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Républicains américains : Lâchés par Ben Laden, défaits par les Démocrates

Publié le mercredi 15 novembre 2006 à 07h37min

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Il y a une semaine que les Démocrates américains ont fait main basse sur le Congrès, composé de la Chambre des représentants et du Sénat. Ainsi, après avoir pris des représentants et des sénateurs aux Républicains de George W. Bush, ils ont signé la défaite, le 6 novembre dernier, de ceux qui contrôlaient le pouvoir législatif américain depuis 1994.

Ainsi, c’en est fini du monolithisme à la tête de l’Etat américain que symbolisaient l’exécutif et le législatif tous deux républicains.

Si le fait est que les Républicains ont perdu le contrôle du Congrès, le commentaire est que cette défaite est diversement interprétée et par les Républicains et par les Démocrates et enfin par les observateurs de la scène politique américaine.

Pour les premiers, c’est a priori la politique républicaine de la guerre en Irak qui en est la cause, mais a posteriori (c’est-à-dire à y bien regarder), c’est la faute aux Démocrates qui auraient passé tout le temps à leur mettre les bâtons dans les roues et le tort à une frange de l’opinion américaine, trop pressée de récolter les fruits d’une lutte de longue durée contre l’hydre terroriste islamiste symbolisée par Al Quaeda dont l’Afghanistan, l’Indonésie, l’Irak, etc., semblent être la pouponnière et les foyers incandescents ; même si la démission de Donald Rumsfeld, alors ministre de la Défense dans le gouvernement de G. Bush fils, est la preuve que ces explications tout comme les prétendues armes de destruction massive de Saddam Hussein sont de pures arguties qui ne trompent que ceux qui s’emploient à les développer.

Quant aux seconds, à savoir les Démocrates, c’est l’oraison funèbre de la politique de la Maison-Blanche au pays de S. Hussein qui est à la base de la cuisante déroute des Républicains. Ce qui n’est pas faux lorsque l’on sait que les citoyens américains s’étaient laissés convaincre que l’expédition en Irak serait éclair, propre, profitable démocratiquement aux Irakiens et économiquement rentable pour les Etats-Unis. Malheureusement, s’il est vrai que les grandes et nobles œuvres sont l’aboutissement de grands rêves, tel n’est pas (en tout cas pour l’instant) l’exemple de l’invasion de l’Irak.

Avec près de trois mille (3000) militaires tués et des diz,s d’Irakiens massacrés soit par les forces d’occupation, soit par ce qui tient lieu d’armée irakienne, soit par les milices rivales sunnites et chiites, ce ne sont pas les Démocrates qui le disent ; ce sont les faits qui parlent. Et que dire des scandales collatéraux liés à cette guerre qu’ont été les prisons d’Abou Graïb et de Guantanamo et les transferts secrets de prisonniers par avion. Au plan domestique, les scandales liés aux finances, mœurs et services de renseignements n’ont pas manqué.

S’agissant des derniers que sont les observateurs, aux explications des Démocrates, nombre d’entre eux ajoutent la prise de conscience grandissante des Américains à propos de la nécessité d’avoir une approche multilatérale de la résolution des conflits de par le monde. Autrement dit, il importe de tenir compte de plus en plus des avis des autres pays dans les décisions qui affectent la planète.

La leçon est claire : on est allés en Irak sans l’aval de l’ONU en nous disant que la sécurité de notre pays ne devait pas être tributaire des tribulations de ce panier à crabes intergouvernemental ; aujourd’hui, la menace terroriste réelle ou supposée est toujours omniprésente et, dans bien des cas, elle s’est accentuée ; autant nous retirer ou associer ceux qui avaient été clairvoyants en insistant pour que ce fût l’ONU qui prît la décision d’envahir l’Irak et eût la direction des opérations.

Mais qu’on ne s’y trompe pas : mis à part les habitants des Etats comme la Californie, l’Illinois, le Massachusetts, le New Jersey, New York, Washington, Washington DC, bien peu d’Américains s’intéressent au reste du monde, car ils ne le connaissent pas et ne font généralement rien pour le connaître. Tant et si bien que ce qui les détermine dans leurs choix politiques, c’est essentiellement les questions domestiques. Aussi, la guerre en Irak du fait des morts et de son coût est devenue un problème national.

