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Recherche médicale : La révolution burkinabè en marche

Publié le jeudi 23 novembre 2006 à 08h24min

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Dr P. Zéphirin Dakuyo

Révolu le temps où, ici au Faso, on proclamait haut et fort que : "les chercheurs qui cherchent on en trouve mais les chercheurs qui trouvent on en cherche". Oui ! ce temps est à jamais révolu.

Ils sont aujourd’hui nombreux les chercheurs burkinabè qui ont fait la preuve dans leur domaine de recherche. Pour illustration, dans presque tous les domaines. Nous retenons seulement le domaine médical où des merveilles sont faites souvent dans l’anonymat.

Dans le domaine médical l’abnégation des chercheurs donne véritablement satisfaction. Les bribes d’informations que l’on a sur leurs découvertes forcent l’admiration et reconnaissance à leur égard. Nous retiendrons deux chercheurs qui se distinguent par l’excellence des résultats obtenus et qui font la fierté de tout le Faso. Il s’agit du Pr. Pierre GUISSOU de l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS) et du Dr. Zéphirin P. DAKUYO des laboratoires "Phytofla" à Banfora.

Le dynamisme des chercheurs de l’IRSS avec à leur tête le Pr. GUISSOU et ceux des laboratoires "Phytofla" prouvent, si besoin en était, qu’il suffit que l’Etat fasse des efforts supplémentaires d’accompagnement financier pour que le Burkina se positionne définitivement comme un pôle d’excellence dans le domaine de la recherche médicale. Les exemples de recherches et surtout de trouvailles sont très nombreux, mais nous avons décidé de ne parler que des deux chercheurs cités plus haut à savoir le Pr. Pierre GUISSOU et le Dr. Zéphirin P. DAKUYO, tous pharmaciens. Leur particularité pour ne pas dire ce qui les distingue des autres pharmaciens c’est la recherche médicale dont le but ultime est et reste la santé des populations.

Les deux pharmaciens chercheurs que nous avons rencontrés respectivement à Banfora et à Ouagadougou pour un magazine spécialisé dans la pharmacie, "LP Magazine" sont formels : Avec un peu plus de moyens, les chercheurs burkinabè feront des merveilles, pour ne pas dire une révolution médicale.

Le "FACA" du Pr GUISSOU de l’IRSS

Il serait certainement fastidieux de faire l’historique du "FACA". Mais on peut retenir qu’il est un produit, fruit de la recherche des chercheurs de l’IRSS avec à leur tête le Pr GUISSOU. Le FACA qui est un médicament contre la drépanocytose est donc le fruit de la combinaison de deux plantes du Burkina. Il s’agit du Fagara xanthoxyloide (rutaceae) et du Calatropis Procera (Asclépiadaceae).
La première plante selon le Pr GUISSOU se trouve en général dans l’Ouest du Burkina et la seconde se trouve un peu partout dans le pays.

Si on remarque bien, c’est les deux premières lettres de chaque plante qui ont donné le FACA, comme pour confirmer l’aspect combinaison. Une combinaison dont nous vous épargnons le processus parce que relevant des "initiés" c’est-à-dire des chercheurs qui trouvent. Ainsi, grâce à cette recherche, le FACA est aujourd’hui un médicament disponible en gélules pour enfants et adultes et en sachets de 100 gélules.

Selon le Pr GUISSOU d’autres "vertus" se cachent encore dans ces deux plantes. Il faut préciser qu’avant sa mise à la disposition des populations, le FACA a fait l’objet de plusieurs essais cliniques avec deux groupes d’enfants drépanocytaires (le 1er groupe utilisait le FACA et le second le traitement dit moderne). Les résultats ont été sans commune mesure, le FACA ayant fait la différence. Le Pr GUISSOU de préciser que le FACA donne de meilleurs résultats souvent plus que le traitement dit moderne.

Le FACA est aujourd’hui dans certaines officines pharmaceutiques, parce que inclus dans les médicaments de prise en charge des drépanocytaires par les médecins. Les preuves scientifiques de son efficacité ? Les chercheurs de l’IRSS en ont et en quantité "inépuisable". Ce n’est pas l’OMS qui dira le contraire, elle qui a reconnu son efficacité. Les chercheurs de l’IRSS ont en tout cas trouvé. Il appartient à l’Etat et à ses partenaires d’accompagner la dynamique de ces chercheurs qui cherchent et qui trouvent.

Dr. DAKUYO ou la santé par les plantes

Le Dr Zéphirin DAKUYO, c’est un "paquet" de travaux. Au Burkina, surtout à Banfora, on ne peut parler de médicament sans faire référence à lui. L’homme qui se rappelle toujours avec humour qu’à ses débuts, revenu de ses études, lorsqu’il pilait les racines et autres feuilles des plantes, on le prenait pour un fou, est devenu une référence scientifique avec la gamme de ses produits sur le marché national et international.
En effet, dans la sous-région et même en Europe, les produits pour ne pas dire les médicaments du Dr DAKUYO sont connus et appréciés des populations.

