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L. Gbagbo : « Dans ce pays, des gens ne comprennent pas que nous menons une véritable révolution »

Publié le mercredi 31 mars 2004 à 07h21min

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ALORS que la France condamne les « très graves incidents » en Côte d’Ivoire, on ne connaît toujours pas le bilan exact des victimes des manifestations des 25 et 26 mars à Abidjan. Le président Gbagbo, qui reste contesté par les partis d’opposition et les ex-rebelles, demande des enquêtes.

Il y aurait, après la marche interdite de la semaine dernière, entre 300 et 500 morts selon l’opposition, et 200 selon le Mouvement ivoirien des droits de l’homme. La police s’en tient, elle, à un bilan de moins de 40 tués. Qui dit la vérité ?

Laurent Gbagbo.

Le bilan de la police est inattaquable. Il y a eu exactement 37 morts, dont 25 le jour de la manifestation et les autres le lendemain. Certains ont été tués par des armes de guerre. D’autres sont tombés sous des tirs de calibre 12, des fusils utilisés par les chasseurs traditionnels dozos. Beaucoup sont morts par arme blanche. C’est le cas des deux policiers tués. Enfin, il y a un nombre important de victimes des batailles rangées à coups de gourdin entre les habitants du quartier, qui réagissaient à la mort des deux policiers, et les assaillants.
La situation est suffisamment dramatique pour ne pas y ajouter des chiffres irresponsables.

L’opposition vous accuse d’avoir envoyé l’armée contre les manifestants ?

C’est faux. C’était une opération menée par la police avec l’aide de la gendarmerie et non une opération de guerre. L’armée a été seulement utilisée pour la surveillance aérienne et navale d’Abidjan puisque la police ne dispose ni d’avions ni de bateaux.

Etes-vous prêt à faire toute la lumière sur ces graves incidents ?

J’ai demandé que le procureur de la République traduise devant les tribunaux tous les responsables. Je rappelle que toutes les manifestations sont interdites depuis le 11 mars par un décret pris en Conseil des ministres. J’ai demandé une commission d’enquête parlementaire. J’ai aussi écrit au secrétaire général des Nations unies pour qu’il crée une commission d’enquête internationale. Je veux qu’on cesse de raconter n’importe quoi.

Vous aviez donné rendez-vous lundi aux partis d’opposition qui ont quitté le gouvernement. Ils ne sont pas venus ?

Je les attends toujours. Et je les attendrai encore. Dans ce pays, des gens ne comprennent pas que nous menons une véritable révolution. Nous sortons de l’ère des pères fondateurs de la Côte d’Ivoire. Cela ne se fait pas en dansant et en chantant.
Une grande partie de la population a moins de 30 ans. Elle ne veut plus de la Côte d’Ivoire de ses grands-parents ! Elle a de nouvelles exigences. Il faut lui donner du travail, lui procurer l’éducation et la connaissance.

Ceux qui ne sont pas venus à mon rendez-vous sont en retard. Ils réfléchissent comme s’il y avait toujours un gâteau à partager, comme au bon vieux temps. Ils n’ont rien compris. J’attendrai le temps nécessaire pour qu’ils comprennent.
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Etes-vous décidé à appliquer les accords de Marcoussis ?

Mais je suis le seul à les appliquer aujourd’hui ! Toutes les décisions issues des accords de Marcoussis ont été discutées en Conseil des ministres. Tous les décrets ont été signés. Toutes les lois ont été votées sauf trois. Dans deux cas, les lois n’ont pas été présentées parce que les ministres concernés ne sont pas à leur poste et ne sont pas là pour faire les textes. Nous avons donc fait notre devoir.

Avez-vous eu des contacts avec les autorités françaises ces derniers jours ?

C’est avec les chefs de l’opposition ivoirienne que je cherche à avoir des contacts pour qu’ils arrêtent d’envoyer les gens au casse-pipe. Je crois d’autre part que, ces derniers jours, les autorités françaises avaient d’autres chats à fouetter. La Côte d’Ivoire n’était pas leur première préoccupation.

Propos recueillis par Philippe Duval
Le Parisien , mercredi 31 mars 2004

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