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Cascade de condamnations contre les "exactions" et "exécutions" à Abidjan

Publié le mardi 30 mars 2004 à 16h21min

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"Rafles", "exactions", "exécutions sommaires" : les réactions se sont multipliées lundi en Côte d’Ivoire et à l’étranger pour dénoncer les violences meurtrières déclenchées le 25 mars à Abidjan par des heurts entre militants d’opposition et forces de l’ordre.
En dépit d’un nouvel appel à manifester ce lundi, Abidjan est resté calme et aucun incident n’a été signalé, les opposants ayant apparemment été dissuadés de revenir dans les rues après ce "jeudi sanglant".

Selon un bilan publié lundi par le Mouvement ivoirien des droits de l’Homme (MIDH), "les investigations sur le terrain ainsi que les témoignages recoupés de plusieurs ONG ivoiriennes permettent de chiffrer le nombre de victimes à plus de 600, dont 200 personnes tuées par balles".

Pour le directeur de la police, les heurts ont fait 37 morts pour les journées du 25 et 26 mars, un chiffre jugé "en-deçà de la réalité et proprement insultant pour les familles des victimes" par le président du MIDH, Amourlaye Touré.

L’ex-président Henri Konan Bédié, dont le PDCI (ancien parti unique) avait appelé aux côtés d’autres partis d’opposition à une "marche pacifique" le 25 mars en dépit d’un décret présidentiel interdisant toute manifestation jusqu’au 30 avril, a quant à lui affirmé que 350 à 500 civils avaient été tués.

Mais au-delà de cette bataille des chiffres, M. Touré a également fait état de "rafles massives, d’enlèvements, d’exécutions sommaires, de destructions massives, de tortures de rackets", qui sont selon lui "le fait essentiellement des forces de défense et de sécurité parfois appuyés par des civils armés".

Avant lui, le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, Abdou Diouf, avait exprimé "sa très sérieuse préoccupation concernant les informations relatives à l’implication dans ces exactions d’éléments civils irrégulièrement armés aux côtés des forces de défense et de sécurité".

Et l’ancien président sénégalais de dénoncer une "violation caractérisée des droits de l’Homme et des libertés".

Dimanche soir, le Premier ministre "de réconciliation" Seydou Diarra est sorti de son silence pour dénoncer lui aussi la présence lors des violences d’"organisations informelles parallèles" qui "ne peuvent être tolérées", sans porter d’accusations plus précises.

Mais le principal opposant ivoirien et ancien Premier ministre Alassane Ouattara, a quant à lui directement pointé du doigt des "miliciens bien connus qui reçoivent des armes et s’attaquent aux populations, aidés par un certain nombre de militaires".

"Nous sommes face à une situation de dictature naissante, avec des groupes armés qui peuvent faire ce qu’ils veulent, un peu comme en Haïti", a affirmé le président du Rassemblement des républicains (RDR), en exil en France, dans un entretien avec la chaîne de télévision française LCI.

"Les forces françaises de Licorne et africaines sont sur place et voient ce qui se passe. Nous estimons qu’il y a un devoir d’assistance à personnes en danger", a conclu M. Ouattara, rappelant que le mandat onusien sous lequel les ces forces internationales sont placées prévoit leur "intervention en cas de danger immédiat" pour les populations civiles.

Le ministre ivoirien de la Sécurité, Martin Bléou, a qualifié lundi matin de "rumeurs" ces informations sur des exactions, indiquant que, "selon ses informations", 205 personnes avaient été régulièrement interpellées par la police dont 172 avaient déjà été relâchées.

M. Bléou a invité les partis d’opposition à communiquer à son ministère la liste de leurs militants présumés "raflés" ou morts.

Le président ivoirien Laurent Gbagbo a quant à lui demandé l’ouverture d’une enquête judiciaire et la création de commissions d’enquête parlementaire et internationale sur ces violences.

Le président Gbagbo avait invité ses opposants à revenir travailler au sein du gouvernement de "réconciliation nationale" et à lui exposer leurs "griefs" lundi après-midi au palais présidentiel, mais ceux-ci ont boudé son offre, comme ils l’avaient annoncé.

AFP

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