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Produits alimentaires de contrefaçon : Attention à la globalisation assassine !

Publié le mercredi 15 novembre 2006 à 07h32min

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L’ouverture du marché burkinabè soulage la bourse du consommateur tant ce dernier peut acheter à moindre coût et diversifier son choix. Mais il y a le revers de la médaille. Plusieurs produits alimentaires sont toxiques et nuisent à la santé des consommateurs avec la bénédiction des associations de consommateurs.

Le Burkina Faso est un pays enclavé. Cependant, il a une ouverture sur plusieurs ports de pays voisins d’où proviennent des produits de consommation. Ainsi, des centaines de tonnes de produits alimentaires sont déversées sur les marchés au grand bonheur des consommateurs. Ces derniers ont non seulement le choix entre des milliers d’articles mais se réjouissent aussi de leur coût à leur portée.Personne ne se demande comment les commerçants engrangent des bénéfices s’ils déduisent les frais de transport, de douane les taxes municipales, les impôts... Pour les consommateurs, en grande majorité, ce sont les avantages de la globalisation, d’autant plus que cette nouvelle donne soulage leur poche. Alors ils achètent des pâtes dentifrices, des pâtes alimentaires, les jus, les yaourts sans ce soucier de la provenance et des conditions de conservation.

Même les personnes lettrées ne prennent pas le soin de vérifier les dates de péremption des produits. Pourtant tout ce qui brille n’est pas de l’or. Pour cause, ces nombreux produits importés surtout les produits nutritifs : lait, sucre... sont souvent dangereux pour la santé. De 2003 à 2006, ce sont des centaines de tonnes de produits frauduleux qui ont été saisis aux portes du Burkina Faso.

Sur le terrain, des centaines d’autres tonnes de produits de contrefaçon ont été confisqués. Ainsi disponibles, ces produits nocifs aux coins des rues, livrent une sérieuse concurrence aux produits labelisés surtout ceux produits à l’échelle nationale dont l’emballage est facilement imitable.

Pour preuve, en 2003, dix-huit unités de production d’huile ont reçu la visite des inspecteurs à Bobo-Dioulasso et à Ouagadougou. Certaines d’entre elles, vendaient tout simplement leurs huiles dans les bidons d’huiles reconnues.

Malheureusement, quand on se brosse avec de la pâte dentifrice de contrefaçon, on prend son petit déjeuner avec du faux lait et à midi, on avale des pâtes alimentaires nocives... Quand viendra la maladie, il n’est pas évident qu’on puisse avoir le bon médicament contre son mal de ventre...

Les dangers

Les médicaments qui se vendent au coin de rue sont très souvent sans effets actifs. 10% des médicaments à l’échelle mondiale selon l’OMS sont contrefaits. Lorsque les consommateurs ne tombent pas dans le piège des médicaments classiques, ils s’engouffrent dans un autre. Bon nombre de Burkinabè convaincus des vertus des feuilles d’Orient achètent sans ordonnance auprès des « vendeurs à la mallette », des médicaments contre leurs constipation, asthme, conjonctivite.

Il y a des craintes à ce niveau. Ces produits consommés sous automédication ont leurs effets secondaires. Le « deal » des faux médicaments fournit aux trafiquants à travers le monde des fortunes considérables. L’industrie pharmaceutique sur le plan mondial estime l’ensemble de ces préjudices à 5% de son chiffre d’affaire soit 75 milliards de F CFA. Ainsi, les trafiquants dans ce domaine se tapent les bénéfices dans les pays sous-développés. Cependant, lutter contre la contrefaçon n’est pas chose aisée.

Les filières des trafiquants sont performantes. Dans le lot, il y a des puissants. C’est le cas de ce commerçant de Ouagadougou dont la boutique a été scellée en 2005 parce qu’il disposait de produits périmés dont il avait pris le soin de rendre consommables.

Malgré cela, il a été acquitté pour « faute de preuve ». Il a donc réouvert son magasin et continue de se faire des bénéfices. Face à cette situation où certains profitent de la crédulité des consommateurs à la recherche du moindre coût, on s’attendait à une réaction des organisations de consommateurs. Mais au Burkina Faso, la Commission nationale de la consommation et la concurrence est peu connue. Du reste, elle a une faible marge de manouvre sur le terrain.

Elle ne peut être saisie par une tierce personne mais uniquement par les associations de consommateurs. Et c’est là que le bât blesse. Celles-ci sont hélas plus que muettes, préfèrant ne rien voir, pire ne rien savoir. La Coordination nationale de la lutte contre la fraude est quant à elle, réduite à des interventions ponctuelles. Aussi, le consommateur est complice. Une autre préoccupation est de savoir si le consommateur lui même est prêt à accepter le retrait de ces produits alimentaires moins chers ?

Malheureusement, des centaines de produits toxiques continuent d’inonder le marché et des Burkinabè nuisent de plus en plus à leur santé. N’est-ce pas là une preuve du revers de la globalisation ?

Hamadou TOURE

Sidwaya

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