La liste des maux que les médicaments du Dr DAKUYO soignent est bien longue. Nous retiendrons le paludisme, la drépanocytose (voir photo), les maladies de la peau, la toux... bref, la santé par les plantes, c’est le credo du Dr DAKUYO. Et tout ce qui touche aux plantes, touche le Dr qui lutte comme il peut pour la sauvegarde de certaines espèces en voie de disparition par des reboisements.

L’année 2006 a vu quatre (4) de ses produits homologués par le ministère de la Santé. Plusieurs produits sur la cinquantaine environ sont vendus en pharmacie et dans les représentations des laboratoires "phytofla". Encore une fois, au Burkina Faso les chercheurs qui trouvent on en trouve. Ils n’ont d’ailleurs rien à envier aux chercheurs occidentaux qu’on prend souvent pour référence à tort ou à raison.

Si l’Etat Burkinabè veut, et avec l’aide de certains partenaires comme l’OMS, le PNUD..., nos chercheurs dans le domaine médical feront des merveilles et on n’aura plus besoin de commander à l’extérieur des médicaments dont l’efficacité et la fiabilité sont très souvent douteuses. Prenant au mot le Pr Joseph PARE du MESSRS "au Burkina Faso, nous avons des chercheurs qui ont découvert des choses intéressantes. C’est l’exemple du produit FACA contre la drépanocytose qui a même été reconnu par l’OMS.

Il faut passer alors aujourd’hui du stade de la découverte au stade de la vulgarisation...". L’Etat a un grand rôle à jouer tant au niveau de la découverte qu’au niveau de la vulgarisation. Sans moyens conséquents, nos chercheurs qui sont de véritables bibliothèques risquent de "brûler", les trouvailles avec. Alors tous interpellés, l’Etat en tête.

Par Idrissa BIRBA


Chercheurs, communiquez !

"Il faut maintenant passer du stade de découverte au stade de la vulgarisation...". Ces mots du Pr Joseph PARE, ministre des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique (MESSRS) que nous avons interviewé (L’Opinion n°474) semblent dire peu mais tout de la situation de la recherche et des chercheurs au Burkina Faso.

En effet, pour ce qui est de trouver, nos chercheurs assurément trouvent. Mais que trouvent-ils ? Là est la question pour l’homme de la rue. Le chercheur musicologue et musicien l’a dit dans sa chanson : "Au Burkina, nos chercheurs trouvent". Et cela dans presque tous les domaines (médical, agricole...).

Ce qui n’était vraiment pas évident au regard de la modicité des moyens mis souvent à leur disposition et des conditions de travail pas toujours adéquates. Dans tous les cas, les chercheurs burkinabè avec peu de moyens ont prouvé ; ils trouvent. Alors comment passer de la découverte à la vulgarisation ?

On ne peut, en tout cas, parler de vulgarisation, sans que le mot communication ne s’invite dans le débat. Ce qui est sûr, c’est qu’il ne peut avoir vulgarisation sans communication. Malheureusement, c’est un constat, nos chercheurs communiquent peu, pour ne pas dire ne communiquent pas. Ils sont comme contraints de s’enfermer dans leurs laboratoires avec leurs éprouvettes graduées.

Et lorsqu’ils décident de se faire entendre sur les résultats de leurs recherches, ce sont des publications dans les revues scientifiques, au détriment des moyens de communication accessibles au plus grand nombre : quotidiens, hebdomadaires et autres publications.
Combien sont-ils les Burkinabè qui lisent les revues et autres magazines scientifiques. Ils ne sont pas nombreux. Ils se comptent sur le bout des doigts même parmi nos grands intellectuels.

Qu’est-ce qui empêche un chercheur d’inviter la presse pour "déballer" les résultats de ses recherches ? Rien mais on nous dira certainement qu’il faut respecter toute une chaîne de décisions ou d’autorisations hiérarchiques à obtenir car la plupart de nos chercheurs sont (hélas ?) des agents de l’Etat.

Certains diront qu’il appartient aux journalistes d’aller chercher l’information. Mais encore faut-il que les ouvriers de la plume que nous sommes soyons au courant d’une recherche qui se mène par X ou Y, pour s’y intéresser. La communication est aujourd’hui incontournable. Tout le monde en convient.

