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Embargo des USA contre Cuba : Va-t-on fumer un jour le cigare de la paix ?

Publié le mardi 31 octobre 2006 à 08h29min

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L’embargo est perçu le plus souvent dans un cadre globalisant et macroéconomique. Malheureusement, cette croyance dilue les effets pervers de ce blocus sur la vie du citoyen, qui devrait avoir d’autres chats à fouetter plutôt que d’endosser les conséquences de relations internationales.

Mais il faut qu’il y ait quelqu’un qui trinque et ce sont les nationaux. Pour illustrer notre propos, voici trois situations, apparemment anodines, mais qui sont assez dramatiques dans cette guéguerre entre Cuba et les Etats-Unis.

Des participants à un séminaire international sur le pétrole se rendent au Mexique. Quelques instants après avoir pris leur chambre dans un hôtel, ils se voient intimés par le maître d’hôtel l’ordre de... libérer les lieux. Pourquoi ? Parce qu’une société américaine y est actionnaire et les malheureux clients sont cubains. L’histoire suivante est celle d’un monsieur qui se rend à Western Union pour envoyer un peu d’argent à sa famille restée au pays.

Contre toute attente, il reçoit en plein visage le niet des agents de cette maison internationale, spécialisée dans le transfert rapide de numéraire. Son péché, c’est d’être Cubain. Une mésaventure ! Une autre histoire pour le moins pathétique, c’est celle de cet enfant qui a gagné un concours de peinture et qui est allé en Algérie pour recevoir son prix dans lequel est inclus un appareil photo numérique de marque Nikon, japonaise donc.

Contrairement à ses camarades gagnants, le petit reçoit l’étui, mais sans l’appareil dedans. Il se met à pleurer. Son crime est d’être Cubain et cette privation vient du fait que l’appareil qui lui était destiné contient des composants fabriqués aux Etats-Unis. En somme, des frustrations de tous les jours et voilà plus de cinquante ans que ce genre de situations perdure !

Contrairement à ces quelques faits, que l’on peut qualifier d’anecdotiques, il y en a bien d’autres et de plus généraux et qui font aussi mal. Quelques exemples piochés dans la grande corbeille qui croule sous les différentes sanctions. En vertu du blocus, une société d’un pays tiers n’a pas le droit de vendre à Cuba le moindre produit ou équipement contenant plus de 10% de produits étasuniens ; une société de pays tiers n’a pas le droit de vendre aux USA le moindre produit ou équipement contenant des matières premières cubaines.

Il y a également cette persécution de tout payement en dollars à partir et à destination de Cuba ; l’interdiction d’envois directs d’argent par le biais d’institutions établies dans un pays tiers et le blocus aux crédits alloués par les institutions internationales. Comme cas criard d’injustice de la Banque interaméricaine du développement et de la Banque mondiale qui ont conjointement accordé presque 12 milliards de dollars pour l’exécution de programmes de développement en Amérique latine et dans les Caraïbes : pas un seul dollar n’a été accordé à Cuba. Le comble, c’est que ça se passe au 21e siècle, en pleine mondialisation, dont le principal chantre est l’Oncle Sam.

A écouter l’ambassadeur du pays de Castro au Burkina, Fernando Prats, le blocus appliqué depuis plus de quatre décennies et intensifié ces dernières années a été condamné par l’Assemblée générale des Nations unies à 14 reprises d’affilée, pratiquement à l’unanimité. L’an dernier, 182 Etats, défendant les principes et les normes du droit international, en ont exigé la levée et ont repoussé à nouveau son application extraterritoriale. Il n’y a que quelques Etats qui se sont rangés du côté américain : Israël, les Iles Marshal, la Micronésie et Palau.

D’ailleurs, leur alignement sur l’opinion internationale n’aurait pas changé grand-chose. Au contraire ! Le blocus américain se renforce de jour en jour, en attestent les mesures du plan Bush, plus draconiennes et présentées en grande pompe par le président américain en 2004. Pourtant, pour les deux animateurs du jour, à savoir l’ambassadeur et son 2e secrétaire, Lazaro Polledo, cet embargo n’a que trop duré.

Prions donc avec eux que le projet de résolution portant sur la levée de cette mesure, qui sera présenté par Cuba, sera voté le 8 novembre prochain et que cette décision pourra, cette fois-ci, convaincre son puissant voisin qui, quoi qu’on dise, est un allié commercial naturel. Et l’on pourrait imaginer un scénario dans lequel Fidèle Castro et Georges Bush, assis côte à côte, fument le cigare de la paix.

L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 31 octobre 2006 à 15:16, par Greg En réponse à : > Embargo des USA contre Cuba : Va-t-on fumer un jour le cigare de la paix ?

    Un autre petit exemple de l’effet de l’embargo :
    Une amie cubaine vivant et travaillant en Suisse depuis 7 années, s’est vu refusé l’ouverture d’un compte bancaire dans une des plus grande banque suisse(CREDIT SUISSE), sous prétexte qu’elle était de nationalité cubaine.

    Slts

    Greg

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