Maison de l’entreprise ?

Issaka Kargougou (I.K.) directeur général de la Maison de l’entreprise : L’organisation des Journées de l’entrepreunariat burkinabè répond à un objectif fondamental : contribuer à accélérer la croissance économique dans notre pays par le développement de l’entreprise, (moteur de la croissance). Les chiffres des comptes nationaux, indiquent que le secteur privé contribue pour près de 80% à la formation de la valeur ajoutée nationale.

Ce même secteur privé structuré, emploie près de 100 000 personnes déclarées à la CNSS. Le secteur informel, pour sa part, compte plus de 90 000 agents économiques. Il reste que le taux de croissance économique du Burkina est appréciable, mais tout le monde reconnaît que ce taux n’est pas suffisant pour réduire substantiellement la pauvreté dans des délais relativement courts. Pourtant, il est clair que la réduction de la pauvreté par rapport aux objectifs du gouvernement et aux objectifs du millénaire, passe par la création de nouvelles entreprises.

Nous avons donc voulu à travers l’organisation des Journées de l’entrepreunariat, offrir les moyens à ceux qui veulent entreprendre de découvrir les facilités offertes, la configuration du dispositif d’appui aux créateurs de richesses. Ces journées offrent aussi l’occasion à l’opinion publique, d’avoir une autre perception de l’entrepreneur.

Il n’y a pas très longtemps de cela, l’homme d’affaires, était considéré comme un escroc. Pourtant, il faut reconnaître que faire des affaires est un métier noble tout comme bien d’autres métiers (avocat, médecin, instituteur...). Dans le combat contre la pauvreté, il y a des spectateurs, des arbitres et des facilitateurs, mais aussi des combattants. Le secteur privé se trouve en première ligne du combat contre la pauvreté.

C’est cette vision-là que nous voulons développer à travers les Journées de l’entreprenariat du 22 au 25 novembre 2006.

S. : Quelles sont les activités au programme des Journées de l’entrepreunariat burkinabè ?

(I.K.) : cinq activités sont au programmes des Journées de l’entrepreunariat. Il y a d’abord, un atelier de montage et de maturation des projets. Il s’agit à travers cette activité, d’informer les promoteurs sur la manière d’approcher les différents partenaires financiers. Vous pouvez avoir une bonne idée, un bon projet, mais si la présentation n’est pas conforme aux attentes des banques ou des institutions d’accompagnement, il va de soi que vous rencontrerez des obstacles dans la recherche du financement. Nous voulons à travers une telle manifestation, permettre à ceux qui ont pu avoir des crédits, de sensibiliser et d’encourager les autres.

C’est une façon pour nous, de faire comprendre que le chemin de la recherche des financements est parfois difficile mais pas hors de portée.

Une autre activité consiste en l’organisation d’une bourse de projets.

Elle consiste à mettre en contact près de 380 porteurs de projets et une trentaine d’institutions financières et d’institutions d’accompagnement.

C’est une mise en relation directe entre les différentes parties. Chaque porteur de projet pourra ainsi rencontrer une banque ou une structure d’appui-conseil pour discuter de son projet et rechercher des partenaires pour sa mise en ouvre. Cela se passera sur le site du SIAO.

Il est prévu également, l’organisation d’une cérémonie de présentation d’une importante étude sur les secteurs porteurs au Burkina Faso. Nous voulons permettre à ceux qui ont des ressources de savoir dans quel secteur investir afin de pouvoir justifier leurs capitaux.

Au nombre des activités, il y a aussi un forum sur l’appui-conseil à l’initiative privée.

Ce forum s’adresse spécifiquement aux institutions d’accompagnement. Avec elles, nous allons définir des perspectives de collaboration.

La dernière activité est une soirée de récompense des lauréats de la foire régionale de développement.

A la fermeture d’une initiative développée par la Banque mondiale, plus de 500 porteurs de projets ont compéti. 27 porteurs ont été sélectionnés pour représenter le Burkina Faso au Mali. Ces 27 personnes ont pu ramener 12 prix d’une valeur unitaire de 30 000 dollars soit environ 19 millions de F CFA par prix. Parmi ces 27 personnes, il y’en a qui ont eu des prix nationaux décernés par des banques, l’UEMOA, la SOFITEX... Nous avons prévu cette soirée pour récompenser les meilleurs lauréats et contribuer à développer l’esprit d’entreprise.

S. : De nos jours, l’industrie burkinabè est en souffrance. Le secteur informel est mal organisé. Selon-vous, quelles sont les entraves à l’entrepreunariat au Burkina Faso ?

I.K : Il est clair que le secteur informel est le mal des économies en développement. Mais à y voir de plus près, il s’agit d’un mal nécessaire. Tout le monde ne peut pas commencer l’entrepreunariat dans l’économie structurée. Certains des plus grands opérateurs économiques ont commencé tout petit en vendant qui des cigarettes, qui la cola, ou du sel, etc. Parlant des entraves à l’entrepreunariat, je dirais que les contraintes sont de deux types. Il y a les contraintes exogènes et les contraintes endogènes.

Les contraintes exogènes sont entre autres, l’accès au financement, une entrave majeure. La Banque mondiale a réalisé une étude au Burkina qui révèle que sur plus de 200 entreprises enquettées en février dernier, 73% indiquent que les difficultés d’accès au financement constitue le premier obstacle à leur développement. A côté de cette difficulté, il y a la cherté des coûts des facteurs de production. Le Burkina, un pays enclavé ne peut par exemple, produire de l’électricité à bas prix comme c’est le cas dans certains pays disposant d’une façade maritime. Au Burkina Faso, le coût de l’eau est également élevé ainsi que celui d’autres impôts nécessaires à la transformation. D’autres opérateurs économiques se plaignent de la pression fiscale.

