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Jeudi noir à Abidjan : Tout le monde réclame une commission d’enquête

Publié le lundi 5 avril 2004 à 10h49min

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C’est le branle-bas de combat, une dizaine de jours après le jeudi noir à Abidjan qui, selon diverses sources, aurait fait entre 37 et 500 morts. Les casques bleus de l’ONU ont commencé à se déployer hier comme prévu.

La boucherie programmée du 25 mars 2004 n’a donc entamé en rien la volonté des Nations unies. Déjà, le mercredi 31 mars, 35 officiers onusiens avaient foulé le sol ivoirien, certainement au grand dam des Patriotes et autres groupuscules génocidaires.

Hier dimanche, c’est au tour de quelque 1500 hommes de la Mission de la CEDEAO en Côte d’Ivoire (MICECI) de troquer leur béret national pour le béret bleu de l’ONU. A terme, cette opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (ONUCI), - commandée par un Sénégalais, le général de division Abdoulaye Fall - devrait compter 6 240 casques bleus avec le pouvoir de recourir à la force.

Pendant ce temps, les réactions fusent de partout : Les auteurs de ces réactions demandent presque tous, la mise sur pied d’une Commission d’enquête internationale.

L’association le Tocsin pense que la communauté internationale (CEDEAO, UEMOA, France, Union africaine, ONU) porte une lourde responsabilité dans tout ce qui arrive en Côte d’Ivoire. Dans un langage qui pourrait sembler dure pour les non-avertis mais qui sied bien à la gestion catastrophique du pouvoir en Côte d’Ivoire, cette association compare le président Gbagbo à Bokassa, Idi Amin Dada. En somme, tous ceux qui se sont illustrés tristement dans l’exercice du pouvoir étatique. Parlant de Gbagbo, le Tocsin constatera amèrement que ne "succède pas à un grand homme, qui veut".

Le Tocsin demande donc au Burkina de donner l’exemple en rappelant son ambassadeur en Côte d’Ivoire, et en rompant dès aujourd’hui, toute relation diplomatique avec un régime qui a fait et continue de faire le malheur de millions de Burkinabè. Par ailleurs, dans une de leurs déclarations, les membres du Conseil permanent de la Francophonie (CPE) ont adopté une résolution dans laquelle ils considèrent que les exactions actuelles constituent une violation caractérisée des droits de l’homme et des libertés.

Ils souscrivent donc pleinement à la création immédiate d’une Commission internationale d’enquête indépendante, dotée de tous les moyens d’investigation nécessaires. Par ailleurs, invitation est faite aux autorités et acteurs impliqués au plan national en Côte d’Ivoire à se ressaisir, afin de restaurer sans délai un climat de sécurité indispensable à la poursuite du processus de réconciliation.

Georges Bush, où es-tu ?

La déclaration la plus spectaculaire que nous avons reçue émane de l’ONG CONCORDE, qui écrit une lettre ouverte au président des Etats-Unis, Georges Walker Bush. Cette ONG, de la bouche de sa présidente, Mme Bernadette Bony, n’arrive pas à comprendre la réaction démesurée de "l’armée" ivoirienne face à des manifestants aux mains nues, les enlèvements à domicile, les exécutions sommaires et extrajudiciaires et l’implication des milices.

Cette ONG implore donc cette Amérique qui se dit chantre de la liberté et du droit d’ingérence humanitaire à déboulonner Gbagbo. Un déboulonnage à la Saddam Hussein, à la Charles Taylor ou dans la moindre mesure du genre Jean Bertrand Aristide. Espérons que Bush recevra la correspondance. En attendant, pour prouver sa détermination, l’ONG décide de ce qui suit : "Nous entamons sans délai une grève de la faim devant votre représentation diplomatique du Burkina".

Cette expression "sans délai" a fait tilt dans l’esprit de la Rédaction. Nous avons envoyé le dimanche matin un reporter pour vérifier de visu aux abords de l’Ambassade. Point de grévistes de la faim en vue pour le moment. On ne perd rien à attendre.

Déclarations, Commission d’enquête internationale, et autres casques bleus seront-ils une armada suffisante pour résoudre le syndrome ivoirien ? D’autre part, Elimane Diarra, l’actuel Premier ministre, aura-t-il assez de punch et de crédibilité pour faire revenir les marcoussistes sur la table de négociations ? Cela n’est pas certain. Ces questions sont d’autant plus pertinentes quand on a face à soi, un boulanger-pâtissier-consultant expert dans l’art de la roublardise, qui a certainement fait du "Prince" de Machiavel, son livre de chevet.

Synthèse de Issa K. Barry
L’Observateur

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