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Déchets plastiques : Pollution à grande échelle à Ziniaré

Publié le lundi 13 novembre 2006 à 07h42min

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Une mission du ministère en charge de l’Environnement s’est rendue à Nakamtenga et à Nabmatanga pour y faire le point sur l’ampleur d’une pollution suite à des dépôts clandestins de matières en plastiques par une entreprise de la place.

Des milliers de sachets blancs disséminés sur plusieurs dizaines d’hectares, du fait du vent. Dans les arbres, dans les fourrés, sur les chaumes des cases... partout, du plastique, (du polyéthylène selon un technicien du ministère de l’Environnement et du Cadre de vie). Ces déchets composés également de cartons, de ferrailles, de fils électriques, d’écrous... ont été déversés dans la nature. La date de l’opération de déversement n’a pas été située avec précision.

Plusieurs sites ont été ainsi pollués. Selon le directeur national adjoint du cadre paramilitaire des Eaux et forêts, le commandant Alassane Guira, on dénombre quatre dépôts sur l’axe Ouagadoguou-Koupéla, un dépôt sur l’axe Ouagadougou-Pô, deux dépôts sur l’axe Ouagadougou-Saponé.

L’information a été donnée aux Eaux et forêts par la population dans la nuit du 9 au 10 novembre 2006. Ce « trafic » selon le commandant Guira, est pratiqué depuis le mois d’août 2006. C’est d’abord sur le site de Nakamtenga que des autorités en charge de l’Environnement et de l’amélioration du Cadre de vie se sont rendues le 10 novembre 2006 accompagnées d’un détachement des Eaux et forêts pour y évaluer l’ampleur de la situation.
Sur place, elles ont rencontré une population en colère face au « désastre ».

Certains habitants disent avoir découvert les déchets à leur réveil. Sur un autre site situé à un km du premier, Salifou Bandé soutient toute autre chose. « J’ai vu le camion passé pendant que je travaillais dans mon champ. Cela ne m’a pas paru suspect car dans la zone, on a l’habitude de voir de gros camions venir ramasser du gravier ou du sable ». Mais cette fois-ci, le camion était là pour autre chose. Plutôt que de ramasser, le camion à déverser des ordures non loin de son enclos. Après avoir commis son forfait, le chauffeur est reparti à vive allure et est resté sourd aux interpellations de Bandé.

A Nakamtinga, les populations ont fini par brûler les déchets afin de préserver leurs animaux. En effet, les chiffres officiels indiquent qu’au Burkina Faso, 30% de mortalité du bétail est due à l’ingestion de matières plastiques : c’est en cela que le fait de jeter ce genre d’ordures dans la nature a été qualifié par les uns et les autres de « sabotage » de la campagne de sensibilisation menée tambour battant par le ministère en charge de l’Environnement contre l’usage de sachets plastiques et pour l’écocitoyenneté.

« les investigations se poursuivront pour en savoir plus sur l’ampleur du phénomène » a indiqué le commandant

Fermeté et répression

Guira. Pour sa part, le directeur général de l’amélioration du Cadre de vie, Badiori Ouattara, annonce des sanctions. « Nous allons appliquer avec rigueur la réglementation en matière de gestion de l’environnement ». M. Ouattara trouve regrettable que malgré tout le tapage fait, de grandes entreprises s’adonnent encore à ces pratiques très néfastes. Pour lui, il faut sévir afin que d’autres personnes physiques ou morales ne soient pas tentées de reproduire ce genre d’actes : « Aujourd’hui, nous parlons de sachets mais ça aurait pu, dit-il, être autre chose ».

Et le directeur général de l’amélioration du Cadre de vie de s’attarder sur le cas en Côte d’Ivoire où des déchets toxiques ont été jetés dans la nature, provoquant ainsi la mort de plusieurs personnes. Quant à l’identité, des pollueurs, les langues ne se sont pas déliées du côté des autorités du ministère présentes sur le site. Elles soutiennent cependant détenir des indices sérieux. M. Ouattara a même indiqué que les responsables de la situation seront convoqués dès ce lundi 13 novembre 2006.

A Nakamtenga, village situé à 6 km après Ziniaré, après le constat et la sensibilisation de la population, on a procédé au ramassage des emballages. Puis, la délégation a mis le cap sur Nabmatanga. Là-bas, sur l’axe Ouagadougou-Pô, non loin du Golf Club, un autre tas constitué des mêmes déchets. Aux alentours, des milliers de sachets emportés par le vent se sont retrouvés prisonniers dans les arbustes et les herbes. En fouillant dans les tas, les journalistes ont eu les réponses aux questions qui étaient restées sans réponses : les déchets plastiques et les cartons ont servi d’emballages de motos et de pièces détachées.

Aussi, sur certains documents retrouvés sur place, on pouvait lire ceci : « KAIZER 110B ». La pollution serait-elle le fait de l’entreprise responsable de cette marque de motos ou de toute autre personne ? Cette question pour l’instant n’a pas trouvé de réponse.

Rabankhi Abou-Bâkr ZIDA

Sidwaya

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