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Postes ministériels : Quelle adéquation entre le profil et l’efficacité ?

Publié le samedi 21 octobre 2006 à 10h17min

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"Ministre : membre du gouvernement d’un Etat à la tête d’un département ministériel". Bien vague, cette définition de la fonction de ministre par Le petit Larousse, qui montre son caractère d’abord politique.

Même s’il ne s’agit pas d’un bazar où l’on entre et sort sans condition spéciale, le poste de ministre semble donc à priori ouvert à toutes les compétences, la principale exigence, notamment sous nos cieux, étant d’exécuter sans broncher et sans faillir la feuille de route définie par les patrons, à savoir le Premier ministre et le chef de l’Etat.

C’est connu, en Afrique, un ministre ça ferme la gueule sans jamais démissionner, contrairement à la célèbre boutade de Jean-Pierre Chevènement, ancien ministre français de l’Intérieur. Mais là n’est pas le problème. Peu importe qu’un individu s’accroche à un strapontin (ce qui est tout à fait compréhensible étant donné les avantages qu’on en tire). La question est de savoir s’il fait bien son travail à travers une gestion efficiente de son département pour tirer l’action gouvernementale vers le haut.

Face aux contre-performances de certains ministres et aux réussites d’autres, on est en droit de se demander qui nommer à la tête de quel ministère. Il n’y a pas d’école pour être ministre. Ce n’est pas non plus une affaire de corporation : il n’est pas écrit ni prouvé que c’est forcément un militaire, un diplomate, un médecin, un journaliste ou un ingénieur qui est le plus apte respectivement aux ministères de la Défense, des Affaires étrangères, de la Santé, de l’Information ou de l’Agriculture.

En dehors du ministère des Finances qui requiert des connaissances en économie, on peut dire, sans risque de se tromper, que la plupart des autres ministères font plus appel à d’autres qualités qu’au profil seul.

Un ministre est d’abord une personnalité nantie de la confiance du chef de l’Etat pour conduire et mettre en oeuvre, dans un secteur spécifique, son programme de développement. Honnêteté, rigueur, conviction, humilité, sens du devoir, grande capacité d’écoute et d’anticipation sont les principales qualités pour diriger un ministère.

Le profil professionnel pour occuper un maroquin, même s’il est important, n’est pas pour autant déterminant. Au contraire, on peut être piégé par sa formation. Imaginons qu’un militaire soit nommé comme ministre de la Défense. La discipline, force essentielle de l’armée, s’exprimera certainement à l’endroit du ministre.

Seulement en apparence. On le respectera comme il se doit mais il n’est pas certain que le ministre ne devienne pas otage des rivalités qui ne manquent pas de se faire jour entre les corps. En tant que militaire, provenant d’un corps précis, il lui sera difficile d’être au-dessus de la mêlée pour exercer ses fonctions en toute impartialité.

Guerre des écoles, favoritisme déguisé, laxisme vis-à-vis des protégés sont entre autres, des maux qui pourraient paralyser le ministre et compromettre l’application de la lettre de mission qui lui a été confiée.

Quand un membre du gouvernement n’est pas du milieu, il a par contre la capacité de prendre du recul dans ses décisions en se mettant au-dessus des clans. Le monde du sport a très tôt compris l’influence négative que peut avoir l’entourage. Les fédérations de football en Afrique sont de grandes partisanes de cette formule du parachutage en recrutant des entraîneurs étrangers. Ceux-ci sont à même d’analyser avec froideur les situations qui se présenteraient et qui pourraient être embarrassantes pour un national. Car, en général, les entraîneurs locaux tombent vite dans le piège des luttes d’intérêt entre joueurs, dirigeants sportifs, gouvernants et supporters.

La réussite du membre du gouvernement, au-delà de ses compétences intrinsèques, dépend en grande partie du climat de travail qu’il instaure avec ses collaborateurs ou agents. Spécialiste des dossiers de son département ou pas, un ministre aura plus de chance de succès s’il a un grand respect pour les opinions de ses collaborateurs, surtout si elles sont critiques. Mais il n’est pas rare de voir des ministres humilier leurs conseillers en les négligeant royalement dans la prise de certaines décisions. Naturellement, en cas de couac, il devraient être les seuls à en assumer la pleine responsabilité. Or l’Afrique est ce qu’elle est : aucun ministre n’accepte facilement de reconnaître ses erreurs, synonyme de limogeage au prochain remaniement.

Il faut donc briser le mythe du ministre dont la condition de succès est qu’il soit bardé de diplômes. Sous nos cieux, nombre d’exemples illustrent bien le fait qu’un ministre est d’abord un homme d’action qui ose bousculer les tabous néfastes pour faire avancer la cause nationale.

"Le Fou"

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 22 octobre 2006 à 20:40 En réponse à : > Postes ministériels : Quelle adéquation entre le profil et l’efficacité ?

    A Monsieur Le "fou", je précise que s’il y avait un examen ou un concours pour être ministre, je serai personnellement l’un des correcteurs des copies des futurs récipiendaires, sans prétention aucune . Je retiens, néanmoins, la dernière phrase de votre réflexion. Le ministre, c’est celui qui sait "bousculer les tabous" en étant un homme d’action, de terrain... A cette condition, j’accepterai volontiers d’être "ministre" à condition de bouster les carcans habituels aux seules fins de faire prospérer le bien-être du pays tout entier à travers le département concerné. Pour ma part, j’aimerais être ministre des infrastructures et des transports pour changer la face de Ouagadougou et des axes routiers du Burkina. Au fait, pour être concret, l’autoroute entre Ouaga et Bobo est-elle en chantier ? N’oublions pas qu’il s’agit d’une promesse issue du programme quinquennal du Président COMPAORE ; il en est de même du chemin de voie ferrée entre Ouaga et Accra. Wait and see !!! Ange TAMPSOBA, France.

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