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Coton transgénique au Burkina : A Boni, ils ont vu, ils ont cru !

Publié le mardi 21 novembre 2006 à 07h46min

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Alors que le débat défraie la chronique sur l’opportunité de la culture du coton transgénique au Burkina Faso, ils étaient nombreux les participants (membres de sociétés cotonnières, producteurs, chercheurs) venus de plusieurs pays d’Afrique et d’ailleurs à prendre d’assaut le mardi 14 novembre 2006, la ferme de la Sofitex à Boni

Au cours de cette campagne agricole la culture du coton transgénique avec des variétés burkinabé y a été pratiquée. L’étape de Boni entrait dans le cadre des journées portes ouvertes de l’Institut de l’environnement et de recherches agricoles (INERA).

Boni, localité de la province du Tuy, située à une quarantaine de kilomètres de Bobo-Dioulasso, a été le site choisi, en plus de celui de Kouaré à Fada, par l’INERA et ses partenaires l’ISAAA, l’Institut du Sahel, l’USAID pour permettre à plus de la centaine de participants de plusieurs pays et de différentes professions de toucher du doigt les résultats obtenus au niveau desdites stations expérimentales.

Pour ce reportage, intéressons-nous à l’étape de Boni, première escale des visiteurs où le chef de Programme coton de l’INERA, Dr Oula Traoré, a surpris plus d’un en demandant à ses interlocuteurs de lui indiquer le champ de coton OGM (organisme génétiquement modifié) et la parcelle de coton conventionnel.

Face aux champs qui s’étendaient à perte de vue et la question surprise du chercheur qui tenait désormais en main deux tiges de coton, il s’avérait un peu complexe, voire difficile tout de go d’identifier le coton contenant le gène transgénique au coton conventionnel. Il fallait plutôt jeter son regard vers les champs pour constater une différence entre les deux cotonniers.

Ainsi, la parcelle contenant le coton Bt, ont laissé remarquer des participants, regorgeait plus de capsules et contenait du cotonnier de petite taille tandis que dans celle où a été cultivé le coton conventionnel, on enregistrait la présence de moins de capsules de coton, plus des traces d’attaques de ravageurs sans oublier que les plantes sont d’une grande taille.

Certes, le constat des quelques visiteurs était tout à fait exact, car il existait une grande différence entre les deux champs de coton que le Dr Oula Traoré s’efforcera durant les heures qu’a duré la visite, d’expliquer dans les moindres détails. Il notifiera d’abord que le champ de coton conventionnel a été effectif avant celui du coton transgénique et dans le premier cas, 6 traitements à base de pesticides ont été appliqués afin de lutter contre les ravageurs tandis que dans le second il a fallu deux traitements pour inhiber l’action des piqueurs suceurs car, a-t-il dit, le gène Bt, présent dans le cotonnier transgénique, élimine toutes les chenilles, principaux ravageurs.

Il fera remarquer que le coton OGM présentait une couleur plus blanche que celle du coton conventionnel, avant de préciser que la petite taille du cotonnier Bt s’explique par le fait que celui-ci protégé par les principaux ravageurs arrivent à utiliser toute son énergie disponible pour produire plus de capsules. Ils étaient donc nombreux sur le site de Boni à manifester leur surprise d’abord, mais également leur satisfaction au regard du bon comportement du coton. Nous y reviendrons.

Cyr Payim Ouédraogo

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Ce qu’ils ont dit

Sessouma Amadou, producteur dans le Kénédougou : « J’estime qu’à l’heure où nous sommes, on peut se lancer dans la culture du coton transgénique au vu des résultats de l’expérimentation à Boni. En effet, on vient de constater une nette différence entre le champ de coton Bt avec deux traitements de pesticides et celui du coton conventionnel traité à 6 reprises. Au niveau du coton transgénique, il y a plus de capsules.

En plus, en terme de rendement, on constate que le champ de coton transgénique est de loin le plus prometteur. Au plan économique, il y a aussi des avantages puisqu’au niveau du Bt, on a seulement deux traitements contre six (6) avec le coton conventionnel ; ce qui implique du coup une réduction importante du coût des pesticides.

Maintenant ma préoccupation, c’est d’avoir des semences transgéniques disponibles et à bon prix ».

Dr Claudia Canales, ISAAA/Philippines : « C’est ma première fois de voir du coton cultivé en Afrique et je suis agréablement surprise de constater que le champ de coton Bt a plus produit que celui du coton conventionnel, traité d’ailleurs à 6 reprises. Concernant la disponibilité des semences, je pense que le Burkina Faso est un pays qui sait défendre les intérêts de ses producteurs donc à ce niveau le problème ne devrait pas se poser ».

Dr Oula Traoré, chef du Programme coton de l’INERA : « Nous avons fait l’étude sur le flux du gène depuis 3 ans et il est ressorti qu’au-delà de 15 mètres, il n’y a pas de pollution de variétés transgéniques. C’est déjà une information capitale pour le producteur de coton quant à la distance à observer dans son travail. Nous avons effectué une étude sur la faune auxiliaire, car c’est bien vrai que l’on cible les ravageurs du cotonnier, pour voir si les abeilles n’étaient pas menacées. Les résultats ont montré que la densité des abeilles était plus importante dans les parcelles de coton transgénique.

En plus, des expériences faites par un spécialiste en apiculture ont prouvé qu’il n’y a pas d’effets négatifs du gène Bt sur la population des abeilles. Des études de toxicité ont été également menées sur des rats de laboratoire par rapport à l’utilisation de l’huile ou de tourteaux par l’Institut de recherche en science de la santé (IRSS). Il ne ressort aucune trace de toxicité. La classification au point de vue toxicité est comme l’eau. Je ne pense pas que l’eau puisse tuer.

Néanmoins, nous allons continuer à travailler pour donner le maximum d’informations à tous les acteurs (producteurs, décideurs, société civile, sociétés cotonnières, etc.). Je profite d’ailleurs pour vous dire que nos études ont révélé qu’il n’y a pas une modification de la diversité et de la population des microorganismes au niveau du sol en utilisant le coton Bt ».

C.P.O.

L’Observateur

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