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BICIA-B : Le personnel inquiet

Publié le samedi 21 octobre 2006 à 11h00min

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Siège de la BICIAB à Ouaga

Dans cette lettre ouverte à Jean Pierre Bajon-Arnal, DG de la BICIA-B, les délégués du personnel expriment les inquiétudes des travailleurs sur une situation observée au niveau de la banque.

"Monsieur,

Nous venons par la présente vous faire part de nos observations relatives aux récents événements provoqués par votre refus direct de prendre en compte les préoccupations du personnel (vos collaborateurs) sur la vie de l’institution.

Depuis mai 2004, le personnel s’est inquiété sur vos différents projets qui touchent directement à la vie de la BICIA-B au Burkina :

- Délocalisation de tout le système informatique central de la BICIA-B sur Paris ;

- Centralisation marquée des opérations sur le siège à Ouaga

sans des mesures d’accompagnement en effectifs ;

- Vente programmée des propriétés immobilières de la banque et leur remplacement par des bâtiments financés par la banque à des tiers.

Interpellé à plusieurs reprises sur le sujet, vous n’avez trouvé d’autres réponses à ce jour que celles d’accuser le personnel de prétendre co-gérer la banque, prérogative que vous dites être seul à assumer.

Que dites-vous alors du rôle des partenaires sociaux ?

Pourquoi avoir délocalisé le système informatique ?

Aujourd’hui, nous connaissons des incidents intempestifs. Chaque fois, il faut se référer à Paris pour leurs résolutions.

Donnez-nous aujourd’hui le gain de temps, le gain économique et le positionnement stratégique que cette délocalisation a apporté à la BICIA-B.

Car, le personnel estime a contrario que la délocalisation entraîne une perte de temps, fait supporter à la banque un coût de maintenance et de production très élevés, transforme nos informaticiens locaux en informateurs d’incidents à remonter chaque fois à Paris.

Concernant la centralisation du traitement de certaines opérations sur Ouaga principalement, nous notons :

1) Que cela se fait sans réajustement des effectifs des services centralisateurs, entraînant une surcharge de travail avec pour corollaire la fragilisation de la santé des travailleurs.

2) Les délais de traitement de certains dossiers s’en trouvent

ainsi dégradés (ex : crédits aux particuliers, virements, etc.). S’agissant de ventes programmées de nos propriétés immobilières, pouvez-vous nous dire ce qui les justifie aujourd’hui ?

Puisque vous avez vous-même affirmé lors de votre discours de fin d’année 2005 que la banque était rentable, et, pour une fois, nous sommes d’avis avec vous.

Quant à la vente précipitée de l’agence Prestige que vous tenez tant à conclure avant de rejoindre votre nouveau poste, nous souhaiterions connaître vos réelles motivations.

Le personnel, soucieux de l’avenir de sa maison et mobilisé comme un seul homme, a tenu à vous marquer son désaccord total pour cet acte de bradage de son patrimoine durement constitué par des bas salaires de 1973 à 2000.

Le personnel se souvient encore, comme hier, de la phrase lancée par le DG de BICI Gabon en 1999 à monsieur HO, DG de l’époque : « Vous faites des bénéfices exceptionnels parce que vous versez des salaires de perdiem à vos agents. » Entendez par perdiem, des salaires de misère.

Le personnel pensait qu’après l’arrêt de travail d’une heure observé le vendredi 22/09/2006, vous alliez vous mettre à l’écoute de vos collaborateurs en vu de rétablir un climat serein et empreint de dialogue. Au lieu de cela, vous avez préféré susciter l’émission Midi Magazine de la télévision nationale du samedi 14/10/2006.

Vous persistez vouloir vendre, contre vents et marrées, l’agence Prestige, comme s’il s’agissait d’un bien privé à bazarder avant votre départ, tout en avançant d’autres raisons que celles qui ont prévalu jusqu’à ce jour.

Vous mettez en cause les compétences de vos collaborateurs en qui vous avez mis votre confiance pour diriger l’agence depuis votre arrivée.

Du coup, les raisons traditionnellement évoquées par vous : non-rentabilité, amortissement partiel du coût des nouveaux investissements, conformité fiscale, etc., deviennent caduques.

Dites-nous, en fin de compte, où vous voulez en venir.

Le personnel, une fois de plus, et de façon formelle, marque son refus de « squatter » ou d’être réduit en locataire dans des terrains que la banque a elle-même financés au profit de nouveaux bailleurs sous forme de crédit (cas de l’agence de Koudougou, Gounghin, bientôt agence Ouaga 2000, avenue Charles De Gaule, Banfora, etc.).

Nous ne doutons pas de vos capacités managériales mais, souffrez que l’on vous souffle un peu que le déploiement stratégique de la BICIA-B n’a pas besoin de passer par le rasoir des ventes immobilières tous azimuts.

Notre patrimoine est un acquis que nous comptons conserver, et aucun argument aujourd’hui ne nous convainc de la justesse et du bien-fondé d’une telle décision.

Ceci nous oblige à cogérer temporairement notre maison commune, car notre avenir en dépend.

De toute évidence, tous ces projets entraînent des déploiements et des redéploiements du personnel qui traduisent une compression en douce et qui ne dit pas son nom.

Est-ce là une stratégie d’anticipation du « risque pays » ?

Voulez-vous réduire la BICIA du Burkina à un simple guichet de BNPPARIBAS ?

Nous nous attendions à ce que vous laissiez comme meilleur héritage à votre successeur un climat serein et convivial pour un dialogue continu, au lieu de saper l’ambiance générale par une sortie télévisuelle.

Nous espérons que toute personne avisée se mettra en marge du programme de bradage de l’immobilier chèrement acquis par les travailleurs de la BICIA¬.

« Ensemble construisons l’avenir »

Les délégués du personnel

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Vos commentaires

  • Le 22 octobre 2006 à 18:22, par frank En réponse à : > BICIA-B : Le personnel inquiet

    les clients aussi !!!

    ça donne des envies de changer de banque !!!

  • Le 23 octobre 2006 à 09:10, par Sidbala En réponse à : > BICIA-B : Le personnel inquiet

    Tiens ! Moi qui pensais ouvrir un compte a la BICIA-B.
    Il est plutot sage d’aller voir du cote de la concurrence !

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