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Crise ivoirienne : Pouvait-il en être autrement ?

Publié le vendredi 20 octobre 2006 à 07h42min

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Sans être tendancieuse, cette question, que se posent bon nombre de personnes permet de mesurer le degré d’impasse qui caractérise le processus de paix au pays de la lagune Ebrié. Plus que jamais après l’échec de la tenue des élections dont la présidentielle avant le 30 octobre prochain, ce dossier apparaît comme une grosse énigme. Face à cette situation, que peut la CEDEAO contre un pouvoir capable de tout pour conserver le pouvoir ?

Quand ils vont prendre la décision, il ne faut pas qu’ils oublient des milliers de ressortissants ici. Que chacun pense à ses ressortissants qui sont en Côte d’Ivoire avant de parler. Ils doivent remuer la langue sept fois avant de parler. Il faut qu’ils acceptent d’aller dans la voie que nous proposons, qu’ils n’évoquent même pas les questions de pouvoirs et de constitution de la République de Côte d’Ivoire. Mais, qu’ils disent qu’ils faut désarmer les rebelles, parce que la rébellion a été condamnée ". Une déclaration de Pascal Affi N’Guessan président du Front populaire ivoirien ( FPI, le Parti du président Laurent Gbagbo) avant la tenue du sommet des chefs d’Etats de la CEDEAO à Abuja au Nigeria en vue de trouver des solutions à la crise. Ces paroles sont des mises en garde que le numéro un du Front populaire ivoirien adressait aux chefs d’Etat en faisant planer des menaces sur les ressortissants des pays membres de la CEDEAO en Côte d’Ivoire au cas où l’institution sous-régionale prendrait des mesures à l’encontre du pouvoir de Gbagbo.

Ce genre de comportement n’étonne pas les observateurs de la scène politique ivoirienne. Intimider, provoquer pour contraindre les chefs d’Etat à épouser les désirs et les desideratas du parti au pouvoir. C’est la stratégie adoptée par Affi N’Guessan.

Désarmement pour Gbagbo, Premier ministre au pouvoir élargi pour la rébellion

Au sommet d’Abuja Laurent Gbagbo n’a pas marchandé son pouvoir. Pour lui, il n’est pas question de céder son pouvoir à quelqu’un d’autre. Alors, le président ivoirien fixe comme préalable à la pacification de son pays, le désarmement des rebelles. Il a ainsi remis en cause les accords de Marcoussis et tout ce qui a suivi de nature à légitimer l’action des Forces nouvelles. Laurent Gbagbo est allé plus loin en s’opposant radicalement à tout changement de médiateur, si Thabo Mbéki était dessaisi du dossier. Il indique qu’il remettrait en cause l’éligibilité d’office des signataires des accords de Pretoria à l’élection présidentielle. Pour lui, la solution de la crise passe par le départ de la Force française de l’opération Licorne, la suppression de la zone de confiance et le maintien du médiateur Thabo M’Béki.

De leur côté, les ex-rebelles des Forces nouvelles persistent dans leur position d’une transition sans le président Gbagbo, mais confiée à un Premier ministre investi des pouvoirs exécutifs et secondé par deux vice-premiers ministres, l’un issu de leurs rangs et l’autre du parti de Laurent Gbagbo. Selon des sources proches de la rencontre, les chefs d’Etat de la CEDEAO n’ont pas suivi le président Laurent Gbagbo. Ils ont souhaité le renforcement des prérogatives du Premier ministre pour diriger une période de transition et organiser des élections. Alors que le président ivoirien avait annoncé pour les jours à venir, un nouveau gouvernement avec à sa tête, un nouveau Premier ministre.

Encore un an pour Gbagbo

Quatre jours après le sommet, on apprend que les chefs d’Etat ont recommandé le prolongement du mandat du président Gbagbo de 12 mois avec le renforcement des pouvoirs du Premier ministre, la restructuration de l’armée, le désarmement des milices, l’établissement de nouvelles listes électorales fiables après une identification complète des populations, l’organisation d’élections générales ouvertes à tous.

Les ex-rebelles ne sont pas passés par quatre chemins pour rejeter cette proposition. Ils persistent à rejeter le maintien de Gbagbo à la tête de la Côte d’Ivoire. Cette solution prise par la CEDEAO donne raison à Affi N’Guessan.

Ces intimidations ont porté des fruits puisque les décisions prises ne vont pas à l’encontre du pouvoir. Les chefs d’Etat ont-ils renoué avec Gbagbo ? Ce qui est sûr, les chefs d’Etat étaient conscients que les propositions apportées étaient loin d’être une véritable solution pour une sortie de la crise.

On ne nous fera pas croire le contraire. La crise en Côte d’Ivoire comme une plaie dans la peau fatigue l’ensemble de l’organisme de la sous - région. A chaque fois on croit en guérir alors qu’en réalité elle prend de l’ampleur. Pour l’heure le climat politique semble se dégrader, laissant entrevoir une situation explosive à l’état latent.

A la lecture des différentes prises de positions, le sentiment de rejet et d’affrontement parait patent.

On comprend pourquoi certains chefs d’Etat comme Abdoulaye Wade, Blaise Compaoré et Olusegun Obasanjo n’ont pas terminé le sommet. Nous ne sommes pas dans le secret des dieux mais peut-être que ces décisions y sont pour quelque chose.

Il reste le tour de l’Union africaine de se réunir les 16 et 17 octobre à Addis-Abeba en Ethiopie, les recommandations adoptées par l’UA lors de ces assises seront examinées par le Conseil de sécurité de l’ONU lors d’une réunion à New-York à la fin du mois.

Que Dieu vienne en aide à la Côte d’Ivoire !

Kibsa KARIM

L’Hebdo

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