Pour ce qui concerne les contraintes endogènes, elles relèvent même du profil des opérateurs économiques, notamment la formation. Sur le terrain, nous constatons que beaucoup d’opérateurs économiques ont besoin de renforcer leurs capacités. On ne s’improvise pas opérateur économique.

Il y a un minimum de connaissances et de compétences qu’il faut avoir pour exercer dans le milieu des affaires. Conscients de cela, toutes les structures d’appui travaillent à renforcer les capacités du secteur privé, afin de lui permettre de faire face à la compétition. Il n’y a plus de place de nos jours pour un type d’entrepreunariat du style d’avant l’ouverture des marchés. Je veux dire par là qu’il n’y a plus d’amateurisme. Nous sommes à l’ère du professionnalisme. Une autre faiblesse constatée est que près de 80% des sociétés sont des entreprises individuelles.

De ce fait, du point de vu de l’appréciation des risques, il y a confusion de responsabilités entre l’entrepreneur et l’entreprise. Lorsque l’entrepreneur pour une raison ou une autre, n’arrive pas à rembourser les prêts contractés ses biens matériels (voiture, maison, etc) sont saisis. Les entrepreneurs nationaux doivent travailler à se conformer à l’air du temps. L’Etat a donné le ton à travers la privatisation de certaines entreprises. Il faudra que les entrepreneurs à leur niveau, travaillent à s’associer d’autres partenaires, nationaux comme étrangers, en vue de sécuriser leurs investissements d’abord et de donner confiance à leurs partenaires extérieurs.

S. : Quels sont les appuis que la Maison de l’entreprise offre pour lever les entraves à l’entrepreunariat ?

I.K : La Maison de l’entreprise met à la disposition des entrepreneurs une gamme variée d’appuis ou de soutiens.

Cercernant le renforcement des capacités, nous avons deux fonds alimentés par la Banque mondiale et l’Union européenne négociés par l’Etat, mais que la Maison de l’entreprise gère.

Nos activités s’étendent également à la formation professionnelle, la réalisation d’étude, le prospection commerciale, l’appui en communication, l’audit... tout ce qui permet à une entreprise d’être compétitive. Nous menons toutes ces activités au profit des entreprises à travers le Fonds de soutien et le chèque service. Vous pourrez bénéficier de subvention du fonds de soutien qui vont de 50 à 75% du coût de l’activité, sur un plafond qui ne doit pas dépasser 35 millions de F CFA. Pour les entrepreneurs faisant un chiffre d’affaires de plus de 100 millions de F CFA par an, ils peuvent bénéficier du chèque service où les subventions peuvent aller jusqu’à 90% du montant de l’activité.

A la Maison de l’entreprise, une équipe de conseillers est à la disposition des entreprises pour les aider à diagnostiquer les besoins et à établir des plans d’affaires permettant de lever les obstacles. A la Maison de l’entreprise, nous avons aussi le centre de formalités des entreprises pour aider à juguler ce que l’on appelait le parcours de combattant dans la création d’une entreprise.

Dans le temps, pour créer une SARL, (Société à responsabilité limitée), il fallait au minimum 135 jours. Il fallait remplir 13 formalités et payer plus 500 000 F CFA pour obtenir les documents. Désormais, le gouvernement a pris des dispositions à travers un décret pour qu’en 7 jours, les promoteurs puissent disposer des formalités légales et commencer les activités (le registre de commerce, la carte de commerçant, le numéro identifiant à la sécurité sociale). Pour l’obtention de tous ces documents, vous ne déboursez pas plus de 50 mille F CFA et vous avez affaire à un seul interlocuteur.

S. : Face à l’invasion de nos marchés par les produits asiatiques, le terrain est-il favorable à l’entrepreunariat ?

(I.K.) : L’ouverture des marchés est une donnée à prendre en compte, désormais, dans l’environnement des affaires. Nous avons au niveau sous-régional, la libéralisation des échanges dans le cadre de l’UEMOA.

Et cela prendra plus d’ampleur dans le cadre de la CEDEAO. De plus en plus, entreprendre devient difficile. Et c’est pour cela qu’il faut, pour l’entrepreunariat, avoir le courage et le goût du risque. Plus de 2000 projets de cinq pays ont compéti à la foire régionale de Bamako, à laquelle des opérateurs économiques burkinabè ont pris part. Les Burkinabè se sont classés en tête en ramenant douze (12) prix sur trente deux (32).

Cela démontre que nous ne devons pas être complexés face à la concurrence internationale. Mieux, nous devons encore être plus inventifs, créatifs afin d’être plus performants.

S. : Quel est le profil du bon entrepreneur ?

(I.K.) : Le bon entrepreneur, c’est celui d’abord qui croit en son projet. Il faut que le promoteur ait la volonté d’entreprendre, qu’il croit en son projet et qu’il sache s’armer de courage et de patience pour surmonter les difficultés. Ce sont là, des qualités de départ. Par la suite, le promoteur peut bénéficier d’un soutien et d’une formation afin de maîtriser encore plus son domaine d’activité.

Interview réalisée par Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA
et Jolivet Emmaüs

Sidwaya

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