D’où la nécessité pour nos chercheurs et leurs structures de s’entourer de spécialistes du domaine (journalistes, communicateurs, attachés de presse...). Ce n’est certainement pas ce qui manque au Burkina dans la mesure où chaque année l’université forme en la matière des jeunes, dynamiques, compétents et prêts à servir. Mais on les ignore, les laissant aller grossir les rangs des pigistes et autres stagiaires dans les organes de presse qui veulent bien les accepter.

On nous rétorquera que les chercheurs et leurs structures n’ont pas les moyens financiers nécessaires pour recruter ce personnel spécialisé. Ce n’est certainement pas faux mais avec la volonté, un peu d’organisation comme on le dit, on peut déplacer des montagnes.

Les moyens de communication et les hommes qui les accompagnent existent. Il suffit de vouloir et de prendre des initiatives. Nos chercheurs, pour la vulgarisation des résultats de leurs recherches, n’ont vraiment pas le choix. Ils doivent sortir de leurs laboratoires pour communiquer.

Ce n’est pas les hommes et les moyens techniques pour les accompagner qui manquent. Messieurs les chercheurs, faites des efforts pour communiquer.

Roger CAILLOIS disait : "Il n’y a pas d’efforts inutiles, même Sisyphe se faisait des muscles". Un expert en communication politique ne disait-il pas que le vrai pouvoir est entre les mains de celui qui contrôle les moyens de communication. Chercheurs burkinabè, pour la vulgarisation des résultats de vos recherches, communiquez !

Par Idrissa BIRBA

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 23 novembre 2006 à 11:33, par somerge En réponse à : > Recherche médicale : La révolution burkinabè en marche

    Bravo messieurs les chercheurs,vous êtes une fierté à mon avis pour tous les burkinabés.C’est un travail pas du tout facile mais l’abnégation,l’amour de sa profession et la foi en ce que vous faites,ainsi que la volonté de servir son prochain constituent entre autre vos qualités essentiels.Je vous encourage de tout coeur.
    Vous représentez un modèle pour la jeunesse burkinabé, africaine voire internationale car avec vos moyens assez limités vous prouvez vos potentialités.J’exhorte par la même voie les autorités étatiques
    afin de venir aide(surtout financière) à ces personnes qui rendent
    la vie agréable à des milliers de gens de par le fruit de leur travail.
    Merci et encore chapeau !!!

    • Le 23 novembre 2006 à 18:39 En réponse à : > Recherche médicale : La révolution burkinabè en marche

      Celui qui a affirmé que (chers amis journalistes faites l’effort de préciser les auteurs de vos citations !) "les chercheurs qui cherchent on en trouve mais les chercheurs qui trouvent on en cherche" a parfaitement raison. Ce qu’il veut dire c’est que nos chercheurs ne communiquent pas les résultats de leurs recherches. Et dans ce contexte on ne peut pas savoir qu’ils trouvent des choses intéressantes.

      Bravo à tous ces chercheurs qui sont dans l’ombre de leurs laboratoires ( pour combien de temps encore !).

      J’ai beaucoup voyagé et je ne n’ai pas vu mieux ailleurs. Toutefois un constat s’impose : le Burkinabé en général est quelqu’un de sobre qui ne communique pas sur ce qu’il fait ce qu’il sait faire. Et c’est un grand désevantage sur les autres.
      Communiquons....

    • Le 24 novembre 2006 à 02:46, par sidi En réponse à : > Recherche médicale : La révolution burkinabè en marche

      je suis d’accord qu’il manque une volonte politique de la part de nos dirigeants pas parceque ils ne voient pas le probleme mais tout simplement parceque il n’ont pas besoin de nos docteurs et de nos hopitaux pour leur soins.nos chercheurs et nos docteurs sont beaucoup apprecies quand ils exerces a l’etranger,mais au burkina ils n’ont pas les moyen de bien travailler,ils suffit de faire un tour dans nos hopitaux pour s’en rendre compte,en ce moment meme le maire de ouaga(simon compaore)se trouve a bordeaux dans un hopital pour se traiter le genou je dis bien le genou comme si nous n’avons pas des gens capable de le faire et tout au compte de l’etat burkinabe.

  • Le 23 novembre 2006 à 15:04 En réponse à : > Recherche médicale : La révolution burkinabè en marche

    cela ne m’étonne pas Nous avons des gens bien formés et surtout desireux d’etre utiles sa leur pays mais seuleement il manque la volonté politique de nos dirigeants et. Valoriser nos reichesses locales est notre seul salut Les grandes compagnies et labos n’aideront jamais Avec un peu de moyens on se developpe sans se ruiner et avec dginité. beaucoup africains ont preferé aller se vendre a l’étranger dec us qu’ils ont ete par ce que l’on voit. Mais je reproche a nos gros commercant et banques qui ont beaucoup d’argent qu’ils thesaurisent au lieu d’investit pour soutenir l’activité du pays d’une facon ou autre
    somé

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