Le silence assassin d’Ossama Ben Laden, le chef d’Al Quaeda

Contrairement à ses habitudes, le chef d’Al Quaeda aura brillé par son silence pendant la récente campagne électorale américaine. En effet, il était de coutume qu’il donnât de la voix à la veille des échéances électorales au pays de l’Oncle Sam. En tout cas c’est ce qu’il avait fait il y a deux ans à travers une intervention d’une rare violence qui avait grandement contribué à faire basculer bien d’électeurs apeurés dans le camp du candidat républicain à la Maison-Blanche, G. W. Bush.

Ce dernier était jugé, vu la fermeté de son discours vis-à-vis des terroristes, seul capable sinon d’éliminer le terrorisme de la surface de la terre ou au moins de protéger les Etats-Unis (à l’intérieur de leurs frontières nationales et à l’extérieur de celles-ci) du phénomène. Il battait ainsi le Démocrate John Kerry, considéré comme un bon intellectuel, mais pas assez faucon (peut-être parce que bon intellectuel justement) lorsqu’il s’agit de la défense de la sécurité des Etats-Unis et de leurs intérêts dans le monde. J. Kerry et ses partisans ont eu très tôt raison sur leurs concitoyens ; ce qui revient à dire qu’ils avaient tort.

Aujourd’hui, c’est par une ruse que le malin génie de l’histoire venge les Démocrates au détriment des Républicains.

Un des tours de ce malin génie est incarné par le silence de O. B. Laden dont chaque sortie médiatique faisait naître de la sympathie pour Bush de la part des Américains. Est-ce parce que, comme on susurrait, il est vraiment malade ou est-ce parce que, retranché à la frontière entre le Pakistan et l’Afghanistan, les conditions de sécurité ne sont pas suffisamment réunies pour qu’il fasse une sortie médiatique sans mettre en péril sa propre vie ?

En n’ayant rien dit qui, qui sait, aurait pu, au moins aider à limiter les dégâts dans le camp républicain, le chef d’Al Quaeda semble dénoncer l’accord tacite qui le liait au président américain : le laisser assez longtemps en vie pour que, de par ses interventions, il aide à justifier les politiques internationales truffées d’infirmités et d’incohérences du clan Bush. En effet, ils sont de plus en plus nombreux ceux qui sont convaincus que l’administration américaine actuelle n’est pas intéressée par la capture d’O. B. Laden.

‘’George Bush et Cie veulent-ils vraiment de la peau de celui qui porte la signature du « nine eleven » ?’’ Se demandait L’Observateur paalga n° 6722 du 12 septembre 2006 avant de répondre : ‘’La question vaut son pesant d’or, car il n’est pas exclu que cette Amérique puritaine soit capable de tout.’’ En d’autres termes, ‘’...le souhait [NDLR : de certains dirigeants américains] est que le célèbre terroriste se porte toujours comme un charme et qu’il meure, le plus tard possible, de l’insuffisance rénale qu’on lui prête.’’

En attendant, les Démocrates peuvent savourer leur victoire, mais la durée de l’état de grâce dont ils bénéficient sera fonction de la nouvelle politique qu’ils contribueront à élaborer concernant le retrait des Américains d’Irak et face aux coups de boutoir de la mouvance terroriste islamiste.

Certes, la politique extérieure est la chasse gardée du président G. Bush, mais ayant perdu les élections, d’abord du fait de sa politique irakienne jugée mauvaise par l’opinion américaine, il ne pourra que tenir compte des positions de la majorité démocrate au Congrès. Et c’est là le piège, car Démocrates et Républicains vont partager le bilan des deux ans qui restent à G. Bush. Les faux pas de leur part sont d’autant plus interdits que les Républicains pourraient les utiliser contre eux à la prochaine présidentielle.

Z.K

L’Observateur

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